Chronique d’une année scolaire : la rentrée sans chanter

Ce mardi 1er septembre, élèves et enseignants entrent dans le grand bain de la rentrée des classes. Il y a une chose dont je me réjouis : Blanquer n’a pas pu nous placer sa célèbre rentrée en chanson.

À cette période l’année dernière, je lisais ce texte sur le site du ministère de l’éducation nationale :

« Le 2 septembre 2019, la rentrée scolaire a lieu "en musique" dans les écoles, les collèges et les lycées. Pour cette troisième édition, les élèves sont accueillis par des chants ou des concerts afin de commencer l’année sous le signe de la joie et de la sérénité. Le développement de la pratique collective de la musique est essentiel pour bâtir l’école de la confiance. »

Un an plus tard, je lis ça :

« L’objectif de cette rentrée 2020 est d’accueillir tous les élèves dans un cadre serein, propice aux apprentissages et à la reprise de la vie collective. Afin de garantir la protection des élèves et des personnels, la rentrée doit être assurée dans le respect des règles sanitaires dans les écoles et les établissements scolaires. »

Entre temps, il y a eu une pandémie, une école fermée en catastrophe, une réouverture cahin-caha en mai et juin, une fermeture pour l’été. Nous nous sommes bien amusés, l’été a été chouette, quelques élèves d’Indre-et-Loire auront eu le privilège de jouer au foot avec Macron lors de leurs vacances apprenantes à Chambord. On aura surtout bien enterré tous les besoins de l’éducation publique. Alors, oui, pour cette rentrée, nous aurons les masques et le gel hydroalcoolique. L’année dernière, nous avions nos chorales d’enfants. Mais quand aurons-nous ce qui nous manque vraiment ?

Du temps pour la formation continue, du temps pour échanger sur nos pratiques d’enseignante·s, des postes pour co-intervenir dans les classes, des remplaçant·es pour ne pas surcharger les classes quand nous sommes absent·es, des enseignant·es spécialisé·es pour aider les élèves en grande difficulté, des AESH avec des statuts pérennes et des salaires dignes de ce nom, des locaux adaptés aux canicules à venir, aux ventilations nécessaires, des classes où 20 élèves serait un maximum indépassable, des ordinateurs pour assurer la continuité pédagogique, du respect de l’institution pour notre statut, du dialogue avec le ministère plutôt que des enquêtes ne comprenant que des QCM, des moyens plutôt que des ritournelles joyeuses pour se souhaiter de jolies rentrées.

Finalement, je sais simplement une chose, en chantant ou pas, il faudra bien sourire derrière le masque ce matin pour les accueillir ces 25 nouveaux élèves dans la classe. Pour une nouvelle année. Soyons honnête, je suis contente de ne pas enseigner à Châteauroux, où Jean-Michel Blanquer sera en visite ce mardi matin. Je crois que je n’aurais pas réussi à sourire en accueillant mon ministre.

Deca