PMA pour toutes : nouvelle offensive lesbophobe de La Manif pour Tous

Des affiches hostiles à l’extension de l’accès à la procréation médicale assistée (PMA) sont apparues sur les panneaux électoraux de la ville de Tours. Ces affiches portent le logo du mouvement homophobe et réactionnaire né en opposition à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe.

Malgré la défaite de leurs candidat·es aux municipales de Tours [1], les militant·es de La Manif pour Tous (LMPT) ne désarment pas. Ces derniers jours, des dizaines d’affiches sont apparues sur les panneaux électoraux de la ville, recouvrant les portraits des candidats, dans le cadre d’une nouvelle offensive contre l’égalité des droits.

L’argumentaire utilisé dans cette campagne d’affichage de La Manif Pour Tous qui vise l’ouverture de la PMA à toutes les femmes est le même que celui employé lorsque le mouvement combattait l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe ; l’égalité des droits serait une question accessoire, qui devrait être mise de côté pour traiter de « vrais » sujets : le chômage, la sécurité, la santé. Un argumentaire relayé sur la scène politique par Les Républicains, dont l’une des cadres déclarait mi-juin : « Il n’y a pas d’urgence, alors que la France a des problèmes à régler en matière d’emploi, d’économie, de sécurité (...) L’exécutif veut satisfaire son aile gauche et les lobbys militants » [2].

Au-delà de ces éléments de langage, toute la campagne de LMPT s’articule autour du slogan de « PMA sans père », brandissant l’absence de père comme une catastrophe. Le champ lexical déployé par le mouvement est impressionnant : « cruauté », « handicap », « amputation »... Cet argumentaire revient à disqualifier les familles monoparentales et homoparentales, en particulier celles fondées par des couples lesbiens.

Panneau électoral place Rabelais

Cette offensive survient alors que le projet de loi bioéthique, qui prévoit notamment l’extension de la procréation médicalement assistée aux femmes seules et aux couples de femmes, sera examiné en deuxième lecture par l’Assemblée nationale à compter du 6 juillet. Dans un premier temps, le président du groupe LREM à l’Assemblée avait envisagé de repousser l’examen du texte, prétextant « des textes importants très liés à la situation économique d’urgence » [3]. Mais de nombreuses voix s’étaient élevées pour exiger un examen rapide du texte, rappelant que « l’égalité des droits n’attend pas ». Les signataires d’une tribune publiée dans le Journal du Dimanche expliquaient les raisons de leur combat :

« Nous sommes mobilisés depuis de nombreuses années pour permettre à toutes les femmes de jouir des mêmes droits dans l’accès à une Procréation Médicalement Assistée (PMA) prise en charge par la sécurité sociale et ce, indépendamment de leur identité de genre, de leur orientation sexuelle ou de leur statut matrimonial. »

Si le projet de loi présenté en 2019 par le gouvernement comprend un certain nombre d’avancées en termes de droits, il reste en deçà des attentes exprimées par le Collectif PMA, notamment sur les questions de filiation.

Notes

[1La liste conduite par le maire sortant Christophe Bouchet comptait plusieurs signataires de la « charte de la manif pour tous ». Parmi eux, Thibault Coulon et Cécile Chevillard, qui siègeront parmi les conseillers municipaux de l’opposition pour les six prochaines années.

[2« Le projet de loi bioéthique prévoyant la PMA pour toutes revient à l’Assemblée en juillet », Le Figaro, 16 juin 2020.

[3Ibid.