Monsieur le Président,
À plusieurs reprises, le département de sociologie/anthropologie a tenté de vous alerter sur les difficultés qui sont les siennes.
Comme d’autres filières, nous avons connu une inflation rapide de nos effectifs étudiants, sans augmentation proportionnelle de notre équipe pédagogique. À la différence d’autres cependant, nous avons dû gérer la défection de deux collègues, situation que vous connaissez bien, et qui nous met dans une tension de plus en plus difficile à gérer.
Les contrats d’enseignements ont permis, ces deux dernières années, de faire tenir tant bien que mal notre formation. Hélas, sur les enseignements très spécifiques pour lesquels nous les utilisons, le vivier de recrutement local est très réduit et les collègues recrutés ces dernières années jettent l’éponge, écœurés des conditions dans lesquelles il leur est demandé de travailler.
Le jeune collègue que vous avez rencontré le 2 mars dernier, a réalisé cette année près de 500 heures d’enseignements dont seules 400 lui seront payées, pour un salaire à peine supérieur au smic qu’il ne touchera que sur 10 mois. Dans ces conditions, le mystère n’est pas qu’il nous abandonne, mais bien qu’il ait tenu. Quand bien même nous le voudrions, nous ne pourrons sans doute pas lui trouver de remplaçant, et rien ne garantit que son collègue tienne lui aussi durablement la charge. A 59 ans, il réalise 28 heures de cours hebdomadaires ce semestre.
Nous avons le sentiment d’aller dans le mur. Nous ne pouvons nous résoudre à sélectionner nos étudiants ou dégrader la qualité de notre formation pour gérer ce surcroit d’effectifs. Ce sentiment est partagé par d’autres départements qui se sont rapprochés de nous suite aux journées portes ouvertes. Eux non plus nous ne peuvent se résigner à laisser la jeune génération de lycéens de la Région Centre-Val-de-Loire être accueillis de la sorte dans notre université.
Vos déclarations à La Nouvelle République du 10 mars 2019 [1] nous laissent à penser que vous avez pris conscience, au moins en partie, de la gravité de la situation, mais nous ne pourrons nous satisfaire d’un soutien purement rhétorique. Nous vous l’avons dit et le répétons ici : en l’état, nous ne pouvons garantir que nous ouvrirons notre filière à la rentrée prochaine et nous ne sommes pas les seuls dans ce cas.
Si vous êtes, comme nous, attachés à la qualité de l’enseignement universitaire, nous attendons des actes forts de votre part.
Dans l’attente de vous rencontrer, nous vous adressons nos salutations cordiales,
Les enseignants du département de sociologie/anthropologie