Le groupe Publicis envahit la gare de Tours avec des écrans publicitaires triplement polluants

Au cours de l’été, des écrans animés siglés « Médiatransports » ont fait leur apparition à l’entrée des principaux quais de la gare de Tours. L’entreprise, qui se félicite de « l’attractivité » de ses « mobiliers digitaux », en a déjà installé plus de 1 700 dans les gares et dans le métro parisien.

Au cours de l’été 2015, le grand panneau mécanique affichant les trains au départ, installé entre les voies D et E, avait disparu au profit d’écrans LCD disséminés à différents endroits de la gare. Cet été, de nouveaux panneaux ont été installés dans l’enceinte SNCF, mais ceux-ci ne contiennent aucune information utile aux voyageurs et voyageuses : il s’agit de panneaux diffusant des publicités vidéos en continu.

Ces panneaux appartiennent à Médiatransports, une régie publicitaire appartenant au groupe Publicis. Sur son site, l’entreprise se félicite d’avoir été le premier afficheur français à polluer l’espace public avec ces écrans : depuis 2010, elle en a déployé plus de 1 700 dans les gares et dans le réseau de transports en commun d’Ile-de-France. Autre source de satisfaction, pour Médiatransports : « l’impact renforcé » des messages commerciaux imposés aux usagers des transports [1].

Pollution visuelle, écologique et cognitive

Entre la luminosité des écrans et l’animation des images, il est certain que ces dispositifs captent le regard, qu’on le veuille ou non. En plus, les panneaux sont localisés de manière stratégique pour maximiser leur impact, comme l’entreprise l’explique sur son site :

« L’implantation des emplacements digitaux a été pensée en s’appuyant sur les forces de chacun de nos univers : un réseau puissant quadrillant le métro et un réseau impactant en gare avec des écrans situés dans les secteurs les plus stratégiques. »

On sent que Publicis a bénéficié du soutien de la SNCF pour imposer les messages de ses clients à toutes et tous. Et le nombre de personnes touchées par ces messages est colossal : d’après l’afficheur, ses « mobiliers digitaux », comme il les appelle, ont « une audience hebdomadaire de 5,8 millions de voyageurs par semaine » [2].

En début d’année 2018, un collectif regroupant diverses associations avait lancé un appel à résister à « l’invasion publicitaire » que constitue le déploiement massif de ces panneaux vidéos. L’appel pointait du doigt la triple pollution causée par ces panneaux : visuelle et lumineuse, énergétique et écologique, cognitive et mentale. Une pétition avait été lancée pour obtenir l’interdiction de ces écrans dans les gares SNCF... visiblement sans succès.

Pourtant, ces écrans publicitaires vidéos symbolisent deux phénomènes inquiétants : la privatisation de l’espace public par les entreprises, et la fuite en avant consumériste.

Notes

[2Les usagers et usagères des transports en commun ne sont pas les seules victimes de ce nouveau type d’écrans publicitaires. Une autre entreprise, Fill Up Média, se vante sur son site de faire subir le même genre de nuisance à 4,6 millions d’automobilistes chaque semaine, via ses 3 700 écrans répartis sur plus de 650 stations-service.