C’est une belle aide que Serge Babary avait fait voter pour les Assises du Journalisme lors du conseil municipal du 6 juillet 2015 : 50 000 euros. Une jolie somme qui représente près de deux fois celle accordée en 2014 par la ville de Metz pour le même événement, et qui s’ajoute au soutien de la communauté d’agglo, du département et de la région. Les restrictions budgétaires municipales touchent pourtant bien des associations présentes au quotidien : en comparaison, le Planning familial 37 touchera ainsi 17 fois moins cette année.
On peut se consoler en se disant que Journalisme & Citoyenneté, l’association parisienne organisatrice, a recruté local : on compte en effet au moins un Tourangeau parmi les trois salariés chargés de l’organisation présentés sur son site. Et pas n’importe lequel. C’est la lettre professionnelle PresseNews qui a en effet révélé en janvier que le fiston de Serge Babary avait été recruté pour six mois au sein de l’association :
Jérôme Bouvier, conseiller "presse" de la ministre Fleur Pellerin, a pu compter sur le soutien du maire LR de Tours, Serge Babary, pour accueillir dans cette ville les Assises du journalisme de façon pérenne. Gilles Babary, le fils du premier édile, a été recruté pour six mois au sein de l’association Journalisme & citoyenneté, qui organise cette manifestation depuis 2005.
Un léger conflit d’intérêt passé sous le tapis. On peut lire sur le site de l’association que Babary Junior est chargé du volet « Editorial - Programmation » de l’événement. Sans présumer aucunement de ses qualités en la matière, qui sont peut-être réelles, on peut toutefois s’étonner de ne pas trouver beaucoup de traces sur Internet de ses activités dans le domaine. Mais peut-être utilise-t-il un pseudo…
Les Assises, itinérantes depuis leur création en 2007, s’installent pour plusieurs années à Tours comme l’expliquait en 2015 La Nouvelle République :
Les Assises internationales du journalisme devraient s’installer « durablement » en Touraine. C’est le souhait de l’association Journalisme et Citoyenneté qui cherche un point de chute et un ancrage solide au cœur de la société après dix années de nomadisme entre Lille, Strasbourg, Poitiers, Metz et Paris.
(…) Le projet a séduit Serge Babary, le maire de Tours, et Philippe Briand, le président de l’agglomération, qui souhaitent promouvoir l’image de la ville autour des lettres et de la francophonie. « Il y a une légitimité à accueillir ici un événement comme les assises du journalisme. La Touraine a toujours été une terre de réflexion », note Christophe Bouchet, l’adjoint au maire chargé des grands événements, lui-même ancien journaliste. L’élu évoque aussi la présence de l’IUT de journalisme et du groupe La Nouvelle République qui constituent des partenaires naturels.
Cette implantation des Assises Internationales du Journalisme à Tours s’inscrit dans le cadre de la « politique de rayonnement et d’attractivité » menée par la municipalité, qui souhaite que la ville devienne une « capitale » ou « ville-pivot » dans plusieurs domaines, comme l’expliquait l’adjoint Christophe Bouchet lors du conseil municipal du 6 juillet 2015. Mais quand le maire promettait que l’accent mis sur le rayonnement de la ville permettrait de créer des emplois, on n’imaginait pas qu’il pensait à son fils.
« Tours, capitale du journalisme » ? La formule a été complaisamment reprise par La Nouvelle République. Mais la dernière fois qu’un média de la ville s’est illustré nationalement, c’est quand la NR a été condamnée pour harcèlement sexuel. Au quotidien, le journalisme qui s’y pratique se distingue surtout par sa connivence avec les notables, comme illustré ici, ou là, ou encore là. On peut d’ailleurs s’étonner qu’aucun média local n’ait songé à informer son public de l’embauche du fils du maire par les organisateurs des Assises. Une proposition de débat inédit pour les prochaines Assises ? Presse régionale et collusion avec les pouvoirs locaux.