Mobilisation au CAO de Tours contre les risques d’expulsion et les mensonges d’Adoma

Un rassemblement de soutien a eu lieu ce lundi matin devant le centre d’accueil et d’orientation de Tours afin de soutenir les réfugiés menacés d’expulsion des locaux. Le directeur local d’Adoma s’est rendu sur place pour confirmer son impuissance face à la préfecture.

Neuf heures du matin ce lundi 12 juin. Réfugiés et militants affluent des environs pour soutenir les résidents du CAO qui ont perdu leur droit à l’hébergement et ont été « invités » à se tourner vers les services d’hébergement d’urgence, pourtant saturés.

Étaient présents un grand nombre de résidents des CAO de Tours et Saint-Pierre-des-Corps, des membres des collectifs de soutien locaux, mais aussi des réfugié-e-s solidaires, actuellement sans réponse positive du 115, et à la rue quasi-quotidiennement.

Deux salariés d’Adoma, l’entreprise qui gère les deux centres, représentaient leur direction. Pris à partie et incapables de fournir des réponses satisfaisantes, ils ont rapidement appelé leur directeur, Sylvain Ollivier, qui s’est alors déplacé. Un échange a pu ainsi avoir lieu sur le risque d’expulsion de certains résidents. A ce jour, une quinzaine de résidents se sont vus signifier la fin de leur droit à l’hébergement. Le directeur s’est déclaré impuissant face aux services de la préfecture et aux instances de l’État, seules décisionnaires, et a admis ne pas pouvoir s’opposer à la venue éventuelle de la police. L’intervention de la police a été évoquée verbalement comme un recours possible en cas de refus des résidents de quitter les locaux, et fait peser une menace permanente sur leur tête.

A ce jour, les exilés du CAO réclament avant tout de pouvoir rester dans la structure le temps d’obtenir des papiers.

Conditions d’hébergement et communication mensongère

La présence du Sylvain Ollivier a également été l’occasion d’aborder la question des conditions d’hébergement au sein du CAO. En la matière, la direction locale et le service communication d’Adoma noient le poisson, voire mentent, afin de donner à penser que le quotidien des exilés vivant dans les centres gérés par l’entreprise serait radieux [1]. Pourtant, comme l’a admis le directeur, les cours de français et l’accès aux équipements sportifs ont été mis en place il y a un mois seulement, alors que certains résidents vivent au CAO depuis plus d’un an [2]. Les résidents ne disposent pas de cartes de transports, ce qui rend compliqué leurs déplacements depuis des structures excentrées, notamment pour les cours de français pourtant essentiels. Enfin, la salle télé du bâtiment n’est toujours pas accessible aux exilés. Autant d’éléments qui permettent d’apprécier la sincérité du démenti rédigé par le service communication hors-sol d’Adoma suite à un précédent article (voir le communiqué en pièce jointe).

Afin de travailler sur les points de tension et revendications, une date de réunion a été fixée à la mi-juin entre Adoma, les représentants des résidents et les collectifs de soutien.

Notes

[1Le 7 juin dernier, la sénatrice du Val-de-Marne Esther Benbassa était en visite au CAO de Saint-Pierre-des-Corps. Elle a déploré le manque de moyens, de personnel et l’isolement des résidents, malgré les activités qui y sont menés par des associations locales. Une visite au CAO de Grandmont (où aucune association n’est active et où le personnel est tout aussi restreint) l’aurait plus que confortée dans ses propos. Elle écrit dans un courrier interne à EELV : « A ce jour, deux intervenantes sociales travaillent dans ce CAO (nous n’en avons rencontré qu’une seule), elles ont la charge en principe de 30 personnes chacune. L’accent devrait être mis aussi sur l’apprentissage du français, apparemment bien insuffisant aux yeux des personnes que nous avons rencontrées. (...) Nous n’avons pas vu un seul associatif sur place, ce qui fait penser à des relations probablement tendues entre des associations et les gestionnaires du CAO. Le siège d’Adoma à Lille n’a pas souhaité non plus que la radio « France Bleu » nous accompagne pendant cette visite. Après des négociations, le journaliste de « La Nouvelle République du Centre Ouest » a pu entrer avec nous. (...) On ne peut que se demander comment un seul responsable hébergement peut gérer cinq structures à lui tout seul. Malgré sa bonne volonté, il ne peut pas faire plus. (...) »

[2A ce propos, le directeur d’ADOMA a souligné que des cours étaient auparavant accessibles dans le centre ville mais qu’ils étaient saturés de sollicitations, ou que certains résidents n’y étaient pas assidus. La jeunesse de la structure CAO et la précipitation de sa mise en place dans le cadre des démantèlements des camps de Calais et de La Chapelle a été mise en avant pour justifier l’organisation tardive de ces points.