Le maire a mis sa plus belle chemisette. Il entame par un petit discours sur la dangerosité de la Loire (un homme s’est noyé il y a quelques jours).
Budget principal de la Ville de Tours – Exercice 2017 – Décision modificative n°2
C’est Hélène Millot qui démarre, en présentant certaines des opérations nécessitant un ajustement des crédits.
Emmanuel Denis (EELV) évoque la situation de la police municipale, dont il est apparemment question dans le document donné aux élu-es. Il interpelle l’adjoint à la sécurité sur le « malaise » au sein de la police municipale, en revenant sur une intervention lors d’un précédent conseil municipal, à l’occasion duquel Lebreton aurait comparé Tours à Grenoble.
Denis signale que la ville de Grenoble est vachement plus touchée par la délinquance que Tours, qui n’est classé qu’au 143e rang des villes françaises en matière d’insécurité (classement de 2014 tiré d’on ne sait où). Il explique ensuite que Grenoble a perdu près de 120 policiers nationaux ces dix dernières années, sous l’impulsion des politiques sarkozystes, dont Lebreton serait un adepte. Rappel à l’ordre du maire, qui demande à Denis de préciser sa question et « de pas élargir à un débat national [et] archaïque ».
Olivier Lebreton répond qu’il ne comprend pas la question de Denis. Il réfute l’idée qu’il y ait un « malaise » et parle de « soucis comme il peut y avoir dans chaque service, dans chaque ville de France ». Niveaux soucis, rappelons quand même que des munitions ont été volées au sein des locaux de la police municipale au mois de mars, et que la mairie a dû y faire installer une caméra de vidéosurveillance… Lebreton évoque ensuite « des difficultés » et « une surcharge de travail » qui serait liée à l’état d’urgence :
« La vie a changé pour les policiers municipaux évidemment depuis l’état d’urgence, aussi bien que pour les policiers nationaux. »
En même temps, les policiers municipaux seraient peut être moins surchargés de travail si la mairie n’instrumentalisait pas l’état d’urgence pour chasser les pauvres du centre ville. A ce sujet, lire Le maire de Tours invoque l’état d’urgence pour prendre un nouvel arrêté anti-mendicité.
Niveau effectifs, Lebreton admet que « c’est pas simple non plus ». La police municipale compte 95 postes théoriques. Mais les départs, les mutations, etc. font que tous les postes ne sont pas pourvus. Ce serait notamment liés aux recrutements massifs de policiers municipaux auxquels procèdent d’autres villes. Et Lebreton déclare :
« Nous, on retient personne (…) Si y en a qui préfèrent partir pour aller dans d’autres villes parce qu’ils sont payés un peu plus, je peux le comprendre. »
Tu sens bien qu’augmenter les salaires des agents ne lui viendrait pas à l’esprit. Mais il assure tout de même que la moitié des départs sont liés à des rapprochements familiaux. Enfin, il explique que les processus de recrutement sont longs, mais qu’il fait le maximum pour que tous les postes soient pourvus.
Le maire en profite pour signaler que « la pression est très forte sur le corps des policiers municipaux » :
« La police nationale est en retrait en termes de nombre de participants, en termes d’intervention, et souvent c’est la police municipale qui porte le poids des difficultés à traiter. »
Bon, a priori elles n’ont absolument pas le même champ d’intervention, mais le maire n’a pas l’air très doué en police administrative, comme en témoigne l’annulation de son arrêté anti-mendicité du 16 mai 2014 par la Cour administrative d’appel de Nantes.
Il évoque ensuite l’intervention de policiers municipaux au Sanitas le mercredi 21 juin, suite à l’ouverture d’une bouche d’incendie. « L’équipe des policiers municipaux ont (sic) subi un caillassage ! », explique le maire. Évidemment, il n’évoque pas le contexte de l’intervention (la borne d’incendie avait été ouverte – et non « défoncée » — pour que les jeunes du quartier se rafraichissent en pleine canicule), ni ses suites (des tirs de flashball en direction de gamins).
Et puis Babary se met à râler :
« On peut toujours, comme tout le temps, avec la vieille… les vieilles rengaines politiciennes, avoir des postures toujours de s’opposer à tout ce qui se fait… Je pense que la police municipale de Tours, elle est assez exemplaire ».
Fin de la discussion. La délibération est soumise au vote. Quelques oppositions et abstentions dans l’opposition.
