Mendicité, McDonald’s, Saint Martin : compte-rendu du conseil municipal du 12 septembre

Le conseil municipal de Tours a fait sa rentrée le 12 septembre. Compte-rendu subjectif et non-exhautif mais quand même étoffé de cette longue séance.

C’est la rentrée, on reprend les bonnes habitudes, et on attend avec impatience le début du conseil municipal de Tours. A priori, rien de très excitant à l’ordre du jour, mais on est jamais à l’abri d’une bonne surprise en séance. Et puis, y a pas mal de choses à dire sur l’actualité municipale : le bide relatif des festivités martiniennes, les critiques vis-à-vis du projet d’extension du musée des Beaux-Arts, l’installation d’un McDonald’s dans le Vieux Tours, les dépenses engagées par la mairie pour la course organisée par La NR, etc. Tous les sujets ne sont pas traités — c’est horriblement long ces conseils —, si vous en voulez plus vous pouvez aller regarder la vidéo sur le site de la mairie.


La séance démarre à 17h10. Le maire salue la présence de deux jeunes ambassadeurs de Takamatsu, la ville japonaise jumelée avec Tours. Les pauvres, ils risquent de s’emmerder sec s’ils ont prévu de rester pendant toute la durée du conseil – même les « jeunes » du parti Les Républicains restent rarement jusqu’au bout.

Moins de dix secondes de conseil municipal, et le maire est déjà de mauvaise humeur

On passe à l’installation de deux nouveaux conseillers municipaux. A la place d’Isabelle Garabé, démissionnaire de la majorité, c’est Claudine Buannic, suivante sur la liste du maire, qui est nommée. Pour le FN, René Sautreau remplace O’Connell, également démissionnaire — mais lui personne ne l’applaudit.

Le maire désigne des représentants de la ville au sein de diverses commissions et conseils. Olivier Lebreton est désigné pour siéger au sein du conseil d’évaluation de la maison d’arrêt de Tours. Vu sa hauteur de vue en matière de délinquance, ça laisse présager le pire.

Rapports d’activités et rapports des sociétés d’économie mixte délégataire de service public – Année 2015 – SAEM Tours Événements – SAEM de gestion du marché de gros – SAEM des pompes funèbres intercommunales

Christophe Bouchet donne lecture du rapport relatif à la SAEM Tours Événements – qui gère le Vinci et le Parc des Expositions. Le parc des expos ramène un résultat de 314 000 euros en 2015, avec un chiffre d’affaires en hausse, aux alentours de 7 millions. Le bénéfice net de la SAEM est quand même en baisse, de 805 000 euros à 650 000 euros, parce que la subvention de la mairie a largement baissé (de 1,8 à 1,5 millions d’euros). « C’est un excellent résultat de la société », estime Bouchet.

Brigitte Garanger-Rousseau présente le rapport pour les pompes funèbres intercommunales. Les crémations sont en augmentation.

Cécile Ballesteros s’est éclipsée – apparemment, elle est partie assister à une réunion relative à la Cité de la gastronomie –, alors qu’elle doit présenter le rapport sur la gestion du marché de gros. Elle ne reviendra que quatre heures plus tard, pour présenter son rapport en 15 secondes.

Emmanuel Denis (EELV) en profite pour revenir sur le rapport concernant Tours Événements, et sur le circuit accueillant les courses de Nascar. L’année dernière, la course Nascar a accusé un déficit de 100 000 euros ; cette année, d’après Denis, il n’y avait pas foule, et il demande le résultat de l’édition 2016. Il évoque ensuite les possibilités d’évolution du marché de gros.

Bouchet répond qu’il n’a pas les chiffres, mais assure qu’il les communiquera dès que possible. Apparemment Denis Schwok, le patron de Tours Événements, est en vacances. Pour retrouver le portrait de ce merveilleux personnage et l’historique du projet Nascar, cliquez ici.

Rapport des organismes délégataires de service public – Année 2015 – EFFIPARC Centre – Société de chauffage des bords du Cher

C’est Massot, l’adjoint aux transports, qui s’y colle. Y a eu un changement de marque des parkings Vinci, devenus « Indigo » avec l’arrivée d’un nouvel actionnaire. Le contrat pour le parking de la place Anatole France court jusqu’en 2038. Pour ce parking, la fréquentation horaire est en hausse, ainsi que la recette globale (+12 %), mais le résultat est déficitaire, en raison d’un faible taux de remplissage. Massot détaille la fréquentation et les recettes de chaque parking. Y a une coupure du live, quand ça revient Droineau présente le rapport concernant la société de chauffage des bords du Cher. Il évoque la création d’un organe de concertation pour l’information des abonnés au service.

