Après le coup de l’arrêté anti-mendicité, encore reconduit pour l’été, la mairie a maintenant annoncé qu’elle souhaitait faire déménager le local associatif La Barque, un café qui accueille les personnes en grande difficulté sociale [1]. Une annonce préparée par plusieurs articles de La Nouvelle République qui relayaient les plaintes des commerçants de la rue Colbert vis-à-vis des personnes faisant la manche dans la rue ou aux terrasses des bars. [2]. Le problème que pose le lieu ne serait pas tant son existence que sa localisation dans une rue commerçante.
Le discours médiatique et politique est clair : il s’agit de faire place nette pour les touristes, et de « laisser les commerçants commercer », pour reprendre la délicate formulation de l’adjoint à la sécurité, Olivier Lebreton [3]. On nous prépare une ville en mode Disneyland pour touristes, avec hôtels de luxe, commerces haut de gamme et rues sous surveillance.
Oui, quand on boit un coup en terrasse rue Colbert, il arrive de se faire taper une pièce par un type qui en a besoin pour se payer de quoi bouffer. Reste que le soir, les terrasses de la rue sont pleines.
La Barque peut difficilement être pointée du doigt, puisque le local ferme à 18 heures. Si des personnes précaires viennent faire la manche là, c’est que c’est l’un des rares coins de la ville où il y a encore du passage en soirée. Et si Lebreton se retrouvait à la rue un jour, on lui déconseillerait vivement d’aller mendier à Blanqui ou La Riche en soirée, il risquerait de galérer sec.