Attribution de subventions – Année 2017
La mairie distribue 645 194,50 euros pour cette session du conseil municipal. A cette occasion, le centre LGBT de Touraine a signalé dans un communiqué que sa demande de subvention pour l’année 2017 n’avait toujours pas été traitée. Sur Facebook, le centre déclarait le 23 juin :
« Lutter contre le suicide des jeunes, l’homophobie, ou la transphobie alors même que les actes lgbtphobes sont à un niveau inquiétant ne semble pas être une priorité de la Ville de Tours.
Alors que plus de 646 000 euros de subventions ont été votés hier soir en Conseil Municipal à Tours, le demande de subvention 2017 du Centre LGBT de Touraine n’a toujours pas été traitée contrairement aux autres structures associatives.
Rappelons que la demande de subvention a été faite en septembre 2016 ! »
La liste des subventions comprend une ligne « Tourisme - Rayonnement » qui prévoit le versement d’une subvention de fonctionnement de 100 000 euros à la Cité internationale de la gastronomie, pour l’organisation d’un « nouveau » festival nommé « Francos-Gourmandes ». Et Hélène Millot propose de modifier le projet de convention avec la Cité de la gastronomie pour le festival, pour préciser que :
« l’association de la Cité de la Gastronomie est autorisée à reverser tout ou partie de la subvention à un autre organisme, que ce soit une association, une entreprise ou autre, dans le cadre de la convention d’objectifs au titre du festival ».
A ce stade, il convient d’expliquer que ce festival a en fait été créé en Bourgogne par une grosse boîte d’événementiel, Morgane Groupe. Cette boîte a décidé d’arrêter le festival mêlant musique et gastronomie quand les subventions versées par les collectivités locales ont diminué, alors que l’événement était déficitaire. Sur le sujet, lire « Les Francos Gourmandes : un événement trop salé ? » sur 37 degrés.
Du coup, la subvention présentée au conseil municipal a vocation à atterrir dans les poches de la filiale de Morgane Groupe. Non content d’organiser des festivals (comme les Francofolies de La Rochelle), ce groupe a aussi une activité de production audiovisuelle, et a marqué l’histoire de la télé avec des programmes comme « Michel Drucker, itinéraire d’un enfant de la télé » ou « Sheila, l’histoire d’une vie » [1]. C’est grâce à ces petits détails qu’on peut prendre la mesure de l’ambition culturelle de la municipalité.
Emmanuel Denis signale que le projet de convention fait état d’une subvention de la Région à hauteur de 150 000 euros, ce qui d’après lui serait faux. Le département ne financerait pas non plus. Denis revient sur ses réticences déjà exprimées en conseil communautaire : il parle d’un projet « hors sol », « qui tombe d’on ne sait où », et évoque le « chantage aux subventions » opéré par l’organisateur du festival quand il avait lieu en Bourgogne.
Le maire signale que « le département participe de moins en moins à quoi que ce soit », et que la Région apporte quand même un soutien financier, même s’il n’est pas fléché en direction de cet événement particulier. La Région apporterait également une aide sous la forme de « deux CAP’Asso ». CAP’Asso, c’est une aide régionale censée « permettre au secteur associatif de développer des services de qualité » en subventionnant des postes en CDI, mais visiblement pour qu’une grosse boîte de production fasse venir Matt Pokora au parc de Sainte-Radegonde ça peut marcher aussi.
Babary commence une phrase (en râlant) : « Je trouve encore suffoquant que... » Il ne termine pas sa phrase, mais se lance dans un argumentaire pour défendre cette idée de festival. Puis il émet un vœu :
« Moi j’aimerais bien que l’esprit qui prévaut au niveau national, fait de constructivisme, puisse se répandre à un moment donné quand même dans cette enceinte, parce que ça devient lassant ce jeu de ping-pong éternel entre des gens qui se donnent du mal pour faire avancer, promouvoir notre ville, notre métropole, notre territoire, renforcer l’accueil et le dynamisme, et des postures constantes d’opposition qui n’ont pas de sens. »
Car le glorieux Emmanuel Macron, notre Sauveur, est descendu parmi nous. L’harmonie et la concorde règnent au sein de son conseil d’administration. Alléluia.
Bouchet embraye. Il assure que Tours est de loin la ville qui emploie le moins de moyens publics pour la Cité de la gastronomie. Et explique que les mauvaises langues qui prétendent que les Francos-Gourmandes ont quitté la Bourgogne faute de subventions n’ont rien compris : non, en fait, si les organisateurs sont partis, c’est parce qu’ils étaient à l’étroit dans la commune de Tournus. Puis Bouchet poursuit sur le rayonnement et l’attractivité.