Pierre Commandeur (groupe Tours 2020) évoque la démarche de piétonnisation du centre-ville engagée par la mairie. Cette politique (pourtant discrète) provoquerait des problèmes de circulation (automobile) en ville, et Commandeur propose donc la mise en place d’une « signalétique dynamique » indiquant le nombre de places disponibles dans chaque parking – ce qui pourrait profiter aux entreprises délégataires, précise Commandeur.

Massot répond qu’un tel projet de signalétique est à l’étude. Sans l’entretien, ça coûterait entre 250 000 et 300 000 euros, et la mairie n’arrive pas à se mettre d’accord avec le délégataire concernant le financement de cet investissement.

Maupuy (groupe Tours 2020) évoque des problèmes avec la société de chauffage des bords du Cher. Les usagers seraient mécontents, il y aurait eu des cas de légionellose et de nouveaux travaux à financer.

Emmanuel Denis estime qu’il serait intéressant d’étudier des pistes pour améliorer le taux de remplissage des parkings. Massot indique qu’il ne dispose pas d’indicateurs précis sur le remplissage des parkings, et renvoie vers son blog [1] pour des informations sur la situation dans d’autres villes de la même taille.

Les fauteuils ont l’air plutôt confortables

Texier (PCF) fait observer que ça fait cinq ans qu’une signalétique dynamique est réclamée, et qu’il serait temps que le délégataire s’y mette. Il note aussi que le délégataire prévoit une baisse de 7 % de ses frais de personnel, sans qu’il soit indiqué s’il s’agit d’emplois en moins, et rappelle que le groupe Vinci bénéficie de fortes sommes au titre du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Massot répond qu’il n’a pas eu le temps de demander des explications à Indigo sur ce point. Babary déclare qu’« il faut faire preuve de vigilance vis-à-vis de ces groupes ». On frôle le gauchisme.

Godefroy (FN) tente de crédibiliser les tentatives de son parti de se positionner sur le terrain de l’écologie [2], en s’inquiétant des rejets atmosphériques de la société de chauffage des bords du Cher. Il suggère ensuite de faire un geste en direction des commerçants du centre ville, en leur proposant des tarifs de stationnement préférentiels « pour faire venir leurs chalands ». Il estime que le centre ville se vide, et demande donc que les bénéfices des parkings soient partagés avec les commerçants : « Après tout, on est dans la ville de Saint Martin, on peut bien partager les bénéfices ». Le Front National de Tours tient fermement sa ligne poujadiste de défense des petits commerçants.

Babary répond que les clients bénéficient déjà de facilités de parking, dans le cadre de relations directes avec les commerçants. Puis il conteste l’affirmation selon laquelle le centre ville se viderait. « Ce n’est quand même pas ce que nous pouvons constater (…). Personne ne peut dire que le centre ville se vide et n’est plus attractif ». Pourtant c’est aussi ce que dit le groupe Tours 2020 dans sa tribune du magazine municipal de septembre-octobre :

« En cette rentrée 2016, nous nous inquiétons du manque de dynamisme économique de notre ville. Le nombre de locaux commerciaux à louer a considérablement augmenté ces derniers mois, il suffit de se promener dans les différents secteurs de la ville pour le constater. »

Massot évoque une étude selon laquelle les commerçants feraient mieux de privilégier leurs clients qui viennent à vélo plutôt que de se battre pour des places de stationnement automobile, vu que les clients à vélo consomment davantage. Plus globalement, au cours de cet échange, il fait l’éloge du vélo et de la marche à pied. C’est très bien, mais ça serait plus cohérent si la ville arrêtait d’accueillir des shows de motos ou des courses de Nascar.

Activités des entreprises publiques locales dont la ville de Tours est actionnaire — Rapports sur l’activité de l’année 2015 — SEM Maryse Bastié — SEMIVIT — SEMITRAT — Société d’équipement de la Touraine — SPL Val de Loire Tourisme

On a droit à une présentation des activités de la SET, de la SEMIVIT, de la SEM Maryse Bastié, et de la SEMITRAT – qui a été liquidée suite à l’évolution des compétences transport au sein de l’agglo.

Bouchet revient sur l’activité de la SPL Tours Val de Loire Tourisme. Un audit stratégique a été lancé. La SPL a trois axes stratégiques :

  • conforter Tours et son agglo comme porte d’entrée du Val de Loire ;
  • installer l’agglo de Tours comme une destination de courts séjours urbains en misant sur deux atouts, l’art de vivre ligérien et la modernité/innovation ;
  • intensifier le positionnement de Tours et son agglomération comme destinations touristiques internationales.

