Quand un contrôle de masque se termine par des coups de Taser et une clé d’étranglement

Le 19 octobre en début de soirée, rue Nationale, des flics appartenant à la compagnie départementale d’intervention ont violemment interpellé un homme. Cette interpellation témoigne de la banalité de la violence policière, et de ce qui se passe quand on confie le contrôle de mesures sanitaires aux « forces de l’ordre ».

Sur la vidéo qui nous a été adressée, on voit un homme noir poussé à l’intérieur d’un fourgon de la police nationale. Il porte un masque blanc. Un flic sort de son gilet tactique un pistolet à impulsion électrique et le menace (en le tutoyant) : « Tu montes dans le fourgon ou je te tase ». L’homme se plaint d’être étranglé et affirme qu’il a peur : « J’ai peur pour ma vie, arrêtez vos bêtises s’il vous plaît messieurs ». Une peur qui apparaît comme légitime, si l’on tient compte du fait que la police a tué au moins douze personnes pendant le confinement, et que les principales victimes de la police sont des hommes racisés.

On entend ensuite distinctement le bruit du Taser, et l’homme poussé dans le fourgon se met à hurler, alors qu’un second policier le tire vers l’intérieur du véhicule. Le premier flic sort des menottes, l’autre pratique une clé d’étranglement sur l’homme qui interpelle les passant-es : « C’est ça la vie en France, voilà comment on traite les gens parce qu’ils s’expriment librement. C’est triste. [...] Vous maltraitez les gens ». Les portes du fourgon se referment, on n’entend pas la suite. Le véhicule démarre.

Impunité policière

D’après le proc’, auquel France Bleu Touraine a accordé une large tribune pour défendre les policiers — seule leur version est évoquée dans l’article [1] —, il ne s’agit évidemment pas de violence policière mais d’une « interpellation mouvementée ». Le prétexte ? Sans surprise, un supposé outrage, une infraction régulièrement employée par les flics quand ils n’ont rien d’autre à se mettre sous la dent. Le point de départ de la situation serait lié au fait que l’homme interpellé ne portait pas de masque ; pourtant, on voit bien qu’il en a un au moment de son interpellation.

Mais il n’est pas surprenant que le parquet de Tours refuse de reconnaître des violences quand on lui montre une telle scène, quand bien même les flics font usage d’une arme qui a fait des centaines de morts dans le monde, et qu’ils recourent à une clé d’étranglement, une méthode également critiquée pour les risques qu’elle fait courir aux personnes interpellées. Après tout, ce même parquet avait classé sans suite la plainte d’un manifestant dont la main avait été arrachée par une grenade lancée par la police au milieu d’une foule calme.

L’une des personnes assistant à la scène aurait été intimidée par un flic, qui a prétendu qu’elle n’avait pas le droit de filmer (c’est faux) et qu’il la retrouverait en cas de publication de la vidéo. Les préfets passent, l’impunité policière demeure.

Notes

[1« Tours : "pas de violence policière" dit le parquet, après la publication d’une vidéo d’interpellation », France Bleu Touraine, 20 mars 2020.