Décidément, les députés En Marche d’Indre-et-Loire aiment la guerre et les industries qui l’alimentent. En 2018, le député de Tours Philippe Chalumeau s’était activé pour faire voter un plan de modernisation de l’arsenal nucléaire français pour un budget de 37 milliards d’euros. En 2019, c’est la députée de la cinquième circonscription, Sabine Thillaye, qui s’enthousiasme pour un projet d’avion de combat destiné à remplacer la flotte actuelle à l’horizon 2040.
Dans un tweet daté du 5 janvier 2020 [1], Thillaye revenait sur un événement marquant de son année 2019 : une visite au salon de l’aéronautique du Bourget, « à l’invitation du Président de la République », le 17 juin. L’occasion d’assister à la signature, par les ministres française, allemande et espagnole de la Défense, d’un accord cadre sur le système de combat aérien du futur (SCAF). Dans le communiqué de presse qu’elle consacrait à l’événement, Thillaye se réjouit : la conclusion de cet accord serait la preuve « du poids croissant des femmes dans le secteur de la défense » (sic) [2]. Sur la photo qui accompagne le communiqué, on voit Thillaye entourée de costards, tailleurs et uniformes, sur un podium décoré des logos d’Airbus et de Dassault Aviations.
Un pognon de dingue pour Dassault, Thales et compagnie
Qu’est-ce que le SCAF, qui réjouit tant Thillaye ? Un énorme projet de coopération impliquant la France, l’Allemagne et l’Espagne, visant à développer un système complet d’avions de combat et de drones, notamment pour remplacer les Rafales en dotation dans l’armée française [3]. Car dans l’esprit de Thillaye et de sa clique, les partenariats pour la construction d’armes de guerre sont propices au développement de la paix entre les peuples... Pour l’occasion, le vocabulaire de l’armée s’est adapté à celui de la start-up nation : à l’occasion d’une table ronde organisée par La Tribune en marge du salon du Bourget, le chef d’état-major de l’armée de l’air et une cadre de la Direction générale de l’armement ont disserté sur le thème du « combat collaboratif connecté ».
Depuis la signature de l’accord cadre au Bourget, le projet SCAF semble à la peine, notamment en raison d’intérêts industriels et politiques divergeants [4]. Pourtant, la loi de finances pour 2020 lui consacre un budget de 1,4 milliard d’euros, visant à « couvrir le lancement des premières activités de développement du programme de démonstration » [5]. Dassault Aviation, Thales, et Safran doivent se frotter les mains.
À terme, ce sont des dizaines, voire des centaines de milliards qui seront injectés dans le projet : en 2011, les membres de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat établissaient le coût total du programme Rafale à 43,5 milliards d’euros ; le nouveau programme, plus ambitieux, pourrait connaître une explosion des coûts comparable à celle constatée pour le développement de la dernière génération d’avions de combat américains [6].
Baisser le montant des indemnités chômage, des retraites, des aides pour le logement, et en même temps offrir des milliards au complexe militaro-industriel pour développer leurs engins de morts, voilà ce qui se cache derrière les sourires bourgeois de Sabine Thillaye.