La SPL pilote les offices de tourisme de Tours, Luynes, Rochecorbon et Villandry, et emploie 29 salariés. En 2015, la fréquentation et l’activité commerciale ont été en hausse. La SPL a un résultat excédentaire de 30 000 euros, pour un chiffre d’affaires d’environ 1 million d’euros, et une subvention de l’agglo de 1,5 millions d’euros. Bouchet évoque ensuite la création d’un service « congrès », afin d’accueillir « plus de congrès, de meilleurs congrès », dont l’activité a démarré en juillet 2016.

Cécile Jonathan (Tours 2020) demande pourquoi il n’y a pas eu de rapprochement entre la SPL Tours Val de Loire Tourisme et l’Agence Départementale du Tourisme de Touraine, pilotée par le conseil départemental. Elle s’étonne aussi qu’il n’y ait pas encore eu d’accord entre l’État et la ville concernant la cession des terrains pour le projet des casernes Beaumont-Chauveau. Et demande une présentation des aménagements prévus sur ce site par la SET.

Sur les casernes, Babary explique qu’il attend la décision du ministre compétent, toujours repoussée. Sur la SPL, il parle de « rendez-vous manqué » : le département n’a finalement pas souhaité qu’il y ait de rapprochement. L’audit évoqué par Bouchet est réalisé par Atout France, « l’agence de développement touristique de la France », et devrait être livré début 2017. Le maire évoque évidemment « le rayonnement de notre territoire ». Suite à une question d’Emmanuel Denis, Babary assure ensuite que le nombre d’utilisateurs de l’aéroport pendant la période estivale est « en légère augmentation ».

Bouchet annonce qu’un audit stratégique est actuellement mené par le cabinet Ernst&Young au sein de Tours Événements. Il s’agit de « regarder au loin ce qui pourrait se faire (…) et essayer de muscler un peu notre jeu pour aller vers l’avenir ». C’est beau.

Chollet rappelle que la SEMIVIT a longtemps été le bras armé de la ville en matière d’aménagement, et demande si la société ne pourrait pas s’engager dans le domaine de la rénovation du bâti, dans une perspective écologique. Ça pourrait être « la structure qui porte la rénovation du bâti et les économies d’énergie sur notre ville ». Le maire répond que cette mission a été demandée « avec beaucoup de force » à la SEMIVIT. Schalk-Petitot ajoute qu’une accélération des chantiers a été demandée : un plan de rénovation est en cours. C’est le cas aussi chez les autres bailleurs sociaux.

Gautreau se félicite qu’un accord ait été trouvé entre la SEMIVIT et le collectif Ohé du bateau pour l’acquisition du Bateau Ivre. Il demande si la différence entre le prix d’achat du lieu par la SEMIVIT et le montant de la revente à Ohé du bateau ne risque pas de poser un problème de légalité. Babary répond que le prix d’achat du lieu avait été surévalué à l’époque « mais ça ne nous concerne pas ». Schalk-Petitot ajoute que le prix de revente a été établi en suivant l’avis de France Domaine.

Les rapports d’activités sont approuvés.

Budget principal de la ville de Tours – Exercice 2016 – Décision modificative n°3

C’est au tour de Françoise Amiot – qui a été très peinée à la fin du printemps en apprenant que son parti, Les Républicains, préférait donner l’investiture pour les élections législatives à Ballesteros, l’adjointe au commerce (et élue au conseil départemental). Le litige avec la société Vert Marine, qui gérait la piscine du lac dans le cadre d’une délégation de service public, a évolué : suite à une décision de justice, la mairie a repris une provision à hauteur de 380 800 euros, et doit en reverser 209 800 euros. Soit un différentiel de 170 000 euros, qu’on retrouve dans les recettes.

Amiot va très vite et renvoie aux dossiers communiqués aux élu-es. Pas de détails en séance, mais pour la partie investissements, il est question de la Maison de la réussite, de la volonté de la CNAV de récupérer un bout de voirie à Tours Nord, et de logements sociaux. Parmi les dépenses, la ville doit verser au Fonds d’Indemnisation des Victimes de l’Amiante une somme de 149 000 euros en application d’une décision de justice. Amiot évoque l’écran géant installé sur l’Ile Aucard pour les derniers matchs de l’Euro (et le paiement des droits de retransmission ), sans présenter ce que ça a coûté. Elle parle aussi pudiquement d’un « ajustement sur les crédits en cours sur les dépenses de fonctionnement » concernant les animations autour de l’anniversaire de saint Martin, sans donner de chiffres. Pour la transparence, on repassera.

