Zut, pas de Francos-Gourmandes cette année

Le festival Tours et ses Francos Gourmandes, annoncé comme un rendez-vous annuel lors de sa première édition en 2017, n’aura pas lieu en 2018. Retour sur un fiasco, qui marque un nouvel échec de la politique événementielle du maire de Tours.

Les Francos gourmandes devaient faire rayonner Tours à l’échelle nationale, et donner du contenu au label « Cité internationale de la gastronomie » décroché par la commune il y a quelques années. Le dossier de presse de la première édition, organisée du 15 au 17 septembre 2017, était catégorique : il s’agissait d’un « rendez-vous annuel », donc appelé à se répéter chaque année. C’est raté, le public tourangeau sera privé d’édition 2018.

Au mois de mars, le site Les Nouvelles Gastronomiques de Touraine indiquait pourtant que l’assemblée plénière de la Cité Internationale de la Gastronomie, réunie le 19 février, avait acté le principe d’une seconde édition qui se déroulerait les 14, 15 et 16 septembre 2018. Le site annonçait « une offre plus dense et plus gourmande », à laquelle seraient associés « de nouveaux acteurs motivés », dont le groupe La Nouvelle République [1]. Les Nouvelles Gastronomiques de Touraine signalaient quand même que le financement du festival n’était pas encore finalisé.

Gastronomie, subventions publiques et Kronenbourg

C’est probablement du côté du financement, justement, qu’il faut regarder pour comprendre l’annulation de l’événement. L’édition 2017 avait coûté près d’un demi-million d’euros. Les collectivités locales (ville, métropole, etc.) avaient mis la main à la poche à hauteur de 250 000 euros, le reste étant financé par des partenaires comme Kronenbourg, et par Morgane Production, l’organisateur à l’origine de ce festival. Morgane Production, entreprise de « productions événementielles », avait d’abord lancé le concept en Saône-et-Loire, avant que des « problèmes d’équilibre financier » mettent fin à l’aventure, au bout de quatre éditions. A Tours, l’entreprise et la Ville avaient d’abord imaginé un festival payant, avant de faire volte-face et d’annoncer un événement entièrement gratuit.

Malgré la gratuité, cette première édition du festival avait eu du mal à attirer le public, et les concerts étaient loin de faire le plein. Cela n’avait pas empêché les élus municipaux d’adopter un ton triomphal dès le lendemain, parlant de succès populaire, médiatique et commercial [2]. A l’époque, Christophe Bouchet, qui n’était encore qu’adjoint en charge du rayonnement, déclarait fièrement, face aux critiques de l’opposition :

« Moi je trouve que ce festival a été une grande réussite, parce qu’il a mêlé à la fois ce qui était populaire et à la fois ce qui était intellectuel. [...] On n’a jamais autant parlé de Tours dans les médias nationaux que pendant ce week-end : plusieurs fois France Info, Le Parisien, Europe 1, etc. »

Dans ces conditions, il est étonnant qu’une fois devenu maire, Bouchet ne se soit pas accroché à ce succès. L’épisode rappelle le fiasco de la course Nascar, dont l’édition 2017 avait été purement et simplement annulée ; il évoque aussi l’annulation de la parade organisée autour de la figure de Saint-Martin après deux éditions piteuses. Et confirme que la politique d’attractivité de la ville de Tours a un sacré goût d’échec.

Notes

[1Le groupe dispose d’un pôle événementiel, qui participe souvent à l’organisation d’événements locaux, comme le festival du cirque de Tours. Sans surprise, ces événements font généralement l’objet d’une couverture médiatique favorable dans les pages du quotidien.

[2Voir le compte-rendu du conseil municipal du 18 septembre 2017.