Né il y a un an [1], le collectif de riverains et d’usagers de la Place Saint-Anne (Rennes) alerte sur l’intensification de la surveillance des populations à travers une campagne publicitaire pour un dispositif à tout le moins innovant en France en général, en Bretagne en particulier : une smartapp (application pour smartphone) pour « signaler tout problème de dégradation, bruit, propreté, animal errant, hygiène publique (...) » . Difficile de viser plus large !
Qu’on ne s’y trompe pas. Derrière ce qu’on nous présente aujourd’hui comme un innocent « centre d’appel “tranquillité publique” », avec son inoffensive application mobile baptisée « RenCitéZen », c’est bien une politique d’incitation à la délation publique – nous répétons : une politique d’incitation à la délation publique – que viennent de lancer les « élus » de la Ville de Rennes.
(...)
Au lieu d’inciter ses habitants à se parler, au lieu de les inviter à régler entre eux les différends qui peuvent surgir dans l’espace public (et personne ne nie qu’il puisse y en avoir, celui-ci étant aussi par essence le lieu du frottement et de l’imprévu), au lieu de les amener simplement à se rencontrer, la Ville de Rennes a fait un choix insensé et immonde. Ce choix consiste à faire de chacun de ses habitants un petit citoyen zélé, un petit flic en puissance, et d’opposer les Rennais en tuant cette confiance primitive qui les reliait les uns aux autres. Autrement dit, il s’agit bien ici d’anéantir la communauté rennaise. On croit rêver, quand on pense que les mêmes se font partout les apôtres de la « Fabrique Citoyenne ».
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Illustration : place Saint-Anne à Rennes, par Mabel Lamour