Commandeur attaque sur l’année saint Martin. Il liste un certain nombre de dépenses (pour un total de 4 millions d’euros, tout de même), en précisant que sa question ne porte pas sur ces points-là. Du coup ça permet d’en apprendre un peu plus sur les dépenses engagées par la mairie sur ce thème :

  • subvention au musée saint Martin : 350 000 euros
  • spectacle de lumières sur la cathédrale : 750 000 euros
  • spectacle « L’ombre du manteau » à l’abbaye de Marmoutier : 150 000 euros
  • basilique saint Martin : 2,2 millions d’euros
  • « site Marmoutier » (sans précision) : 120 000 euros
  • « tour Charlemagne » (sans précision) : 270 000 euros

En fait, sa question porte sur la prestation d’animation de l’année martinienne, « qui passe de 500 000 euros à 600 000 euros ». Il souligne qu’entre 2014 et 2015, les subventions aux associations sont passées de 7,14 millions d’euros à 6,75 millions d’euros, soit une baisse de 400 000 euros. Et il s’étonne que la mairie ait pu trouver 600 000 euros à dépenser pour l’animation de l’année martinienne. Il demande ensuite ce que recouvre cette dépense (et son augmentation) :

« On a vu la parade, assez éclectique d’ailleurs, de l’année martinienne, elle n’a pas rencontré un succès très important, ça a été souligné par la presse. J’ai du mal à penser que les 600 000 euros couvrent seulement cette parade. »

La Rotative a publié plusieurs articles concernant cette parade : Saint Martin de Tours : la nauséeuse parade tant esseulée…, qui revient en images sur le défilé, et Fêtes martiniennes : « la municipalité fait de saint Martin le Mickey Mouse de la Touraine », à propos de l’irruption au cœur des festivités de militant-es dénonçant l’hypocrisie de la municipalité, célébrant le partage d’un côté, coupant les aides aux plus pauvres de l’autre.

Chollet se lance dans des questions sur les réaménagements des dettes de la ville. C’est un peu complexe, vous pouvez les retrouver à 2h01 dans la vidéo du conseil. Emmanuel Denis évoque des subventions attendues du département, qui finalement ne seront pas versées. Puis il félicite la municipalité pour les illuminations de la cathédrale, « un vrai succès populaire ». Il demande si le coût du spectacle (750 000 euros) couvre bien trois saisons, et dans quelle mesure le spectacle évoluera au fil des ans.

Le maire est estomaqué

Le maire prend la parole : « Je suis toujours complètement estomaqué des remarques ». A Denis, il répond qu’il ferait mieux de s’interroger sur la baisse des dotations de l’État au département, plutôt que sur le non-versement de subventions à la mairie par le département.

« Il baisse ses subventions, comme nous nous avons été obligés de baisser les nôtres. Ne nous reprochez pas, et ne reprochez pas au département, d’avoir ces difficultés financières, alors que c’est l’État, et en particulier le gouvernement que vous soutenez, et au parlement la présence d’un certain nombre d’élus tourangeaux, qui font que cette situation existe (…) Je trouve fort de café ces attaques ».

Il n’est pas content, parce qu’apparemment Denis n’écoute pas sa réponse. Vu le contenu de cette réponse du maire, il semble utile de préciser qu’il soutient Bruno Lemaire dans le cadre des primaires de la droite. Et que, d’après FranceInfo, « Bruno Lemaire (…) est le seul par exemple à proposer la suppression d’un million de fonctionnaires en 10 ans et un repli de l’Etat sur ses fonctions régaliennes » [3]. Sûr qu’avec une telle politique, y aurait pas de baisses des moyens des collectivités locales…

Sur la dette, il se déclare « encore plus supris » :

« Vous êtes en train de commencer à chicailler sur les histoires d’emprunts in fine que vous avez mis en place dans des conditions qui font qu’il y a un mur de dette qui se profile, et que c’est à nous de le gérer. »

Bon, c’est le jeu habituel, majorité et opposition se renvoient la responsabilité de la dette. La dette, ça n’empêche pas le président de l’agglo (du même camp que Babary) de vouloir construire une deuxième ligne de tram, malgré l’avis très défavorable de la chambre régionale des comptes [4]. N’empêche, on adore quand Babary utilise le verbe « chicailler ». Il continue avec un « c’est grotesque », et un « c’est incroyable ». Puis passe la parole à Amiot.

Amiot explique qu’il est extrêmement difficile de renégocier les emprunts obligataires (il y en a pour 80 millions d’euros). Les emprunts in fine ont été renégociés. Ce ne sont pas les intérêts des emprunts qui ont été renégociés, mais le capital : « l’objectif, c’est de pouvoir absorber ces remboursements en capital sur la période 2026-2029 ».

