Tours, matraque d’or de l’hôtellerie. Lettre ouverte au maire et au député

Le 2 novembre, avec méthode et acharnement, la police a jeté à la rue de jeunes migrants. Ce n’est pas une bavure mais un acte politique concerté.

Lettre ouverte à
Christophe Bouchet
Maire de Tours
Philippe Chalumeau
député de la première circonscription d’Indre-et-Loire

Messieurs,

Vendredi 2 novembre, rare violence dans notre ville. Une trentaine de policiers ont jeté à la rue plus de quarante personnes, essentiellement des jeunes migrants sans logis, ayant trouvé asile précaire dans un bâtiment vide.

Il ne s’agit pas d’une bavure, mais d’action concertée. Des fonctionnaires affectés à la protection et la défense des personnes ont reçu l’ordre de mettre à la rue des gens en détresse. Une femme enceinte, un enfant de 17 mois se trouvaient dans le groupe, aucune humanité n’est venue interrompre ces actes.

Sur les sacs jetés dans le froid trônait un lit de bébé, un petit lit, dit-on avec des mots de tendresse, autour, des policiers en armes, casqués, montaient une garde sinistre, indécente et grotesque. 30 policier(e)s armé(e)s ont triomphé de migrants mineurs et de quelques femmes transies. Comme dit l’autre, force reste à la loi.

Monsieur le Maire, Monsieur le député, cette scène révoltante se passe dans la ville où vous avez sollicité et obtenu les suffrages des citoyen(ne)s. 50 personnes équivalent à 3,6 pour mille de la population de Tours. Le danger et les risques étaient-ils donc si grands qu’il faille recourir aux forces de l’ordre pour remettre à la rue des personnes fragiles, sans ressources, et donc réaffecter au néant des bâtiment déserts ?

Une représentante de l’État était présente avec les forces de l’ordre, elle proposait une solution de relogement temporaire pour 25 personnes après la mise à la rue de plus de quarante autres. Quelqu’un a donc pensé déplacer des fonctionnaires, les uns expulsant, les autres tentant de reloger, dans le même mouvement, au même endroit.

Le coût du déploiement de pieds nickelés ne devait pas être assez conséquent puisqu’une société de gardiennage a été réaffectée, sur les deniers publics, en urgence, à la surveillance d’un bâtiment vide, pour que des gens démunis ne puissent s’y abriter.

Notre pays consacre de l’argent à la mort, un avion Rafale de 40 millions d’euros tire des missiles Exocet à 800 000 euros, mais on ne peut pas laisser dormir des jeunes gens dans un bâtiment vide depuis des lustres... La réponse, là également, passe par la violence de l’État.

Ce vendredi 2 novembre l’argent public a été dépensé pour combattre les pauvres et non la pauvreté. Les personnes en détresse ont été traitées en délinquants alors que c’est l’État français qui ne respecte pas la loi en laissant des mineurs à la rue.

Monsieur le Maire, Monsieur le Député, vous devez assumer que Tours soit la ville où la police jette les jeunes à la rue, ou faire en sorte que vos actes et décisions se démarquent de cette pratique barbare.

Ce n’est ni la colère ni la tristesse qui motivent cette lettre, mais la honte et le dégoût.

Recevez Messieurs mes salutations

Michel ANCE
Retraité
http://piquetdegreve.blogspot.com/