Retour sur la grève des cheminots du 12 décembre

La veille de la grève, nous vous avions parlé des raisons pour lesquelles les cheminots se mobilisaient. Le 12 décembre, nous les avons rejoints devant la préfecture, où ils se réunissaient.

Entre 150 et 200 cheminots étaient présents devant les grilles de la préfecture de Tours. Auparavant, ils s’étaient réunis en assemblée générale au Foyer des cheminots, situé à proximité de la gare. Après avoir remis au préfet une déclaration commune UNSA-CGT-SUD faisant état de l’opposition des organisations syndicales au projet de réforme ferroviaire porté par le ministre Frédéric Cuvillier, les manifestants se sont dirigés en cortège vers la Direction Régionale SNCF.

Au niveau régional, la SNCF a annoncé un taux de gréviste de 28 %, tous collèges confondus. Un chiffre qu’il faut lire comme un minimum, certains grévistes n’étant pas pris en compte en raison des modalités de calcul appliquées par la direction. Dans certains établissements, des services entiers avaient débrayé.

Le directeur régional ayant accepté de les recevoir, une centaine de cheminots a investi la salle de réunion du rez-de-chaussée. Une syndicaliste a alors donné lecture de la motion unitaire signée par les trois organisations syndicales présentes. Cette motion rappelait que le projet de réforme ne répondait pas aux exigences d’un service public de qualité, et aux conditions sociales de haut niveau nécessaires pour les cheminots et cheminotes. Elle critiquait également la mise en œuvre anticipée de certains éléments de la réforme, avec la constitution par RFF et la SNCF d’un gestionnaire d’infrastructures unifié (GIU), et le développement des filiales. Les organisations syndicales ont dénoncé cette stratégie visant à mettre les cheminots et cheminotes devant le fait accompli, et ont demandé l’ouverture d’une concertation pour une autre réforme du système ferroviaire. La motion se terminait en rappelant que, si les cheminots étaient en grève, c’était pour que la SNCF redevienne une grande entreprise publique, au service des besoins de transport des populations et des marchandises.

A propos des restructurations en cours dans certains établissements, et notamment la mise en place du GIU, le directeur a expliqué qu’il ne s’agissait pas de prendre les devants sur la réforme, mais de répondre aux dysfonctionnements constatés dans la relation entre RFF et la SNCF. A ce sujet, les syndicats ont rappelé qu’ils avaient mis en garde la direction lors de la création de RFF, et ont répété leur refus de voir la direction procéder à un découpage de la SNCF par activités.

L’un des cheminots présents déclarait notamment :

"On veut une réforme du ferroviaire. On est d’accord pour dire qu’on ne fonctionne pas bien et qu’on ne travaille pas bien. Les organisations syndicales et les cheminots qui sont derrière elles ont des propositions pour que ça fonctionne mieux. On pense qu’à force de ne gérer que la partie comptable de l’entreprise, on créé des aberrations sur le train. C’est du grand n’importe quoi. On ne travaille plus en nombre, et on ne travaille plus ensemble. Si on continue à fonctionner comme ça, il y aura des accidents. Cela nous pose problème. L’entreprise doit nous entendre. Aujourd’hui, il n’y a pas de concertation. La constitution de trois EPIC ne peut fonctionner : deux EPIC, c’est déjà un fiasco. Nous voulons une réforme du ferroviaire faisant en sorte que les cheminots travaillent ensemble, nous voulons une entreprise unifiée."

A l’occasion de cet échange, on a appris que Guillaume Pépy était surnommé "Son Excellence" par les agents.