En 1986, sous la houlette de Thatcher en Grande-Bretagne et de Reagan aux États-Unis, le néo-libéralisme sévit de plus belle. En France, c’est la première cohabitation sous l’ère Mitterrand, et le gouvernement de Jacques Chirac accentue les politiques de privatisation. Cette volonté de venir en aide aux différents lobbys touche jusqu’à l’Éducation nationale. À ce titre, l’enseignement supérieur est la cible d’attaques à la fois libérales, conservatrices et corporatistes de la part des partis de droite. Cette année-là, Chirac annonce la couleur, sans doute sous l’influence d’Yves Durand, membre du syndicat Union nationale inter-universitaire (UNI), lié aux réseaux Pasqua, et conseiller Recherche et Université à Matignon :
Le principe d’autonomie doit être définitivement concrétisé tant à l’entrée — au moment de la sélection des étudiants — qu’à la sortie — au moment de la délivrance des diplômes. […] Elle passe par une abrogation rapide de la loi sur l’enseignement supérieur de 1984 [1].
Avec le projet de loi du ministre de l’Enseignement supérieur Alain Devaquet, le secteur privé est donc à la fête : autonomie des universités, fin du caractère national des diplômes, sélection à l’entrée de l’Université, hausse des frais d’inscription... Autrement dit, retour au corporatisme d’avant 1968, aux universités à deux vitesses, et affirmation du caractère de classe de l’enseignement supérieur. De quoi mettre la jeunesse dans la rue.
Un avant-goût
À la rentrée d’octobre, beaucoup d’étudiants souhaitent agir contre le projet de loi. Des réunions sont organisées, des affichages sont réalisés à la Faculté des Tanneurs... L’UNEF diffuse des tracts et tient des stands d’information. Premier point de mire : la journée de grève de la fonction publique le 21 octobre.
Ce jour-là, à Tours, 3 000 personnes manifestent dans les rues dont plusieurs centaines d’étudiants.
Dimanche 22 novembre
Alors que la presse locale annonce que « dans la région la grogne s’installe plus ou moins, sans pour autant aboutir à la grève », des États Généraux des étudiants sont organisés à la Sorbonne [2]. À cette occasion, le mouvement lancé le 17 novembre sous le mot d’ordre « Contre la sélection par l’argent », décide de généraliser la grève dès le lundi 23 dans toutes les facs de France. Et le président de l’Université de Villetaneuse de déclarer à cette occasion que : « le caractère sérieux et responsable du mouvement étudiant ne peut que forcer la sympathie ».
Faut dire, le mouvement est soutenu par pas moins de 42 présidents d’université (sur 72), ainsi que par 50 anciens présidents. Comme le rappelle le président de Paris XI :
Je me félicite que nous partagions un sentiment commun contre ce projet rétrograde et dangereux. Nous sommes avec vous dans votre combat résolu dans une bataille dont dépend l’avenir des universités et le sort même de la formation supérieure dans le pays.
Désormais le mouvement s’articule autour de sept revendications :
- Égalité de tous devant le droit aux études ;
- Inscription de tous les bacheliers dans la filière de leur choix ;
- Libre inscription en licence des titulaires des DEUG et DUT ;
- Maintien sans équivoque des diplômes nationaux ;
- Mise en place de droits d’inscription non prohibitifs et fixés nationalement et sans fourchette ;
- Égalité des étudiants français et étrangers ;
- Réengagement de l’État dans les CROUS et à l’Université.
Lundi 23 novembre
Dans la foulée de la décision des États Généraux estudiantins, la grève est votée à Tours. Les 2 000 étudiants de l’Assemblée Générale (Sciences, Sciences Humaines et Lettres) actent également le principe d’une manifestation à Tours, en parallèle du défilé parisien, pour la journée du 27 novembre. Dans la journée, les IUT se joignent au mouvement. Une rencontre est prévue le lendemain avec les enseignants pour organiser une action commune.
C’est que le travail militant « classique » mené depuis des mois (textes et brochures, réunions d’information, tracts, prises de parole dans les amphis et salles de TD et TP, discussions et controverses sur les tactiques) porte ses fruits.