Bouchet explique (pour la troisième fois, d’après lui) que le spectacle de la cathédrale « ne fait pas partie des festivités martiniennes ». C’est amusant, parce qu’elles apparaissent dans le fascicule distribué à l’office du tourisme, qui présente le programme des festivités. On peut y lire : « Les rendez-vous Saint-Martin - 1er juillet – 1ère représentation « les illusions de la cathédrale », spectacle monumental créé par Damien Fontaine (…) chaque soir du 1er août (…) au 1er octobre ».

N’empêche, Bouchet estime que l’addition effectuée par Commandeur est fausse. Il lui reproche aussi de comparer les baisses de subventions aux associations au coût de la prestation d’animation de l’année martinienne :

« Ça porte un nom, qui est assez simple, c’est la démagogie. Et ça, on en crève tous ».

Et puis il nomme Commandeur « chef de la démagogie ».

Sur la cathédrale, il reprécise que les 745 000 euros couvrent bien une période de trois ans, avec un renouvellement du spectacle de 25 à 30 % chaque année. C’est la police municipale s’est occupée de compter les spectateurs : il y aurait eu en moyenne 1 000 personnes par soir. Faudrait qu’on propose aux flics municipaux de venir compter les manifestant-es les jours de grève et manif interprofessionnelles, ça nous ferait de beaux chiffres.

Bouchet fait de la pédagogie

Sur l’évolution de la prestation d’animation de l’année martinienne, passée de 500 000 euros à 600 000 euros, Bouchet explique que cela comprend l’hébergement des délégations étrangères venues pour la parade (19 600 euros) et la location d’autocars pour les visites effectuées par les délégations (9 800 euros). Il y a aussi l’abondement du budget communication à hauteur de 50 000 euros. « Jusque-là, nous avons travaillé avec le service com’ de la ville sur Saint Martin. Il se trouve que le budget com’ de la ville n’est pas extensible et n’avait pas été prévu avec Saint Martin. Donc on abonde 50 000 euros au budget de la communication, pour que la communication retrouve ses petits et puisse continuer son activité normale ». 50 000 balles de com’ en plus… Il y a aussi 14 900 euros de financement de l’assistance à maîtrise d’ouvrage : la cheffe de projet, Mélanie Fortier, s’est faite accompagner par Joseph Conan, (désigné comme « spécialiste », orthographe incertaine), « pour lancer l’appel d’offres pour l’agence qui devait nous accompagner dans Saint Martin ». Ah, donc la cheffe du projet Saint Martin est une élue au conseil régional qui est membre du parti radical de gauche… Et ce Conan a pris 15 000 euros pour aider sur un appel d’offres... La mairie a été accompagnée par une « Agence conseil en production d’événements », Happy Company. D’après Bouchet, c’était ça ou créer en interne un service événementiel. « On a signé un contrat avec cette agence de 500 000 euros » pour la durée de la « séquence martinienne ». Un demi-million. « Si vous faites vos comptes, vous verrez que si on avait créé un service événementiel… bon… c’est un choix ».

Babary met aux voix.

Opposition du groupe Tours 2020, abstention d’EELV (d’après ce qu’on voit à l’écran).

Attributions de subventions — Année 2016

La délibération prévoit le versement de 55 000 euros, répartis entre différents secteurs (emploi, sports, solidarité…). Il reste 500 000 euros à attribuer d’ici la fin de l’année.

Cécile Jonathan en profite pour saluer l’action du maire et des forces de sécurité pour le maintien de la braderie. Elle salue aussi « le courage des Tourangeaux, qui n’ont pas plié face aux menaces auxquelles notre pays fait face ». Aller déambuler entre deux déstockages de fringue devient donc une marque de courage… Heureusement, on nous a épargné le hashtag #JeSuisALaBraderie. Enfin, Jonathan salue le travail des associations au quotidien. Et en profite pour mettre un petit tacle au maire, qui a apparemment choisi d’annuler une soirée d’hommage aux bénévoles.

Le maire se met à parler de la « communauté nationale », et déclare « on est tous solidaires ». Bon, son sens de la communauté et de la solidarité semble exclure certaines populations (les migrants, les mendiants), mais ce sont des formules de circonstance. Il poursuit : « J’ai pris le parti de ne pas céder à la peur que voudraient nous faire subir les terroristes sous l’impulsion de Daech ». Il explique que, pour le maintien d’événements populaires dans la ville, « l’État a des exigences de sécurité auxquelles nous devons nous soumettre ». Il évoque le coût de la braderie, passé de 45 000 euros à 150 000 euros, en raison du renforcement de la sécurité. Et les commerçants ont pas été mis à contribution ?

