Un coup de main, s’il vous plaît ! La Table de Jeanne Marie a besoin de bénévoles

La table de Jeanne Marie recherche des bénévoles, quelques heures par semaine ou plus, pour aider à préparer des repas. Pas des spécialistes de la restauration, simplement des hommes et des femmes prêt-es à s’investir dans une cantine populaire ouverte à toutes et tous.

Un endroit convivial

Depuis l’hiver 2015, d’abord au quartier Velpeau, puis actuellement, au 65 rue Febvotte , la table de Jeanne Marie offre des repas à celles et ceux qui n’ont rien. Tous les jours, dimanche et fériés compris, la table est dressée pour deux services consécutifs à partir de midi.

A la création de l’association, ce sont 40 à 50 repas qui sont servis au quotidien, puis rapidement une centaine, voire plus, comme actuellement. Aujourd’hui c’est prés de 35 000 repas par an, ce n‘est pas simple tous les jours, mais l’utilité d’un tel espace n’est plus à démontrer, à l’heure où les pouvoirs publics confondent lutte contre la pauvreté et combat contre les plus pauvres. La table de Jeanne Marie a l’ambition de procurer des repas, de la convivialité, de la culture et de la dignité.

Mineurs étrangers, migrants, retraités à bout de ressources, jeunes vivant dans la rue, personnes seules sans revenu ou aux revenus trop modestes, toutes et tous sont accueilli(e)s dès dix heures du matin, pour prendre un petit déjeuner, attendre l’heure du repas au chaud.

C’est sans doute un des rares endroits où sans contrepartie, sans regard soupçonneux, on peut prendre un fauteuil et lire, charger son téléphone, parler autour d’une tasse de thé, se renseigner sur une procédure, l’obtention d’une aide, ou poser son sac trop lourd, pour se reposer un peu, les samedis on peut aussi trouver des vêtements gratuitement.

En lien avec d’autres associations, la Table de Jeanne Marie est aussi un pivot, un nœud d’activités, qui propose une aide administrative aux migrants, des après-midis culturelles, des repas à thème, de l’apprentissage et de la formation. Après le repas, la salle à manger se transforme en salle de cours et de création artistique.

Les personnes qui viennent à la table de Jeanne Marie sont des adhérents. Bien évidement certain(e)s ne peuvent même pas payer la cotisation de 5 euros, aussi celles et ceux qui le peuvent payent une ou plusieurs cotisations suspendues. La table de Jeanne Marie ne fonctionne que sur ces adhésions modestes, des dons, et la récupération de denrées consommables.

Chaque journée est le résultat d’une organisation rigoureuse et d’efforts multiples

Les bénévoles arrivent un peu avant 10 heures du matin. Pour préparer et servir les repas, il faut être au moins 6 à 8 personnes chaque jour, de 10h à 15h. L’équipe est constituée d’un(e) référent(e) qui organise le travail, qui est aussi l’interlocuteur(rice) des convives, un(e) cuisinier(e), et de 4 ou 5 équipier(e)s, qui vont aider en cuisine, faire la vaisselle, servir à table, nettoyer, ranger. D’autres équipiers vont aussi glaner l’approvisionnement, ou évacuer le compost. L’équipe en place sollicite aussi l’aide des personnes accueillies, pour aider au rangement et à la vaisselle.

D’abord, il faut organiser les petits déjeuners sur les tables, puis vers 10 heures commencer à préparer le repas. Ce n’est pas toujours simple, on ne connaît pas à l’avance le nombre de convives qui arriveront (entre 80 et 110), on ne sait pas forcément ce qui va être récolté par les maraudes qui récupèrent l’alimentation donnée par les supermarchés. Heureusement, une gestion rigoureuse des stocks permet d’utiliser ce qui a été mis de côté les jours précédents. Une gestion prévisionnelle, à plus long terme, permet aussi le stockage de denrées moins périssables, boites de conserves, riz, pâtes, huile, etc. Des impératifs rigoureux permettent de faire une cuisine de qualité, à base de produits frais, en quantité.

Ne rien jeter, récupérer, ne rien gâcher, ranger, trier de la réception à l’évacuation

Chaque jour l’association sert une soupe, une salade ou des crudités, un plat de légumes, du riz ou du couscous, des nouilles, et dans la mesure du possible de la viande ou du poisson, et un dessert. Chaque équipier(e) met beaucoup d’énergie à réaliser les menus qui seront servis à table, pour que ce repas ne soit pas seulement une distribution de calories, mais aussi un moment de détente et de convivialité. Souvent, nous nous sommes mis au défi en une heure à peine, de trier et d’éplucher plusieurs dizaines de kilos de kiwis, pêches, oranges, pommes, poires, assez matures, pour réaliser une salade de fruits originale. Parfois, la maraude a déposé quatre cagettes d’avocats, bien mûrs, qu’il faut trier, éplucher, citronner, pour réaliser une entrée qui sera appréciée.