À l’appel de la Fédération de l’Éducation nationale (FEN) et des associations complémentaires de l’enseignement public, 500 manifestants se retrouvent dans les rues de Tours pour protester contre le projet de réforme Monory-Devaquet.
Mardi 25 novembre
À la Faculté des Tanneurs, une intersyndicale des personnels enseignants et non enseignants adopte une motion de soutien aux étudiants grévistes, et appelle à la grève. Dans l’après-midi, La Nouvelle République affirme que « la mobilisation étudiante fait tache d’huile et gagne les lycées ».
Mercredi 26 novembre
Le mercredi, 10 000 étudiants sur les 17 000 que compte l’université sont en grève. Le mouvement est massivement suivi en Lettres, en Sciences et à l’IUT. Les étudiants tourangeaux réclament le retrait pur et simple du projet. Le personnel, à la suite de l’intersyndicale, arrête, lui-aussi, le travail, bientôt suivi par les étudiants d’administration économique et sociale (AES). Seule la Faculté de Médecine reste à l’écart. L’Administration, relayée par la presse locale, semble penser que le seuil maximum de mobilisation est atteint dans le Supérieur.
Dans la journée, des tractages sont effectués devant les lycées Descartes, Choiseul, Balzac et Grandmont. Des délégations en profitent pour discuter avec les lycéens et les enseignants du Secondaire.
Jeudi 27 novembre
Manifestation monstre à Tours. Même La Nouvelle République n’y peut rien, c’est « la plus grande mobilisation de jeunes jamais vue depuis 1968 ». Ils sont 10 000 dans les rues de Tours à rejeter le projet de réforme de l’enseignement supérieur et à vouloir se battre « contre un projet de loi sélectif, anti-démocratique, inégalitaire, empêchant de poursuivre correctement leurs études et choisir librement leur formation ». Il s’agit non de changer le système, mais de « défendre des valeurs morales d’égalité de tous devant le droit des études ». Volonté manifeste de se démarquer de 68. Direction la Préfecture puis l’Inspection Académique.
On peut entendre dans les rues de nombreux slogans : « Retrait de la réforme », « Non à la fac des riches », « Non aux facs à l’américaine », « Non aux facs à péages », « Non à l’élitisme et à l’inégalité ». Au milieu de la foule, les pancartes rivalisent de bons mots : « Devaquet, bourreau de nos études », « Devaquet, au piquet », « voter Devaquet, c’est perdre ses facultés », « Devaquet, pourquoi tant de haine », « Un vaquet ça va, deux vaquet, bonjour les dégâts »...
On voit même des effigies de Devaquet, montées façon pantin, et brandies au bout d’une potence — un cercueil suivant derrière. Ce n’est pas tout, les chants entonnés jonglent entre reprises du Bon roi Dagobert : « Le bon roi Devaquet avait mis son projet à l’envers », et appels à se le mettre, ce projet, et sans hésitation, au... Et La Nouvelle République, elle-même, d’écrire « l’image du ministre aura besoin d’un sacré ravalement, car [les manifestants] l’ont mis à toutes les sauces, pas méchamment, mais avec talent. Mordant quand même. (…) personne ne s’est ennuyé ».
Vendredi 28 novembre
L’Assemblée Générale des étudiants est une nouvelle fois massive. La grève y est reconduite, y compris pour les amphis de médecine ! Parallèlement, les trois quarts des lycées de Tours se mettent en grève. Bientôt suivis par Loches, Chinon, Amboise... La proposition d’occuper la Faculté en cas de non-avancées d’ici lundi est également votée à l’immense majorité.
Lundi 1 décembre
Communiqué des étudiants grévistes :
Nous étudiants, nous nous sommes tous prononcés de façon unitaire pour le retrait du projet Devaquet et communiquons les motifs de notre refus.
