Vidéosurveillance à Tours : les étranges déclarations du maire

Serge Babary veut augmenter le nombre de caméras à Tours. Mais il a récemment annoncé que les deux tiers du parc de caméras ne fonctionnaient pas, qu’il n’y avait personne derrière les écrans, et a minimisé l’ampleur de son projet de développement du dispositif.

Ça a toujours été clair : le nouveau maire trouve que les caméras de vidéosurveillance sont un outil formidable, et il souhaite voir leur nombre augmenter. Lors du conseil municipal du 16 décembre 2014, il a donc fait voter une ligne budgétaire de 50 000 euros pour que la Ville s’équipe de nouvelles caméras « afin de lutter contre les incivilités et la délinquance dans certains quartiers, et ceci afin de répondre à une demande des habitants ».

Dans la foulée, de nouvelles caméras ont été installées dans le quartier des Fontaines, même si la « demande des habitants » n’y est pas flagrante lorsqu’on prend le temps de les interroger. Et le maire a profité de sa tournée de vœux dans la ville pour faire de nouvelles annonces.

Ainsi, d’après la Nouvelle République, Babary aurait annoncé « la mise en place de trois caméras de vidéosurveillance dans le secteur locatif du quartier » des Rives-du-Cher. Et lors de ses vœux dans un autre quartier, il a annoncé que trois autres caméras seraient installées dans le quartier Plumereau et autour de la gare :

« Oui, il y aura quelques caméras d’installées dans les endroits où il y a le plus d’incivilités. (…) Vous savez bien que les quartiers où il y a le plus d’incivilités, c’est autour de Plumereau et autour de la gare, en particulier. Là, il n’y en a pas de caméras, donc il n’y a pas de reproches à faire. S’il y en avait, des reproches à faire, ce serait la que décision n’ait pas été prises d’installer les caméras existantes dans ces endroits-là. Donc nous on va les mettre là. »

Mais lors de son intervention, il a également fait un point sur l’état du dispositif existant :

« Parce qu’il y a peut-être soixante caméras à Tours, mais y en a quarante qui marchent pas. Donc on va les brancher, ça sera quand même la moindre des choses. Et on va mettre des opérateurs derrière les écrans, ça sera encore mieux. Et puis on va ajouter trois caméras. Voilà l’objet de la discorde. On va mettre en 2015 trois caméras dans les quartiers que je vous ai indiqués. (…) Et ce n’est pas parce que l’on veut que la tranquillité règne dans la ville qu’on doit être taxés de mise en place d’un État policier. »

Annoncer qu’il n’y aura que trois caméras installées en 2015 pour minimiser les critiques, alors qu’il vient d’en faire installer aux Fontaines et qu’il compte en installer d’autres aux Rives-du-Cher relève du foutage de gueule. Mais il annonce en plus que la plupart des caméras ne servent à rien, faute d’être branchées ou même surveillées par un agent habilité ! Pour autant, la ville est-elle à feu et à sang ? [1]

Pourquoi le maire fait-il une telle annonce, dénigrant lui-même un dispositif qu’il veut développer par ailleurs ? C’est pas tout à fait clair, mais il s’agit probablement de légitimer auprès des habitant·e·s et de certain·e·s élu·e·s les nouvelles rallonges budgétaires qui seront nécessaires pour faire fonctionner au mieux ses précieuses caméras.

Et pour ce qui est de « la mise en place d’un État policier », rassurons Babary, personne ne s’imagine qu’il soit capable de faire une telle chose tout seul. Il n’empêche que son petit dispositif contribue à la surveillance constante de toutes et tous, financée par le pognon des surveillé·e·s.

P.-S.

Un certain nombre de caméras de la ville et des environs est cartographiée sur le site http://tours.sous-surveillance.net

Notes

[1N’en déplaise à celles et ceux qui font leur beurre sur le sentiment d’insécurité, on n’est plus à l’époque où Tours avait des allures de western.