Commandeur (Tours2020, en tous cas jusqu’à nouvel ordre [2]) donne des précisions sur l’aide apportée par la Région, vu qu’il est aussi conseiller régional.
C’est mis au vote. Opposition de Denis, abstention du FN.
Programme local de l’habitat 2018-2023 de Tours Métropole Val de Loire
D’après Alexandra Schalk-Petitot, la métropole a décidé de « prioriser son intervention en faveur de la requalification, l’amélioration et la mobilisation du parc de logements existants ». Sauf bien sûr en ce qui concerne les logements sociaux du Sanitas, qui eux seront détruits plutôt que réhabilités, pour laisser la place aux promoteurs privés.
Les élus veulent augmenter la population de la métropole. Les communes « déficitaires en logements sociaux » seront « encouragées ».
Schalk-Petitot présente ensuite les différents dispositifs d’aide à la location ou à l’accession à la propriété. Elle annonce « de l’expérimentation et de l’innovation », avec « un mode de production de l’habitat à coûts réduits ».
Nadia Hamoudi (Tours2020) intervient pour signaler que, la veille du conseil municipal, les associations de locataires et des habitants du Sanitas ont déposé au maire (en fait, à Tours Habitat) une pétition signée par près de 1 500 personnes. Pour Hamoudi, c’est le « signe que les habitants réclament plus de considération » de la part du maire.
Elle affirme que les ateliers animés par le cabinet d’urbanisme Archétude n’ont pas donné satisfaction, « parce que les sujets principalement évoqués étaient plutôt liés aux espaces verts, et que la question du bâti n’a pas été clairement discutée ». Ça c’était sûr [3]. Elle poursuit sur les craintes suscitées par le projet de renouvellement urbain, et le besoin de coproduire le projet avec les habitants.
Réponse du maire :
« On a des gens qui signent une pétition parce qu’ils refusent toute démolition. Donc y a pas de coproduction, y a pas de négociation. »
Puis il rappelle que l’échéance est lointaine, pour mieux épuiser la contestation :
« Le programme ANRU va durer dix ans. Donc ne surfez pas sur les peurs. Ça c’est un peu votre spécialité quand même. Vous aimez bien faire peur aux gens. (…) Il faut abattre un certain nombre de blocs, ils ne sont plus habités. (…) Place Saint-Paul il y a quarante appartements vides. »
Facile d’expliquer que les logements sont vides quand le bailleur social ne les a pas remis dans le circuit. Et tout le rez-de-chaussée de la barre Saint-Paul est occupé par des commerces. Mais ce sont des détails, Babary poursuit :
« Vous dites : les ateliers n’ont pas donné satisfaction. Au moins, ils avaient le mérite d’exister ! Vous nous avez reproché qu’il n’y ait pas de concertation… Il y a une concertation, elle est pas satisfaisante... »
Puis il revient sur l’un des objectifs du nouveau programme de renouvellement urbain, qui montre bien que tous les dispositifs de concertation sont artificiels :
« La concertation n’est pas satisfaisante parce que nous, nous devons proposer un projet qui contient de toute façon des démolitions. 430 logements effectivement, sur dix ans. »
Le maire continue à s’énerver, critiquant les « postures » et « l’opposition de principe » de l’élue PS. D’après lui, les habitants du quartier (« les gens ») sont « manigancés pour certains par des associations, et vous le savez très bien, je peux les citer une par une ».
Après les associations qui manipulent les migrants, voici celles qui « manigancent » (sic) les locataires. Le maire a quand même une vision très particulière de l’action politique.
Intervention de Pierre Texier. Puis d’Emmanuel Denis, qui se félicite que la métropole maintienne plus de 40 millions d’euros de financement pour l’habitat, et que l’enveloppe « rénovation » ait été multipliée par trois. Il embraye ensuite sur le Sanitas, et invite le maire à ne pas se trouver de prétexte :
« C’est les municipalités qui décident ou non de détruire les logements. »
Il rappelle ensuite que, lors de la réunion publique organisée par la mairie, « on savait déjà que les commerces allaient être déplacés (...) et que 400 logements allaient été détruits, avec des projets déjà de nouvelles résidences ». A propos de la concertation, il rappelle une évidence :
« Vous annoncez des ateliers de concertation et de travail avec les conseils citoyens, mais si c’est juste pour discuter des espaces verts ça n’a plus aucun intérêt ».
Nouvelle intervention de Schalk-Petitot pour dire à quel point le travail mené est formidable. Tous les points suivants de l’ordre du jour sont évacués quasiment sans discussion. Du coup on va arrêter le compte-rendu là.