A., 59 ans, conductrice pour 432 euros par mois : « on veut pas rester avec Vortex, c’est des requins »

Témoignage d’une salariée de l’entreprise Vortex, qui s’occupe du transport scolaire de personnes handicapées pour le compte du Département. Depuis que cette société a été choisie pour assurer ce service, les difficultés s’accumulent pour les salarié-es : retards dans le versement des salaires, jours de travail non payés, etc.

« J’ai 59 ans, ça fait cinq ans que je travaille dans le transport. Là on est déçus, on n’a pas demandé à changer d’employeur, on se retrouve avec des personnes pas accueillantes. Y avait Monsieur C. qui était là, on était seize, il nous a fait signer les contrats vite fait, on n’a pas eu le temps de les lire, parce qu’il y avait plein de monde. Le lendemain, je me suis rendu compte que mon contrat, au lieu d’être à 51 heures, était à 33 heures. J’ai fait des lettres, sans réponse. J’ai téléphoné au siège, à Montpellier, on m’a dit « Oui oui, ça va se régulariser », mais rien n’a été fait.

Là, on vient d’avoir nos salaires. Il y a des jours où j’ai travaillé, on me dit que j’ai pas travaillé, on me met « absence injustifiée », moins deux heures. J’ai été voir hier, soit-disant que ça va revenir. J’ai des jours où il y a marqué « provision », ça veut dire qu’ils nous comptent que deux heures au lieu de trois heures et demi. Donc faut encore attendre le mois prochain, parce qu’ils ont pas eu le temps depuis le 15 septembre de faire les feuilles de salaire...

Il y a eu des retards dans les versements des salaires, et ils sont encore trois à ne pas avoir eu leur salaire. C’est pour ça qu’on se plaint, on n’en peut plus. On appelle à Montpellier, mais ils disent d’appeler à Tours, et quand on appelle à Tours ils disent d’appeler à Montpellier. Ils se permettent de téléphoner à 8h30 pour nous confier un enfant. On travaille le mercredi, alors que nos contrats prévoient qu’on ne travaille pas ce jour-là. Et j’ai un mercredi qui n’a pas été payé, soit-disant que je n’ai pas travaillé. D’ailleurs, on ne sait même pas si on est couverts dans ces cas-là.

On doit se débrouiller seuls. L’autre jour, je suis allé chercher une enfant à La Rabière pour constater qu’elle était déjà partie avec un autre chauffeur. Tout se passe comme ça, c’est mal organisé. Les secrétaires, les pauvres, ne sont pas bien traitées.

L’année dernière, je pouvais travailler jusqu’à 70 heures par semaine. Au mois de septembre, j’ai fait 51 heures, même si mon nouveau contrat est de 33 heures. J’ai touché 432 euros. On est passés de 10,31 euros de l’heure à 10,11 euros. Tout le monde est descendu à 10,11 euros, alors que les salarié-es qui avaient 8 ou 10 ans d’ancienneté touchaient 10,51 euros de l’heure. Pour Vortex, tout est normal, alors qu’on devrait être sur le même contrat qu’avant. Là, on a appris qu’on pourrait ne pas être payé pendant les congés scolaires.

On a voulu être reçus au Conseil départemental, mais ils ont refusé, seules quatre personnes ont pu entrer. On nous a dit que le Conseil départemental allait faire le nécessaire avec Vortex. Des gens de chez nous sont convoqués la semaine après. Mais on veut pas rester avec Vortex, c’est des requins. Plein de chauffeurs sont obligés de payer l’essence, mais on n’est pas là pour payer l’essence ! »

Illustration par Frédéric Bisson.