Que signifie le désengagement financier de l’État en matière d’éducation générale ? La mainmise des investissements privés sur l’enseignement. L’article 17 prévoit que les établissements publics « peuvent percevoir le produit de prestations de services assurées à titre onéreux et celui de l’exploitation des brevets ou d’autres droits de propriété industrielle ou intellectuelle. Ils peuvent prendre des participations ou créer des filiales ». Ainsi le projet Devaquet aboutit à la marginalisation et, à terme, à la disparition des filières dites « non rentables » (lettres, sciences humaines, musicologie…).
En effet, le changement technologique implique une adaptation continuelle. Or les formations techniques ne doivent pas pour autant étouffer la nécessité d’une culture générale. C’est la pluralité de l’enseignement qui est en cause, donc la notion même d’éducation. Nous voulons choisir librement nos études.
Mardi 2 décembre
À Tours, « le front étudiant tient bon (…) l’annonce du renvoi en commission du projet et la déclaration du premier ministre prêt à discuter, n’ont visiblement pas freiner la mobilisation étudiante et lycéenne ». À l’Assemblée Générale du jour, le prochain gros objectif est la manifestation nationale prévue le 4 décembre.
Cette même journée, une centaine d’étudiants vient chahuter la soutenance de thèse du fils de Robert Pandraud à la Faculté de Médecine. Faut dire que le papa est là, avec une garde rapprochée importante, et en tant que ministre délégué à la Sécurité du gouvernement Chirac (et ancien directeur de la police nationale), c’est lui qui a remis en service les fameux « voltigeurs », ces policiers montés sur motos tout-terrain, chargés de « nettoyer » les rues après les manifestations [3]. Il affirme dans la presse locale combien ce comité d’accueil l’a amusé.
Mercredi 3 décembre
Dans l’optique de proposer une manifestation monstre à Paris le 4 décembre, les étudiants de Tours cherchent à envoyer dans la capitale le plus de monde possible. Pour ce faire, deux actions sont menées ce mercredi 3 décembre :
- « Faites une bonne action, achetez en une ». Comme le rapporte La Nouvelle République : « Il n’était pas possible de faire cent mètres sur les trottoirs de Tours sans se voir proposer de souscrire à une action de l’université ou d’acheter un badge, tout en signant une pétition contre la loi Devaquet » ;
- Une centaine d’étudiants se rendent dans l’après-midi au péage de Monnaie où elle a poursuivi sa collecte auprès des automobilistes,« trop heureux de ne pas avoir à régler le prix de leur passage ».
Aux Tanneurs, la Faculté est désormais occupée toute la journée, tandis que sur la seule machine dont disposent les grévistes, 15 000 tracts sont tirés. Une commission s’occupe d’organiser la manifestation tourangelle du 4 pour celles et ceux qui ne pourront pas se rendre dans la capitale.
Jeudi 4 décembre
La levée de fond a été une réussite : en plus des voitures particulières, ce sont 16 bus et deux wagons SNCF qui sont affrétés. Soit un peu plus de 2 000 Tourangeaux qui montent sur Paris. Tout le monde se retrouve à Saint-Pierre-des-Corps pour le départ. Ce jour-là, les organisateurs affirmeront qu’un million de personnes étaient réunies dans la capitale contre le projet de loi.
A Tours, c’est pique-nique protestataire le midi. Dès 9h30, les lycéens sont accueillis à la Faculté des Tanneurs pour différents ateliers (banderoles, pancartes, tracts...). On y retrouve notamment les lycéens de Becquerel venus en nombre. Vers 12h30, ils sont environ 2 000 jeunes à profiter des pelouses du jardin des plantes ou de celles de la fontaine de la place Jean Jaurès. Un cortège de lycéens de Grandmont arrive au même moment : ils sont 500. La manifestation s’annonce réussie.
A la suite du pique-nique, ce sont près de 7 000 personnes (chiffres de la police !) qui défilent dans les rue de Tours : rue Nationale, rue de la Scellerie, rue Corneille et Préfecture. La place de cette dernière est trop petite pour faire tenir tout le monde, du coup les étudiants envoient une délégation et se dirigent vers Champ Girault pour un sit-in (et re-délégation de six étudiants). Enfin, c’est la préparation d’un grand concert le soir aux Tanneurs.
