Le 6 avril, une manifestation était organisée à Tours contre la tenue d’une déclinaison régionale du « Jour de colère ». Bien que l’extrême-droite ait finalement annulé sa manifestation, le Collectif antifasciste tourangeau (CAT) avait maintenu son appel à défiler, et avait reçu le soutien de nombreuses organisations et associations locales. Le cortège avait rejoint différents lieux d’agressions commises par des militants d’extrême-droite, et s’était également arrêté devant l’ancienne boutique de vêtements de Pierre-Louis Mériguet, chef du groupuscule identitaire local Vox Populi.
Sous prétextes d’incidents survenus devant cette boutique — en fait, le jet de quelques œufs de peinture, qui avait valu à certains manifestants de se faire violemment charger par la poignée de CRS présents —, le délégué département de Solidaires a été convoqué le 15 mai par le commissaire responsable de la sécurité publique à Tours.
Le délégué de Solidaires, présent lors de la manifestation du 6 avril, avait été interviewé par plusieurs médias locaux. Apparemment, cela a suffit pour que les flics le considèrent comme l’organisateur de la manifestation. Et de lui reprocher de ne pas avoir déclaré cette manifestation en préfecture, ce qui constitue un délit passible de 6 mois de prison ferme.
Or, cela fait plus de 30 ans qu’un certain nombre d’organisations tourangelles ne déclarent pas leurs manifestations. C’est notamment le cas de la CGT et de Solidaires. Mais ça a également été le cas lors de certaines manifestations des ouvriers de Michelin lors de l’annonce des suppression des postes à l’usine de Joué-lès-Tours : les manifs étant parfois décidées le matin pour l’après-midi, il était de toute façon trop tard pour les déclarer. On peut également citer la manifestation organisée spontanément en juin 2013 lors de l’annonce de la mort de Clément Méric, tué par un militant d’extrême-droite à Paris.
Pour le délégué départemental de Solidaires, sa convocation au commissariat s’inscrit dans un contexte national de répression syndicale ; en période de crise, les autorités auraient tout intérêt à raidir leur comportement vis-à-vis des collectifs de lutte et à menacer « les militants qui animent le mouvement social ».
A la suite de la manifestation du 8 mars pour les droits des femmes, une militante de Solidaires avait été verbalisée parce que son véhicule — qui faisait office de sono — avait roulé sur une portion de la rue Nationale.
Illustration : manifestation à Paris le 17 octobre 1909, après l’exécution de Francisco Ferrer, anarchiste espagnol.