Protection de l’enfance : nouveaux licenciements annoncés à la Fondation Verdier

La direction de la Fondation Verdier, qui intervient dans le cadre de la mission de protection de l’enfance, a annoncé en décembre le licenciement de trois salariés, sous prétexte d’un déficit structurel insurmontable [1]. Nous reproduisons ci-dessous la motion de soutien aux salarié·es mobilisé·es, diffusées par le syndicat Sud santé sociaux d’Indre-et-Loire.

Le syndicat Sud santé sociaux d’Indre-et-Loire apporte son soutien aux salarié.es qui sont mobilisés à Verdier. Il y a 2 ans, sur le département, débutaient les fameux appels à projet dans la protection de l’enfance... En acceptant docilement de participer à cette mascarade, les directions des associations, des fondations et des établissements ont validé la notion même de la logique marchande d’appels d’offres... Elles ont validé la casse de la protection de l’enfance !... la casse de l’outil de travail !... la casse d’un outil qui est avant tout au service des enfants qui sont accueillis ou accompagnés ! Elles ont validé le fait de faire passer la rentabilité et l’économie avant la nécessité des moyens à hauteur réelle des besoins des usagers et usagères ! Aujourd’hui, partout dans les établissements de la protection de l’enfance, comme à Verdier, c’est bien les conséquences de cette politique départementale et nationale que l’on voit : le manque de moyens humains et la déqualification des métiers !

Sur le terrain, c’est le jeu de l’économie. La plus grande part d’un budget d’établissement étant les salaires, les employeurs jouent sur cette « variable d’ajustement » comme ils se plaisent à le dire. Dans les faits, en plus de supprimer des postes.... on demande à l’éducateur spécialisé de faire le boulot de chef·fe de service, au moniteur-éducateur de faire celui de l’éduc spé et au non diplômé d’être corvéable à merci (après tout ils et elles ont déjà bien de la chance d’avoir un boulot...CQFD !..)... le tout en conservant bien entendu le niveau inférieur de rémunération. Le tout pour l’économie et la rentabilité ! La rationalisation et l’optimisation des moyens, comme ils le disent !

Nos métiers et le travail social de manière plus large a pour particularité de s’être extrait de la vision productiviste du travail. Nous ne travaillons pas pour produire de la valeur marchande. Si l’on devait définir la valeur que nous produisons, ce serait celle du collectif, celle de la solidarité et celle de l’intérêt général, mais aucunement celle du profit ! Dans la protection de l’enfance, dans le social et dans le médico social, c’est la logique financière qui prend le pas sur la notion de mission d’intérêt général !

D’un côté les employeurs se plaignent des baisses de dotations qui leur sont imposées pour justifier leurs décisions de « faire toujours plus avec moins » ! De l’autre le conseil départemental renvoie la responsabilité du manque de prise en charge sur les boites (qui ne gèrent pas correctement selon Paumier) [2]... Il demande de faire toujours davantage, alors que leurs moyens ont été réduits ! Et en bout de chaine, ce sont les professionnel.les et les enfants qui subissent les conséquences de toutes ces décisions politiques marchandes qui placent l’intérêt financier avant la nécessité des besoins à la hauteur des enjeux ! Sur le département, les listes des enfants en attente d’accompagnement s’allongent de plus en plus !

Comme on le dit « ce n’est pas dans les salons qu’on obtiendra satisfaction » ... ne comptons pas sur nos patrons et le conseil départemental pour améliorer les conditions d’accueil des enfants et nos conditions de travail. Car c’est bien eux, avec les politiques gouvernementales, qui sont responsables de la casse organisée de la protection de l’enfance ! C’est bien dans la mobilisation que nous devons continuer d’affirmer :

  • que nos métiers reposent sur un principe de solidarité
  • que le social n’est pas à vendre
  • et que les enfants ne sont pas des marchandises !

Un rassemblement des salarié·es de la protection de l’enfance est organisé le 5 février à 8h30 devant l’établissement Chantemoulin [3] pour dénoncer les licenciements ainsi que la dégradation des moyens, des conditions de travail et de prise en charge des enfants.

Notes

[2Jean-Gérard Paumier est président du conseil départemental d’Indre-et-Loire.

[318 Rue Rouget de l’Isle, 37000 Tours.