Nadia Hamoudi évoque l’aide de 200 000 euros que la mairie va verser à l’équipe de hockey des Remparts de Tours, afin de compenser les pertes occasionnées par la fermeture de la tribune principale de la patinoire pour cause de désamiantage. Elle demande sous quelle forme l’aide sera versée, et s’il est possible d’ouvrir les loges réservées aux partenaires du club afin qu’ils puissent suivre les matchs dans de bonnes conditions – « la participation des partenaires est primordiale pour la pérennité d’un club ».

Xavier Dateu répond qu’il n’est pas question d’une enveloppe de 200 000 euros, même si le chiffre est apparu dans la presse. La ville s’est engagée à verser une compensation en cas de baisse de la billetterie et des partenariats. L’adjoint aux sports rappelle ensuite que la subvention au club a déjà été augmentée de 50 000 euros.

Les explications de Dateu ont l’air de passionner sa voisine

Hamoudi revient sur la question des partenaires, elle souhaite qu’on réponde favorablement à leur domaine. Elle y met la même détermination que pour la course cycliste « La roue tourangelle ». Du coup, Dateu ironise, faisant mine de regretter qu’elle n’ait pas été adjointe au sport de l’ancienne équipe municipale.

Bouchet évoque un rapport sur la métropole (qui n’aura pas lieu, même si les élu-es s’accrochent [5]) qui prévoira la construction de nouvelles infrastructures sportives. Il assure que l’agglo prendra sa part dans l’amélioration des équipements sportifs de la ville.

Babary conclut en déclarant que le sport concourt au rayonnement d’une métropole. Qu’est-ce qu’on ferait pas pour rayonner…

Les subventions sont votées à l’unanimité. Josette Blanchet (PCF) ne prend pas part au vote.

Tarifs municipaux 2016 — Créations et modifications

Avec le déménagement des locaux de France Bleu aux Deux Lions (déménagement qui a donné lieu à une visite de Marisol Touraine et du PDG de Radio France), une nouvelle salle est disponible aux Halles. Amiot présente donc le tarif horaire de location suivant : 7,00 € T.T.C., en tarif plein, 3,50 € T.T.C., en tarif réduit.

Maupuy annonce que son groupe (Tours 2020) votera contre, parce que « nous nous insurgeons contre la politique du tout payant ». D’après elle, la politique mise en place par Chevtchenko met en difficulté les associations, en particulier les plus petites. Le maire répond que France Bleu payait un loyer, et donc « pourquoi voudriez-vous qu’on aille vers une gratuité ? ». Ben oui, comme le disait un élu FN à propos des parkings en début de conseil, la gratuité ça provoque des abus. Bon, apparemment, la location de salles municipales a rapporté 150 000 euros en 2015, et 160 000 euros sur les sept premiers mois de 2016. C’est ce genre d’économies qui permettent de faire appel à des « Agence conseil en production d’événements » pour célébrer nos saints locaux.

Opposition de Tours 2020, quelques abstentions.

Acquisition de matériels de radio identification (RFID) à destination du réseau de lecture publique de Tours — Groupement de commande entre la ville de Tours et la communauté d’agglomération Tour(s)Plus

Il s’agit d’harmoniser les technologies utilisées pour l’emprunt de documents dans les bibliothèques de la ville. Voté à l’unanimité.

Contrats de partenariat public-privé pour l’exploitation, l’entretien, la maintenance, la garantie totale, le renouvellement et la modernisation des installations thermiques et aérauliques des bâtiments communaux — présentation des rapports annuels des partenaires

Il s’agit de prendre acte des rapports des rapports remis par les sociétés Dalkia, Idex Energies et GDF Suez Energie concernant l’exploitation des installations de génie climatique dans les bâtiments communaux pour l’année 2014-2015. Les objectifs de réduction de CO2 seraient atteints. Texier, Chollet et Denis demandent des informations complémentaires. Chollet s’étonne que l’un des « partenaires » de la ville présente un résultat déficitaire chaque année depuis le début du contrat (en 2007).

Délibération cadre portant sur le projet Erasmus — EFES (European Food Education Season)

C’est Antoine Godbert, conseiller municipal, qui s’y colle. Les objectifs du projet sont triples :

« permettre la réflexion sur la transmission des savoirs et savoir-faire dans le domaine de la gastronomie, encourager les bonnes pratiques et favoriser l’accès à la culture gastronomique ».

