Les subventions très politiques de la mairie de Tours aux associations

Après le Planning Familial, c’est Chrétiens Migrants qui trinque. Alors que la mairie de Tours vient de révéler les subventions accordées aux associations pour l’année 2015, certaines baisses et suppressions interrogent.

La Mairie de Tours vient de révéler le montant des subventions accordées aux différentes associations dites de « solidarité » [1]. Alors que la baisse moyenne des dotations est de 3,5 %, deux associations voient leur budget très fortement diminuer voire carrément sabré.

La première est le Planning Familial qui voit sa dotation passer de 9 000 € à 3 000 €. La seconde est Chrétiens Migrants dont les 2 500 € alloués en 2014 se volatilisent tout simplement pour 2015. Cette subvention permettait notamment à l’association de payer le loyer de son local au Sanitas, Chrétiens Migrants n’ayant jamais obtenu de rabais sur ce loyer — ni de mise à disposition gratuite d’un local, comme c’est le cas pour d’autres associations.

Ces deux associations ont la particularité de porter haut des valeurs pas forcément conformes à celles que prône la droite tradi qui dirige la ville : la liberté de choix dans la sexualité et l’accès à la contraception et l’avortement d’un côté ; la solidarité avec les migrants, demandeurs d’asile ou sans-papiers, de l’autre.

Serge Babary a assuré le Planning Familial de son intérêt, ainsi que de celui de ses adjoints, pour la défense des droits des femmes et a prévu de revoir bientôt ses représentants. Difficile toutefois de ne pas voir derrière cette décision la main — au moins la bienveillance — de la branche boutiniste et « Manif pour Tous » des adjoints au maire : Edouard de Germay, Cécile Chevillard, Thibault Coulon et Aurélie Ossadzow. Alors qu’ils se sont publiquement engagés à combattre l’égalité hommes-femmes (qualifié de « théorie du genre ») et s’opposent plus ou moins ouvertement à la légalité de l’IVG, comment s’étonner que les subventions à leurs opposants s’écroulent ?

D’autant que parallèlement, la subvention accordée au Mouvement du Nid, association d’inspiration catholique militant pour l’abolition de la prostitution, reste stable d’une année sur l’autre à 6 500 €. Sans vouloir trop faire de mauvais esprit, on peut se demander si le fait d’avoir des locaux situés entre l’archevêché et le service de communication du diocèse de Tours n’explique pas la générosité de la mairie.

Quant à la question de la solidarité avec les migrants, personne ne s’étonnera de ne pas la voir apparaître comme une priorité pour la mairie, bien au contraire.

De toute façon, comme le déclarait récemment Olivier Lebreton, adjoint à la sécurité « du social [la mairie] en fait déjà beaucoup ». Françoise Amiot, adjointe aux finances, expliquait le 9 avril à la Nouvelle République sur quels critères ce « beaucoup » se trouve réparti entre les associations sous forme de subventions.

« Le premier critère reste le service offert à la population tourangelle. Après dans chaque thématique, ce sont les adjoints et les commissions concernés qui ont défini leurs propres critères ».

Outre la confirmation que les adjoints font un peu ce qu’ils veulent avec les budgets correspondant à leurs prérogatives et peuvent donc faire des choix politiques, cette réponse nous amène à réfléchir sur les services dont doit bénéficier la population tourangelle. Chrétiens Migrants accueille et accompagne des centaines de personnes chaque année ; les actions du Planning Familial 37 touchent 5 000 habitant-es de Tours par an. Alors que ces associations sont importantes dans le tissu social local, ces services sont-ils pourtant considérés comme superflus, de mauvaise qualité ou problématiques par les élus ?

Illustration : le Sanitas, à proximité des locaux de Chrétiens Migrants

P.-S.

L’association Chrétiens Migrants ne s’est pas encore exprimée publiquement.