Sur les banderoles il était possible de lire : « La lune est un astre, Devaquet est un désastre », « Ça se passe comme ça chez Mac Devac » (avec des étudiants en hamburger), « Gaston Lagaffe battu par Devaquet ». Les slogans reprennent « Devaquet au piquet, Monory au pilori », devenu un classique, et la foule chante, sur l’air de Kalinka : « Aïe aïe, Devaquet ton projet il va foirer ».
Vendredi 5 décembre
L’édito de La Nouvelle République, signé Taribo, annonce : « Les jeunes ont défilé pour rien le 4 décembre ». Comme le souligne le journal du PCF d’Indre-et-Loire La Voix du Peuple le week-end suivant : « En terme clair, c’est de la désinformation et de la manipulation d’opinion dans l’intention de nuire au mouvement de ces millions de jeunes. Constatons que votre article n’a servi à rien ».
A l’Université, à l’issue de l’Assemblée Générale et en protestation contre les violences policières de la veille à Paris après la manifestation — il y a eu plusieurs centaines de blessés, une dizaine d’étudiants ont été admis à l’hôpital, certains ont perdus un œil ou une main —, les deux milles étudiants et lycéens présents improvisent une manifestation. Entre 17h et 18h, pas une parole et pas un slogan. Ils défilent dans un silence pesant, derrière une unique banderole avec ces simples mots : « tristes et indignés ».
Samedi 6 décembre
Les étudiants mobilisés de Tours publient ces quelques mots dans la presse :
L’ensemble des étudiants et des lycéens tient à exprimer vigoureusement son indignation et sa colère face aux violents actes répressifs dont ils ont été victimes lors de la manifestation du 4 décembre.
Dans l’après-midi, une nouvelle manifestation de 300 personnes (chiffres de La Nouvelle République) ira jusqu’à la rue de Bordeaux, multipliant les sit-in, histoire de perturber celles et ceux qui se préparaient une après-midi shopping. Une grande partie des participants arborent des badges « Ils sont devenus fous », fournis par SOS Racisme.
Le soir, à Paris, Malik Oussekine, 22 ans, étudiant, sort d’un club de jazz. Repéré par des voltigeurs, envoyés au Quartier latin pour le « nettoyer » après la manifestation parisienne, il est aussitôt poursuivi.
Un fonctionnaire des finances, rentrant chez lui, le laisse entrer dans le hall de son immeuble. Peine perdue : les policiers entrent à leur tour. Selon le fonctionnaire des finances, seul témoin des faits, les voltigeurs « se sont précipités sur le type réfugié au fond et l’ont frappé avec une violence incroyable. Il est tombé, ils ont continué à frapper à coups de matraque et de pieds dans le ventre et dans le dos ». Il meurt dans la foulée.
A la suite de l’incident, Devaquet démissionne. C’est que d’une bête crise étudiante, désormais la crise est politique, avec le risque qu’elle se transforme en crise sociale. Or, mai 1968 est dans toutes les têtes. Plus tard, le fameux Robert Pandraud déclarera : « La mort d’un jeune homme est toujours regrettable, mais je suis père de famille, et si j’avais un fils sous dialyse je l’empêcherais de faire le con dans la nuit » [4].
Lundi 8 décembre
Une journée portes ouvertes avait été prévue à la Faculté des Tanneurs. Portes ouvertes destinées à faire connaître à l’extérieur le sérieux de la grève estudiantine. Les débats sont maintenus dans la matinée.
Nous ne voulons pas de ces lois qui rendent encore plus difficile aux moins riches l’accès aux études (…) si nous nous battons, ce n’est pas seulement pour nous, c’est contre toutes les injustices (…) il faut en finir avec la soumission de l’école aux intérêts du grand patronat.
Dans le même temps, et à l’appel de la CGT, à 11h15, plus d’un millier de personnes (principalement des salariés accompagnés d’une délégation de lycéens et d’étudiants) s’est réuni devant les grilles de la préfecture pour protester contre la mort de Malik Oussékine. Des fleurs y sont déposées.