Avec l’installation prochaine d’un nouveau McDonald’s dans le Vieux-Tours, et d’un Starbucks près de la mairie, Tours a certainement beaucoup à apporter à un tel projet. On vous met la suite de la délibération, c’est du même tonneau :

 « Le travail croisé entre les différents partenaires doit conduire à l’élaboration d’outils et méthodes pédagogiques innovants. Les livrables du projet (MOOCS, podcasts, conférences, expositions…) seront mis à l’honneur lors de trois Spring schools, séminaires d’échanges rassemblant les partenaires et le grand public, et diffusés par le biais d’une plateforme internet.

Ce projet s’inscrit dans une dynamique cohérente de la Ville qui souhaite conjuguer ouverture et rayonnement à l’international, avec la préservation et la valorisation de son patrimoine identitaire, de son territoire et du label Cité internationale de la Gastronomie. En pilotant ce projet, la Ville de Tours encourage l’excellence, l’employabilité et la mobilité des jeunes, des
défis majeurs dans le contexte européen actuel de crise. »

Sinon on pourrait augmenter le budget de la cuisine centrale, pour améliorer la qualité de la nourriture servie dans les écoles… C’est moins attrayant qu’un « mooc » mis à l’honneur lors d’une « spring school », mais c’est un peu plus concret. Côté finances, le coût global du projet est estimé à 321 791 euros, avec 305 121 euros de subvention accordés par l’Union européenne, et 16 670 euros de cofinancement Mairie lissés sur les 3 années de projet.

Denis salue l’initiative, puis évoque l’installation de McDonald’s place du Grand Marché. Il explique qu’il ne comprend pas cette décision « alors qu’on nous avait dressé le portrait des halles de Tours comme étant le centre de la cité de la gastronomie, l’endroit où le bien-manger serait mis à l’honneur ». Le maire râle dans son micro, qu’il n’a pas coupé.

Babary répond que la ville ne peut s’opposer à l’installation d’une telle enseigne « sauf à reprendre le fonds ». Et il ajoute (on vous met tout, c’est affligeant) :

« Figurez-vous, Monsieur Denis, que tout le monde ne déjeune pas et ne dîne pas dans des restaurants gastronomiques. Et que la qualité des restaurants qu’il y a à Tours ne sont pas tous du niveau gastronomique. On peut même dire qu’aux alentours des McDo, y a pire. Il faudrait le dénoncer peut-être également. Et je vous incite à rencontrer le directeur régional de McDo, qui vous expliquera comment il fait fonctionner ses affaires localement, comment il s’approvisionne, comment il traite l’hygiène à l’intérieur de ses établissements, et préparez-vous à d’autres combats, car la ville de Tours qui, contrairement à ce que j’ai entendu tout à l’heure, est extrêmement attractive, va voir arriver très prochainement, dans des endroits stratégiques de la ville, d’autres enseignes. Alors on peut dire à satiété, quand on parle de gastronomie, que c’est pas possible, pas acceptable, etc. Vous n’avez pas, vous non plus, le pouvoir de l’empêcher, sauf à faire, comme José Bové, un démontage de McDo. Vous vous arrangerez de cela avec les forces de police, mais ce n’est pas de mon ressort. »

Bon, sur la qualité des restaurants « autour des McDo », on va se permettre une hypothèse : il ne parle pas de tous les restaurants de merde aux alentours de la place Plumereau qui servent aux touristes des plats réchauffés dégueulasses achetés chez Metro, mais fait une petite attaque en règle contre les kebabs, à la sauce NR. Pour ce qui est du directeur régional des McDo, le maire semble bien le connaître, puisqu’il a eu droit à une longue interview dans le hors-série du magazine municipal consacré à Saint Martin : le patron de McDo est l’un des généreux donateurs qui a filé du pognon pour la restauration de la basilique…S’agissant des enseignes internationales qui débarquent dans la ville ou renforcent leur implantation, genre Starbucks et McDo, y a quand même franchement pas de quoi se vanter. Quant au démontage de McDo… chiche ?

Compte-rendu de Monsieur le maire sur les actes accomplis en exécution de la délégation d’attributions du conseil au maire

Parmi les actes accomplis par le maire, il y en a un qui concerne le contentieux de la ville avec Ligue des Droits de l’Homme : le maire a habilité un avocat parisien, Maître Stoclet. Cela concerne les arrêtés dits « de tranquillité publique » pris par la mairie depuis plusieurs années, et que la LDH dénonce comme étant des arrêtés anti-mendicité. La ville a été condamnée le 31 mai dernier par la cour administrative d’appel de Nantes pour un arrêté de ce type pris en décembre 2013.

