Choses vues au salon « Made in Touraine »

Les 27 et 28 mars 2015, un certain nombre d’entreprises et d’entrepreneurs locaux étaient réunis au centre de congrès Vinci de Tours. Une petite balade s’imposait.

C’était la quatrième édition de ce salon, organisé par une association qui s’est fixé pour but de :

« Favoriser l´émergence puis la concrétisation de projets pour "créer, développer, promouvoir les richesses économiques, touristiques et culturelles de Touraine" tout en renforçant et valorisant l´énergie du bien-être. » [1]

L’affiche annonçait qu’on y découvrirait « les métiers de demain ». A ce titre, une mention spéciale peut être décernée à l’entreprise Michelin, évidemment présente dans les allées du salon. L’entreprise a beau avoir supprimé plus de 700 postes dans son usine de Joué-lès-Tours, elle était venue promouvoir son ambition de « vivre en harmonie avec les communautés locales »...

L’entreprise Thomson Sécurité est venue proposer une quinzaine de modèles différents de caméras de vidéo-surveillance à destination des particuliers, avec des modèles qui feraient pâlir d’envie l’adjoint municipal à la sécurité, Olivier Lebreton. Dans la même veine, l’entreprise Drone Contrast exposait l’un de ses joujoux dédiés à la surveillance depuis le ciel. Apparemment, les « métiers de demain » consisteront en partie à fliquer son voisin.

Il y avait aussi un stand de l’école supérieure de commerce et de management de Tours, qui avait remis à jour ses outils de communication pour faire oublier le fiasco de « France Business School ». Juste à côté, le MEDEF Touraine annonçait la tenue, au mois de mai, d’une journée intitulée « Touraine terre de réussite » sur le thème « Élus-Entrepreneurs : une relation qui a du sens pour le territoire ». L’événement aura lieu le 21 mai 2015, en présence de Pierre Gattaz. Et on nous annonce déjà que certains élus se verront remettre des trophées (Manuel Valls est certainement en compétition pour un prix d’honneur récompensant l’ensemble de son œuvre).

La Nouvelle République était là et proposait, sur un présentoir, des dizaines d’exemplaires de l’édition du jour. A une demi-heure de la fermeture du salon, il en restait encore un sacré paquet qui ne trouvait pas de lecteurs... Autre canard présent sur le salon, La Feuille, journal des étudiants de l’école publique de journalisme de Tours, dans une version « spécial Made in Touraine ». Selon l’aveu d’une des étudiantes, les apprentis-journalistes présents devaient produire un minimum d’un article par heure. De l’abattage, qui ne permettait pas de creuser au-delà des discours lénifiants des patrons et élus présents. Mais ces étudiant-es pourront toujours se recycler dans la communication d’entreprise (certain-es montrent de vraies dispositions).

Dans les allées du salon se promenait un groupe de jeunes hôtesses vêtues de noir et de jaune. Renseignement pris, elles distribuaient des cartons présentant une « société laboratoire d’idées, créatrice de Startups, associant des compétences en design, marketing, management financier et développement informatique »... exclusivement composée d’hommes.

Enfin, de nombreux participant-es arboraient évidemment un badge pour promouvoir la candidature de Tours au label « Métropole French Tech » (sic), et le Monstre rose qui leur sert de logo trônait au milieu des stands. Pour rappel, il s’agit pour Tours de décrocher un label permettant de « bénéficier d’un coup de pouce à la créativité et aux compétences de ses entreprises. » Comme l’explique le communiqué de presse qui était distribué pendant le salon :

« Initiative de l’État, la French Tech a pour objectif de faire de la France un accélérateur de startups, capables de rivaliser avec les plus grandes places internationales ».

Vu l’importance de l’enjeu (rivaliser avec la Californie et l’Inde, ça a quand même de la gueule), j’ai décidé d’apporter ma modeste contribution à cette glorieuse entreprise, en signalant ici qu’il y avait une coquille dans le communiqué de presse de « Tours Tech ».

Vraiment, ne pas être foutu d’orthographier correctement « candidature », ça fait pas très sérieux, surtout quand le maire veut faire de Tours « le centre de la pédagogie du français dans le monde ».

Notes

[1Si quelqu’un comprend ce que signifie l’expression « valoriser l’énergie du bien-être », merci d’envoyer un e-mail à l’adresse contact [at] larotative.info, qui fera suivre.