A 13h, les étudiants apprennent le retrait de la loi Devaquet. Un peu tard pour les grévistes :
La violence ne vient pas de la masse des grévistes. Si le gouvernement n’a que la violence pour réponse, ce sera la rupture avec la jeunesse. Monory n’a pas répondu à nos souhaits (…) l’enjeu fondamental, c’est la privatisation des facs.
La réforme enterrée, il est alors décidé une manifestation l’après-midi contre la répression policière, avec un dépôt de fleurs à 17h30, place Jean Jaurès, devant une photo de Malik déposée sur les marches de l’hôtel de ville.
Et ce sont 4 000 manifestants qui vont se retrouver pour Malik, « assassiné par la répression policière ». Une grande partie des lycées sont présent : Grandmont, Choiseul, Paul Louis Courier... On peut lire sur les quelques pancartes présentes : « Un mort, la sélection commence » ou « Pour un projet débile, la police assassine ».
A la suite de la manifestation, le mouvement est reconduit jusqu’au mercredi, pour une nouvelle manifestation, avec un seul mot d’ordre : non à la répression. « Car ce n’est pas parce nous avons gagné qu’il faut aujourd’hui tout laisser tomber ».
Mardi 9 décembre
Ce mardi, les jeunes étudiants communistes de Tours déclarent :
Jeunes, étudiants, lycéens, nous venons au terme d’une lutte exemplaire de remporter une grande victoire sur ceux qui nous avaient condamné trop vite à n’être que des spectateurs passifs de notre avenir.
Pourtant, nous n’oublierons pas le prix qu’il fallut payer pour en arriver là.
Malik Oussékine est mort et de nombreux étudiants ont été blessés, dont certains gravement, victimes des brutalités policières et des casseurs professionnels que la police de Chirac a laissé faire pour tenter en vain de discréditer le mouvement.Aujourd’hui nous avons gagné et demain ?
La sélection par l’argent omniprésente dans nos conditions d’études (insuffisance de bourses, coûts de plus en plus élevés des droits d’inscription, des loyers en Cité U etc.) empêche de fait de nombreux jeunes de s’inscrire à l’Université faute de moyens financiers.
L’existence des filières d’élite mises en place par Chevènement, la sélection opérée par certaines universités font que de nombreux bacheliers ne peuvent s’inscrire dans l’université de leur choix.
Le désengagement financier de l’Etat implique à terme, faute de moyens financiers suffisant pour l’université, une dévalorisation de nos diplômes sur le marché du travail et des difficultés, de plus en plus grandes, à trouver un emploi correspondant à notre niveau de qualification.
Ensemble et unis nous pouvons gagner l’Université que nous voulons.
Les étudiants grévistes travaillent à l’élaboration d’une motion à déposer mercredi 10 novembre à la préfecture, une motion pour demander la constitution d’une commission d’enquête suite à la mort de Malik.
Mercredi 10 décembre
Alors que le projet de loi Devaquet est mort, « victoire au goût amer », la foule se rassemble pour dire non à une police qui assassine. Cet après-midi là, ils sont 15 000 dans les rues du centre-ville de Tours. 15 000 pour rendre hommage à Malik Oussékine.
Un mot d’ordre national demandait une absence de slogans ou de pancartes, pour une marche silencieuse. Mais à Tours, la colère est parfois trop forte et on peut entendre des cris sortir de la foule : « Pasqua démission, on est pas au Chili », « Pasqua assassin, tu as du sang sur les mains », « Chirac matraque, t’es pas un démocrate ».
Lors des allocutions de fin de cortège, un membre de SOS Racisme appelle à « se méfier des projets scélérats qui demeurent dans les cartons ». Petit à petit, la manifestation se disloque. Parmi les derniers slogans entendus ce jour-là, après « Devaquet on t’a eu, Pasqua, on t’aura », de nombreux « Plus jamais ça ».
32 ans plus tard, le projet de loi Vidal a fait ressurgir le spectre de Devaquet, pour des finalités qui semblent bien être les mêmes.