Nathalie Saint-Cricq, responsable du service politique de France 2, et accessoirement frangine du président du directoire de La Nouvelle République, a livré, dans le journal de 13 heures du 12 janvier, une « analyse » (sic) qui mérite d’être largement connue :
« C’est justement ceux qui ne sont pas "Charlie" qu’il faut repérer, ceux qui, dans certains établissements scolaires ont refusé la minute de silence, ceux qui "balancent" sur les réseaux sociaux et ceux qui ne voient pas en quoi ce combat est le leur. Eh bien ce sont eux que nous devons repérer, traiter, intégrer ou réintégrer dans la communauté nationale. Et là, l’école et les politiques ont une lourde responsabilité. »
Saint-Cricq oublie que la liberté de pensée est un droit fondamental, et suggère apparemment d’envoyer la DGSI (et les profs ?) traquer et « traiter » ceux qui n’auraient pas affiché « Je suis Charlie » sur leur profil Facebook, sur leur cartable ou sur la vitrine de leur commerce. Ne pas s’être écrié, à l’unisson du Nasdaq, de Sarkozy, de Merkel, de Valls, de JCDecaux ou de Serge Babary « Je suis Charlie », ça vaut bien une petite surveillance renforcée, voire un « traitement » spécial dans les sous-sols de Levallois. Rien de tel pour donner envie d’intégrer la « communauté nationale ».
D’autant que pour Saint-Cricq, ne pas « être Charlie », c’est forcément le fait de personnes extérieures à la « communauté nationale », puisqu’il est question de les y intégrer ou de les y réintégrer. A la manière d’Eric Zemmour, Nathalie Saint-Cricq nous explique ce que signifie « vivre à la française ». Les bons Français sont Charlie, cela va de soi. Ils n’ont rien à se reprocher, et d’ailleurs ils ne seront certainement pas opposés à une couche supplémentaire de surveillance...