Je connais un terroriste. Il mange du porc, a des mauvaises notes en Histoire-Géo et bloque les trains

Je connais un terroriste. Insoupçonnable ennemi de la France. Machiavélique infiltré au coeur de la société. Malfaiteur déguisé en grand ado. Il mange de la purée-jambon les jours de ramadan. Joue à des jeux vidéos. Fait semblant d’être étourdi... Mais c’est une couverture ! Le 2 octobre dernier, ce djihadiste a bloqué le train d’Amboise pendant trois heures ! Appelons-le Hector.

Les autorités nous ont pourtant prévenus. Nos ennemis sont désormais nos propres enfants. Pour lutter contre Daesh, ce sont nos mômes qu’il faut « repérer et traiter », ainsi que le préconisait courageusement Madame Nathalie Saint-Cricq, brillante chef du service politique de FR2, et petite-fille du fondateur de notre chère Nouvelle République Bananière.
Ne vous y trompez pas : une société qui a peur de ses propres enfants est une société saine. Enfin, il faut quand même en enlever les pommes pourries.

David Vincent avait raison ! Les envahisseurs sont parmi nous !

L’ennemi n’est donc plus seulement ce lointain barbu avec des cimeterres plein les dents.
Malgré les patrouilles de soldats équipés d’armes de guerre qui assurent désormais la sécurité de la ville de Tours (qui est la troisième capitale du terrorisme international après Bassora et Mossoul), l’ennemi est désormais lové parmi nous. Il est peut-être même déjà vautré depuis quinze ans dans ton canapé !

Terrorisme à Tours, Indre-et-Loire ? Délire paranoïaque volontaire pour contrôler les citoyens par la peur en les montant les uns contre les autres ? Enfumage sur les vraies raisons de la déconfiture de la société ? Les complotisto-gauchistes — et surtout les Ravachols paranoïaques de la Rotative — ont tort : le responsable de tous nos malheurs est déjà infiltré au sein de nos foyers. Félon tellement machiavélique qu’il ne ressemble même plus à « un arabe », mais bel et bien à un ado « céfran » qui squatte ton frigo et ton ordinateur ! Et en plus, c’est ton gosse !

Revenons-en à Hector. L’enfant d’un couple de copains. Pour les quadras tourangeaux, Hector est le fils du guitariste de Spicy Box, groupe qui, en son temps, pratiqua le techno-dub-hardcore, mais à tendance crypto-taliban comme on va le voir. Je frisonne en pensant qu’il y a 16 ans, j’ai fait, sur mes genoux, sauter un terroriste qui a aujourd’hui surement envie de me faire sauter à mon tour !

Pour reconnaître les terroristes, c’est pas compliqué : ils ont le petit doigt tout raide.

Le cauchemar a déjà commencé

Il y a quelques jours, dans un train sillonnant notre douce campagne tourangelle, (dont la terre qui ne ment pas verra bientôt ses sillons abreuvés du sang impur des hordes talibanes), une courageuse et intelligente citoyenne, (qui n’écoute que son devoir et les consignes de sécurité Vigipirate), signale aux autorités un sac suspect. Une bombe terroriste habilement déguisée en sac d’écolier ? Train immobilisé pendant plus de trois heures. Une équipe de démineurs vient de La Rochelle en hélicoptère. Et, à la stupéfaction générale — car personne ne s’y attendait — il s’avère finalement que la bombe camouflée en sac d’écolier n’est en fait… qu’un sac d’écolier. Hector a bêtement oublié son sac dans le train. L’andouille !

C’est par le coup de téléphone d’un gendarme — probablement désolé par l’extrême ridicule de la situation — que la mère du terroriste a appris que son fils s’était pris une sale note en Histoire-Géo. Avant de paralyser un train pendant trois heures. A défaut de désamorcer une bombe, les pandores ont en effet décortiqué le sac de l’étourdi, jusqu’à éplucher ses cours et son carnet de liaison. Ils n’ont pas dû être déçus... Mais par chance extraordinaire, il se trouve que ce jour là, les farces de l’ordre n’avaient pas d’autre mission à remplir ! On imagine que la SNCF est elle aussi ravie.

On reste songeur, si pour totalement paralyser notre grand pays, il suffisait simplement de le bombarder… sous une avalanche de cartables d’écoliers disséminés un peu partout sur le territoire, en des points plus ou moins stratégiques… comme un petit train de campagne par exemple. Plus efficace et beaucoup moins cher que les cocottes-minutes et autres bonbonnes de gaz remplies de clous… On est finalement bien peu de choses… si toute les armes de notre grande nation ne valent rien contre quelques sacs d’écoliers…

Vous n’avez rien compris : la guerre n’est pas la guerre. En fait, la guerre, c’est la paix.

1984 d’Orwell : ce n’est plus de la science-fiction

J’avais 26 ans en 1995, quand, après les attentats du métro Saint Michel, le pays est passé en plan Vigipirate plus ou moins éternel.
J’avais toujours connu les lieux publics sans soldats. Dès 1995, j’ai été très choqué de voir les gares se remplir de gens en kaki, armés jusqu’aux dents. Mesure très efficace comme on l’a vu à Charlie, et qui sert surtout à nous transformer en espèce de société à l’israélienne, où tout le monde serait armé pour se regarder en chiens de faïence, surtout les bronzés, qui après les juifs et les voleurs de poule, restent quand même les meilleurs boucs-émissaires, même dotés de cartes d’identité française.

J’en parlais l’autre jour avec Barnab’, le fils d’autres copains qui a 20 ans aujourd’hui.
Il a toujours vu des soldats dans les lieux publics. Il est né avec. Ces simulacres de guéguerre sont pour lui parfois inquiétants quand il en voit dans les gares parisiennes, mais pas vraiment anormaux. Ils sont pourtant encore plus choquants quand on a connu la société française d’avant... 1984.

En une génération, les puissances d’argent qui nous gouvernent ont habitué les Français au spectacle des armes dans le quotidien. Ont complètement disqualifié, humilié, épuisé les farces de l’ordre qui se voient assigner des missions grotesques, inutiles. Et dispendieuses.

Combien de temps avant que les marionnettes politiques des oligarques ne convainquent vraiment les gens que nos ennemis sont nos propres enfants ?
Solution encore plus radicale que de tuer tous les terroristes dès la naissance : arrêtons de faire ces gosses qui demain viendront nous égorger sans vergogne. Et retarder nos trains. Et squatter nos canapés. Fumiers de jeunes.

Jibédé.