Stationnement gratuit : la mairie de Tours prend soin des bagnoles

Après avoir privatisé le contrôle du stationnement et décidé d’une augmentation des tarifs, la mairie de Tours a annoncé la suspension de la réforme en raison de « dysfonctionnements importants ». En attendant, le stationnement sera gratuit. Réaction.

On avait bon espoir qu’il devienne de plus en plus cher de garer sa bagnole à Tours. On rêvait d’une ville saine, apaisée, où le moindre espace libre ne serait pas accaparé par des voitures, où petit à petit il n’y aurait plus de bruit de moteur, ni d’odeur de gaz d’échappement, où ni l’industrie automobile, ni les pétroliers n’auraient d’emprise sur nos vies. On pensait au bien être des habitant-e-s, à leurs mollets galbés par l’utilisation de modes de déplacements actifs, enrayant la dégradation de l’état sanitaire des tourangeaux et tourangelles. On imaginait pouvoir envoyer nos enfants à l’école sans risque d’être percuté par une caisse d’une tonne lancée à trente kilomètres par heure. On s’était même projeté dans une économie relocalisée : la grande distribution et ses hypermarchés, fleurons de notre société de consommation et construits sur le tout-voiture, avaient fait faillite. Les commerces de proximité fleurissaient partout, redonnant vie aux quartiers comme aux communes alentours, ramenant l’emploi plus proche de l’employé-e et la production plus proche de la consommation.

On rêvait... Mais c’était sans compter sur les élu-e-s de notre mairie qui, après nous avoir suggéré ce rêve, nous impose un cauchemar bien réel : le stationnement automobile gratuit. Oui, m’enfin vous comprenez, c’est les soldes quand même !

À l’heure où Tours s’affiche « capitale du vélo », à l’heure où la liste des communes qui ont le courage politique de proposer la gratuité des transports en commun s’allonge [1], à l’heure où les esprits ont pris conscience de la nécessite d’agir rapidement pour limiter le réchauffant climatique, la mairie de Tours incite financièrement ses administré-e-s, ne serait-ce que provisoirement, à utiliser leurs bagnoles.

Marc Pettre

Notes