Ce feuilleton a exploré en 8 épisodes l’histoire de Sans Canal Fixe, sans forcément respecter une chronologie, ni même en respectant un fil conducteur, rédigé en suivant les souvenirs de 15 ans de vie avec ce collectif, autour de ce collectif, dans ce collectif. Ce feuilleton s’est construit autour de films, de trajectoires croisées, de questionnements sur le cinéma documentaire, à la marge de la production audiovisuelle.
Les 8 épisodes précédents ont essayé de restituer ce qui semblait tenir de l’essentiel de la vie de ce collectif, formé autour de l’idée d’une télévision libre, itinérante, interrogeant l’espace qu’elle occupe. Les transformations successives de l’association y ont été décrites, des prémices de la production indépendante, aux premiers gestes, en passant par la constitution d’une œuvre cinématographique singulière. Les liens ont été esquissé entre la diffusion, les lieux et les films, le « patrimoine » documentaire et la naissance de nouveaux cinéastes contemporains qui interrogent les formes comme le discours.
Il était essentiel de terminer cette chronique par l’actualité du collectif, qui continue année après année à donner à voir des films, de débattre autour du documentaire de création, de la question cinématographique.
En ce mois de novembre, comme chaque année, dans toute la France, se déroule le Mois du film documentaire [1]. Organisé par l’association Images en bibliothèques, le Mois du doc réunit près de 2 000 lieux culturels, sociaux et éducatifs, en France et dans le monde, qui diffusent plus de 1 600 films documentaires au mois de novembre. C’est l’occasion de découvrir une diversité d’œuvres à travers des programmes originaux et éclectiques.
Pour la troisième année consécutive, la médiathèque de La Riche confie la programmation à Sans Canal Fixe qui propose 3 séances et une rencontre autour de la production alternative de films par des associations et des collectifs de réalisateurs et producteurs.
Cette année, le rendez-vous est fixé du 15 au 18 novembre.
En écho à son cycle de projections mensuelles [2], qui s’intéresse, cette année, aux formes documentaires écrites « à quatre ou cinquante mains », Sans Canal Fixe présentera des films produits et réalisés au sein de structures alternatives basées à Orléans, Lyon ou Marseille, et proches en esprit comme en pratiques du collectif tourangeau.
Ces structures ont une histoire commune liée à l’émergence du tiers-secteur, des télés libres et de la CPML (Coordination Permanente des Médias Libres)... Les séances à La Riche résonnent comme des retrouvailles, l’envie partagée de faire le point sur ce qui a changé : paysages et situations de l’alter-cinéma dans la France de 2016.
Les Marseillais de Primitivi, actifs depuis quinze ans dans le domaine « de la téloche de rue, la production de films courts d’actualité politique et sociale » (mais aussi comme relais d’initiatives similaires en Europe, Amérique du Sud et Afrique), ont ainsi lancé au printemps dernier leur Doctorat sauvage en médias libres, un dispositif de recherche-action qui mêlera formation/production/diffusion « pour poser les bases d’une télévision populaire ». Un dispositif qui comprend, entre autres, des sessions de formation, des réalisations collectives de contenus et une expérimentation continue des modes de diffusion.
Le combat du distributeur 360° et même plus, s’arrime, lui, au désir de « produire et réaliser ensemble des œuvres visuelles et/ou sonores en marge des industries du cinéma et de la télévision », mais aussi à celui de diffuser sans œillères « des cinématographies qui se rejoignent en particulier sur des questions de pratiques et d’économies. »
L’association Grand Ensemble à Lyon, ancre quant à elle son action audiovisuelle (projections, rencontres, ateliers de réalisation, dispositifs de création collective) dans l’éducation populaire, et privilégie les thématiques telles que le monde du travail, la mémoire et l’histoire, les rapports hommes-femmes, les migrations…
Les Orléanais de Cent Soleil, enfin, s’efforcent de produire et de promouvoir « d’autres images de cinéma », là encore par le biais de projections et d’ateliers de pratique audiovisuelle offrant aux participants l’occasion de « réfléchir, à travers la réalisation de courts films, aux langages de l’image et aux manipulations qu’ils engendrent ».
Fortement territorialisés, au sens où l’entend le philosophe et psychanalyste Miguel Bensayag, dans sa critique de « l’homme sans qualité » produit en masse par les sociétés démocratiques occidentales, ces collectifs observent depuis le début des années 2000, avec l’outil-caméra, la complexité des dynamiques sociales et politiques de leur environnement : à la vision unidimensionnelle et sérielle des fictions réelles déversées par les médias mainstream, ils opposent la construction patiente d’une « réalité augmentée » qui n’est autre qu’un espace public, partiel ou parfois confidentiel, mais terrible, parce que vivant...
Les 4 jours à la médiathèque de La Riche seront l’occasion de voir de nombreux films, et de rencontrer les acteurs du documentaire alternatif invités par le collectif.
- Mardi 15 novembre, vous pourrez découvrir en avant-première le film de A.Moltrecht et Y.Petit Seize « pages », suivi de Attention « fragile » de V.Reignier.
- Mercredi 16 novembre est diffusé un long métrage de B.Dubell, Cette guerre et « nous ».
- Jeudi 17 novembre se tient une rencontre autour des pratiques audiovisuelles indépendantes à la faculté des Tanneurs, en présence de membres des collectifs Cent Soleil, Primitivi, Grand Ensemble et Sans Canal Fixe.
- Vendredi 18 novembre est diffusé La fête est « finie » de N.Burlaud.
Le programme complet et détaillé, c’est ici :
Qui sait si ces 4 jours de novembre 2016 ne marqueront pas le début d’une nouvelle chronique sur Sans Canal Fixe.
KD