Les soupes demandent souvent de la créativité, en deux heures, à peine, trier les légumes, les éplucher, choisir les épices qui vont donner le meilleur accord. La proximité de personnes des quatre coins cardinaux aide à créer des mets de qualité, les goûts viennent alors d’Haïti, de Kabylie, d’Afrique de l’Ouest, une sorte de carte postale dans le menu. Chaque jour, avec des aliments récupérés, l’intendance du 65 rue Febvotte s’ingénie à inventer une cuisine conviviale, pour que la table soit plus fraternelle, et plus belle.

Et puis vient la vaisselle, tâche moins poétique mais incontournable, cela commence à 11h avec les bols et tasses des petits déjeuners, puis vers 12h45, la vaisselle du premier service, 50 couverts, plus des gamelles de cuisine. Tout cela en très peu de temps, il faut laver les tables, les dresser de nouveau, un second service doit être prêt en salle vers 13h, puis on recommence à laver les 50 couverts restants, les plats qui vont avec, puis laver la cuisine, le réfectoire, et ranger, pour que l’équipe du lendemain trouve un lieu de travail propre et opérationnel.

Le travail en cuisine et en salle ne doit pas occulter d’autres tâches primordiales. Tous les jours, un véhicule enlève le compost alimenté par les épluchures et les reliefs (maîtrisés) des repas, chaque matin une équipe livre les produits glanés dans les supermarchés et les épiceries sociales, le pain donné par des boulangers. Il faut trier les énormes glacières, répartir ce qui va être préparé, ce qui va être conservé. Des conditionnements individuels peuvent aussi être préparés, beaucoup de personnes n’ont pas de quoi faire un repas le soir. Certain(e)s dorment dans la rue et doivent avoir de quoi s’alimenter.

Des voisins , des adhérents amènent aussi des denrées, des plats, des desserts qu’ils ont confectionnés, des vêtements , des jeux, des livres. Le 65 rue Febvotte est un lieu d’échange et de vie. C’est aussi un lieu de travail qui mérite un peu plus de participant(e)s.

Combattre la misère comme objectif, mais ne pas oublier le quotidien

En France, 9 millions de personnes vivent en-dessous du seuil de pauvreté, 142 000 SDF recensés ne résument pas, hélas, le nombre de personnes, de familles, qui dorment dans la rue. Les pouvoirs publics mènent un combat indigne contre les pauvres en laissant prospérer la misère. La police charge les plus faibles comme ce fut le cas le 2 novembre lors de l’évacuation des migrants qui s’étaient réfugiés au CLOUS.

Il ne suffit pas d’avoir échappé à la noyade en Méditerranée, aux guerres, aux chantages les plus vils des profiteurs de misère, aux viols, à l’esclavage parfois, arrivés en France les plus démunis doivent encore se cacher, consacrer une énergie folle pour obtenir des papiers, et se justifier sans cesse.

De nombreuses personnes retraité(e)s n’arrivent plus à assumer leur quotidien après une vie usée au travail. Familles monoparentales, précaires, personnes fragiles subissent une misère effroyable, organisée. Ce panorama affligeant pousse un grand nombre à militer pour combattre la misère. C’est un réflexe sain.

A Tours, Chrétiens Migrants, Utopia 56, RESF et d’autres associations se battent au quotidien auprès des migrants, pour que leurs droits humains essentiels soient de mise. Secours populaire, Secours catholique, Emmaüs, Restos du cœur œuvrent avec beaucoup d’énergie pour rendre la dignité aux plus éprouvés. Dans ce combat pour la dignité, La Table de Jeanne Marie prend sa part, chaque jour. La demande ne faiblit pas et il nous faut renforcer nos équipes, pour ne pas abandonner les plus fragiles.

Nous avons besoin de bénévoles. Pour chaque journée à la table de Jeanne Marie , il faut 6 à 8 équipier(e)s qui s’engagent de 10h à 15h00. Un engagement d’un jour par semaine est suffisant, la journée est assez fatigante, certain(e)s viennent deux fois, d’autre assurent une journée de week-end. Il faut faire à sa mesure, ne pas sous-estimer la tâche. Il n’est pas nécessaire d’être une ou un spécialiste de la cuisine, chacune et chacun ont un travail simple à effectuer, mais il faut s’inscrire dans la durée.

Ce travail peut sembler ardu, mais il est payé de sourires, il amène une satisfaction modeste, mais réelle, avoir aidé des personnes à affronter une journée dans leur existence difficile. Bâtir de l’humanité, là où nous sommes, c’est toute notre ambition.

On peut aussi, bien sûr, donner un peu d’argent, car nous ne récupérons pas tout, il nous faut acheter parfois, et contrarier un budget déjà étriqué.

Pour nous contacter : La table de Jeanne Marie, 65 rue Febvotte, Tours 37000