Emmanuel Denis rappelle que la cour nantaise a donné raison à la LDH, et demande :

« Plutôt que d’aller au bout de ce contentieux, est-ce que vous allez annoncer que vous renoncez ? Parce que je suppose que le résultat sera le même… est-ce que vous allez annoncer que vous renoncez à prendre des arrêtés de ce type dans l’avenir ? »

Réponse cinglante du maire :

« Eh bien on va pas s’arrêter là, moi je vais vous donner la réponse très précisément. Y a deux actions en cours, la première c’est un arrêté pris par mon prédécesseur, ça vient de faire l’objet d’un arrêté (sic) de la cour d’appel (re-sic) de Nantes. Eh bien moi j’ai décidé, et c’est en cours, d’un pourvoi en cassation devant le Conseil d’État. Et pour l’autre action, c’est l’arrêté du 16 mai 2014, c’est en appel devant la cour administrative d’appel, et on a pour l’instant pas de réponse, mais nous poursuivrons l’action, étant entendu que c’est une attente forte de la population. On vit dans un monde réel et pas simplement onirique où tout le monde est gentil, y compris les chiens. »

Denis :

« C’est pas un arrêté qui concerne les chiens ».

Babary :

« Ah si, si. C’est la mendicité agressive, accompagnée de chiens. Bon, vous pensez, je pense en particulier rue Colbert, le plaisir que peuvent avoir les habitants de Tours de fréquenter les groupes qui sont là, avec des chiens, la plupart du temps pas tenus en laisse, et il faut un arrêté municipal pour que la police puisse intervenir. Eh bien je m’entête à faire des arrêtés municipaux, et nous en sommes donc à un recours devant le Conseil d’État. On verra. »

C’est superbe cet emploi par le maire de l’expression de « monde réel ». Du courant poujadiste à l’extrême-droite actuelle version Zemmour, ce « réel » est systématiquement invoqué pour légitimer un air du temps réac (et souvent fantasmé) ; on se fait le porte-parole d’une « majorité silencieuse » qui vit dans « le monde réel » pour disqualifier les « droits-de-l’hommistes » et les « bobos ».

Quand le maire explique que les libertés publiques, c’est pas trop son truc

Problème pour le maire : les libertés, les droits de l’homme, la constitution, c’est un peu « le réel » aussi. Et l’argumentaire de la Cour administrative d’appel de Nantes est clair : la ville de Tours n’a pas fait la démonstration que les groupes qu’elles désignent à la vindicte populaire causaient des troubles à l’ordre public. Bref, on attend avec gourmandise la décision du CE. Et on en profite pour rappeler que la mairie a dépensé 600 000 euros pour célébrer le partage à la sauce martinienne.

Fiscalité direction locale — dégrèvement de la taxe foncière sur les propriétés non bâties afférentes aux parcelles exploitées par de jeunes agriculteurs

La mesure est proposée « par solidarité avec cette profession ». C’est voté à l’unanimité.

Le maire laisse ensuite Emmanuel Denis présenter une question. La question porte sur les terrasses. Il demande quelles sont les règles pour les autorisations de terrasse, et explique qu’il est régulièrement interpellé concernant l’emprise des terrasses sur la place du Grand Marché.

Babary répond que les terrasses se développent, et que c’est bon signe (il prend les exemples de Dijon et Mulhouse). Quinze terrasses nouvelles ont été autorisées, dont trois place Châteauneuf « compte-tenu des nouveaux aménagements » qui arrangent tant la famille de l’adjointe au commerce[[Cf Aménagement urbain : la fontaine de Beaune-Semblançay, un monument nomade. Apparemment, la mairie bosse sur un nouvel environnement pour la place du Grand Marché – le maire provoque des rires en évoquant le nouveau McDo.

Courte intervention de Ballesteros sur le sujet. Si elle est élue députée en 2017, elle ne risque pas de faire des discours d’anthologie dans les tribunes de l’assemblée…

Denis demande au maire d’arrêter de le faire passer pour un bisounours. Le maire lui répond qu’il est facile d’être dans l’opposition, alors que la majorité a « des décisions à prendre », doit « traiter la réalité du quotidien ». Et donc, les déclarations de Denis seraient « en très grand décalage avec la réalité que nous connaissons ».

Moment : "Je ne suis pas un bisounours"

Le maire termine en annonçant que l’inauguration de la cité de la gastronomie aura lieu le 23 septembre à 11h. Le prochain conseil municipal aura lieu le 10 octobre à 17h.

Notes

[1On a cherché l’information sur son blog. On est d’abord tombé sur un blog perso, où l’on apprend que l’adjoint aux Transports aime Romy Schneider et George Brassens. Les informations pertinentes sont sur cet autre site : http://www.yvesmassot.com/mobilité/stationnement/.

[2Le Front National a créé récemment un collectif baptisé « Nouvelle écologie », dont le slogan est : « Pour une écologie patriote »…