Décès de Pierre Louis, ancien syndicaliste à Billancourt et militant contre les crimes impérialistes au Vietnam

Nous avons appris le décès de Pierre Louis, souvent croisé au fil des manifestations tourangelles. Nous reproduisons ici la nécrologie que lui ont consacré ses camarades de l’usine Renault de Billancourt, publiée par L’Anticapitaliste.

Notre camarade Pierre Louis (Pham van Than), connu sous le pseudo de Chenier, militant à Renault-Billancourt, nous a quittés à l’âge de 86 ans. Il fut à partir de 1968 un militant actif de la Ligue communiste, de la LCR puis du NPA. Né des iniquités de la colonisation française en Indochine, d’une mère paysanne pauvre et d’un père « inconnu » (soldat du corps expéditionnaire français en Indochine), il fut élevé à l’orphelinat catholique de Bac Ninh et emmené de force en métropole à l’âge de 12 ans, en 1947. Il a raconté sa jeunesse dans un livre, Enfance d’un petit Eurasien, publié aux éditions vietnamiennes (Thé Gioi) sous son nom vietnamien, qui nous a tous émus.

« Seul gréviste de tous les techniciens de Billancourt »

Entré en centre d’apprentissage, il obtint un CAP de tourneur puis un brevet professionnel d’ajusteur. Embauché comme dessinateur industriel au Commissariat à l’énergie atomique à Saclay, il participa activement, en 1968, comme représentant des intérimaires, au comité central de grève, décrite par l’un de ses animateurs comme « des soviets à Saclay ». C’est à son entrée, en 1969, à Renault-Billancourt, où il fit la plus grande partie de sa carrière, que nous avons partagé son parcours de vie militante et amicale jusqu’à son départ en retraite, en 1990.

D’abord militant syndical à la CGT et secrétaire de la section UGICT/ETDA, il la quitta par désaccord avec l’attitude de la CGT, après le meurtre de Pierre Overney, en 1972. Il intégra alors la CFDT et fut délégué du personnel durant deux mandats. Exclu du conseil syndical, car il s’opposait à la position liquidatrice de la section Renault acceptant la fermeture de l’usine, il rejoignit la CGT de 1988 à 1990. Il rappelait avec émotion « les nuits passées dans les ateliers en 1968, seul gréviste de tous les techniciens de Billancourt ».

Il fut président de l’association Orange fleurs d’espoir qui défendait les victimes de l’agent orange pendant la guerre du Vietnam et également adhérent de l’Union des Vietnamiens en France. Après sa retraite, il s’engagea comme animateur bénévole et soignant en psychothérapie (après avoir passé les diplômes).

Ces dernières années, il vivait à Tours mais à cause de problèmes de santé, il avait été transféré, récemment, en EHPAD. Sur le plan personnel il fut marié plusieurs fois. Nous, ses anciens camarades de Renault-Billancourt perdons l’un des nôtres et partageons la tristesse de ses proches, de sa compagne et de ses enfants. Jusqu’au bout, fidèle à ses convictions et à son organisation, il demeure un ami, un camarade.

Ses camarades de Billancourt : Emmanuelle, Janette, Jean, Jean-Claude, Patrick, Ramon, Roland