Jorju, la quarantaine, est à Tours depuis trois jours. Il a passé les dernières nuits dans une voiture, faute de place dans les différents foyers d’accueil d’urgence de la ville. Chaque soir, la réponse du 115 est la même : « Désolé, pas de place ». Chaque soir, une quinzaine de personne au moins sont laissées à la rue — sans compter celles et ceux qui ont cessé d’appeler, dégouté-es par les refus à répétition.
Jusque-là, Jorju était hébergé dans un foyer parisien de la Croix-Rouge. Mais il a été mis à la rue, faute d’être suffisamment autonome. Les lieux d’accueil sont systématiquement dépourvus d’aménagement permettant d’accueillir les personnes handicapées dans de bonnes conditions. Or, Jorju ne peut rien faire seul : ni manger, ni s’habiller, ni rien.
Ce soir encore, l’insistance des bénévoles de Chrétiens Migrants n’y a rien fait : Jorju et la personne qui l’accompagne ont été laissés dehors par les services de l’État. C’est l’association qui va payer de sa poche la chambre d’hôtel qui leur permettra de passer la nuit dignement [1].
La préfecture d’Indre-et-Loire et la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) n’ont jamais envisagé, et n’envisagent toujours pas, d’ouvrir des lieux d’hébergements pouvant accueillir des personnes en fauteuil roulant dans des conditions acceptables. Aucun foyer existant dans la métropole de Tours n’est adapté. Ce qui conduit souvent à des situations indignes pour les personnes concernées.