Pourquoi l’autonomie d’un mouvement passe par l’abandon de tous rapports avec les flics

Il y a quelques années Victor Serge écrivait « Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression ». Aujourd’hui, v’là qu’on badine avec la renifle... et on va même jusqu’à flatter quelques pognes ! Avec bonne humeur, je vous prie ! C’est sûr, vous me direz, il y a beaucoup moins de révolutionnaires à Tours aujourd’hui qu’en Russie à l’époque, c’est certain, mais le bon bougre doit tout de même bien se retourner dans la tombe, hein !

Faudrait pas oublier une chose, les camaros, la machine à étrangler toutes nos saines révoltes, ça s’appelle un flic. C’est pas l’seul, vous m’direz, sûr ! mais c’est le premier à nous tomber sur l’rable quand on sort. Attention donc !

« Tout militant devrait se considérer en permanence comme filé ; et ne jamais cesser de prendre par principe les précautions voulues pour empêcher la filature. » V. Serge

Tenez, l’autre jour, en plein cortège, il y avait nos copains de la Brigade d’Intervention sur la Voie Publique, la BIVP de son p’tit nom, de chouette types ces rossards, vraiment, et vas-y que ça sourit par devant et que ça te repasse par derrière. Sans aller très loin, y’a qu’à se souvenir, 2006, CPE et Cie, qui faisaient rapports sur rapports et dénonciations sur dénonciations ? Grâce à qui les copains ont été logé, agrippé et sapé ? Eh bien ? Nos contre-coups, tiens ! Et, pardi ! Les mêmes qui descendaient la rue avec nous ces dernières manifs. Quand on pense qu’il y a encore des bourriques pour leur serrer la paluche et les saluer comme Monsieur-tout-l’monde... En attendant, c’est au garde-à-vous qu’ils nous font le coup de Jarnac – Et fiers comme Artaban nos en-bourgeois !

C’est déjà assez qu’ils s’infiltrent dans nos cortèges pour qu’en plus on vienne leur tenir la chandelle !

« Devant les policiers et les juges, ne jamais oublier qu’ils sont les domestiques, préposés aux plus viles besognes, des riches (…) En principe : ne rien dire. » V. Serge

La question, c’est à partir de quand les aminches ont-ils commencé à croire qu’être bonne poire avec nos amis les roussins était sinon nécessaire au moins normal ?… Fichtre ! ce sont les mêmes vaches qui viennent nous gazer et nous matraquer à tous les coins de rue ! Et encore, ça c’est dans leurs bons jours !

C’est vrai aussi qu’on a la mémoire courte ; que voulez-vous, on se réserve pour l’avenir ! Enfin, faudrait pas oublier les saloperies de nos amis les baveux, hein, si Charonne n’est pas tout neuf et à Paris, rappelez-vous ce qui s’est passé à Tours Nord il n’y a pas si longtemps... Et on voudrait battre le pavé avec eux ? Turellement non !

Ah ! je vous assure, ils doivent bien se marrer à la grande volière, tiens. V’là qu’on s’cause entre guignols et tout, et hop, les perdreaux nous volent dans les plumes ! Faudrait pas s’étonner, non plus ! Et vas-y qu’on déclare nos manifs, nos rassemblements, nos actions, c’est limite si on ne leur demande pas un brin d’aide pour l’organisation… J’vous dis, bientôt on leur demandera l’autorisation d’aller tracter. Mince !

« À la répression peut s’ajouter le procédé de canalisation ou de cooptation des forces contestataires. Elles ne sont alors pas tant réprimées qu’intégrées par l’État et diverses institutions dans le cadre de dispositifs administratifs, par l’octroi de subventions, l’invitation à des tables de concertation et l’intégration à des programmes sociaux. Ces processus limitent d’autant la volonté des activistes d’adopter une attitude de confrontation face aux autorités qui pourraient les punir en leur retirant leurs privilèges. » F. Dupuis-Déri

On veut nous faire croire qu’il faut être cordial avec ces jean-foutres qui ratent pas une occasion de nous faire marron… Pour ma part, j’savais pas que c’était à coup de godillots et de goumis qu’une confiance se gagnait ?! Déjà qu’on nous sort le grand jeu à chaque occaz, qu’ils s’attendent à c’qu’on pisse la chansonnette en gardav, v’là qu’maintenant on anticipe ! Plus besoin de passer à la Cigogne pour partir à la campagne ! Ça facilite le transit, quoi. Si on en plus on s’la joue selfie et autres...

« Sans les bavards, qu’est-ce que deviendrait la police ? » T. Bernard

C’qu’il y a de ruminant dans l’histoire, c’est qu’il n’y a plus de distinguos d’opinion : faut respecter les muselières, point barre. Nom de dieu ! On peut bien faire crever de faim le populo, nos bouffe-galettes n’en n’ont jamais assez, et en prime faudrait rester assis, la bouche en cœur. Quant aux mariolles qui te filent un coup de savate au passage, faudrait en plus les considérer. Merde ! Moi, je les appelle crapules et fripouilles, nos croque-morts. Marre de prendre des torgnoles à tire-larigot : qu’on arrête de laisser ces fouille-merde ficher leurs blairs dans nos affaires. Point.

Au lieu de montrer le poing, nos charognards encouragent à le rentrer dans la poche. Et comme ça suffit pas, on nous demande de casser du sucre sur les révoltés qui sortent les griffes. Et avec ça les chieurs d’encre qui s’en donnent à poches-joies avec leurs copains mouchards. Vraiment, moi j’dis qu’c’est déjà pas mal dur de monter une mobilisation de nos jours, sans qu’il y ait besoin, en plus, de devoir se défaire des civilités admises avec la maison poulagua.

Enfin, faut l’dire, on est quand même pas mal fortiche pour s’auto-organiser nous mêmes, y’a donc pas besoin d’aller sonner trompettes à nos bignolons locaux. Comme ça, on évitera les dé-con(s)-venu(es) !

P.-S.