La chasse aux pauvres est devenue, depuis que l’équipe de Serge Babary est aux commandes, la base de la politique municipale de Tours. Au centre-ville elle se caractérise notamment par la systématisation des arrêtés anti-mendicité (introduits sous le règne de Jean Germain) pour « nettoyer les rues » et la volonté de déménager le café associatif La Barque, accusé d’amener des flots de mendiants dans la rue Colbert.
Pour l’instant, les protestations sont assez modérées et on a évidemment pas entendu l’opposition municipale sur le sujet. Faut-il s’en étonner ? Non. D’abord parce que la précédente municipalité — certes moins ouvertement — avait déjà lancé la machine. Ensuite, parce qu’il suffit de regarder ce qu’il se passe actuellement à Paris autour de la gare du Nord pour comprendre de quoi est capable le PS en la matière.
A Tours, certains militants ont décidé de ne pas laisser aux pouvoirs publics le monopole de cette saloperie. Habitants du centre-ville, ils ont crée avec d’autres voisins le Collectif 3C (Colbert Cathédrale Citoyenneté) pour, dixit la Nouvelle République, « se fédérer autour du mieux vivre ensemble ».
Un des membres du collectif qui s’exprime dans la NR n’est autre que Benoît Wolf, ancien conseiller municipal aux côtés de Jean Germain et ancien secrétaire départemental du PS, par ailleurs délégué syndical CFDT. Ce que les membres du collectif racontent au quotidien local est édifiant et on comprend assez vite qui est entendu par « mieux vivre ensemble ».
Histoire de se distinguer un peu de la municipalité, Benoît Wolf précise bien que le collectif n’a rien contre la présence de la Barque dans le quartier. Une fois cela posé, la différence se fait moins nette. D’ailleurs il précise bien que s’ils veulent bien de la Barque c’est parce qu’elle « ferme à 18 h ».
« Une habitante » (sic !) résume ce qui motive le collectif. « Si Colbert a changé, ce n’est pas du fait de la Barque mais des bars, restaurants et autres kebabs qui se sont multipliés au détriment des commerces existants précédemment : épicerie, fromagerie, droguerie… ».
On a bien compris qu’il s’agit de défendre des intérêts contre d’autres — notamment ceux des patrons de bar, des usagers non habitants du quartier mais aussi ceux des habitants du coin qui participent à l’activité festive des lieux (il y en a, plein même). Intérêts qui peuvent se résumer assez facilement : vouloir bénéficier d’un atout, le cachet du quartier, pour soi et ses semblables. Le tout avec une éloge bien poujadiste des petits commerces dans lesquels on allait pas (parce qu’ils ne sont pas morts à cause des fêtards ou des SDF, hein !). Des commerces traditionnels opposés — tiens c’est amusant dans la bouche de gens de droite du PS — notamment aux kebabs...
On reconnaît les militants de partis à ce qu’ils finissent par débiter automatiquement des éléments de langage. Après le « vivre ensemble », Benoît Wolf conclue donc logiquement par un autre poncif : « Nous voulons associer les habitants aux décisions. Nous nous inscrivons dans une démarche citoyenne ». Ce qui est d’ailleurs assez comique quand on sait qu’Alain Callet, président du comité de quartier depuis des lustres (15 ans) - participe au collectif.
Voilà le visage de ce que sont capables de produire des militants PS sur le sujet de la nuit, de la pauvreté et de la vie en ville : un truc individualiste et poujadiste. Et ce n’est pas le vernissage « citoyen » qui fera illusion...