Petites cogitations citoyennes et gros revirements sécuritaires

Ils prétendaient s’éloigner des « postures attendues » dans leur projet politique « alternatif » pour les élections de 2020. Mais les Cogitations citoyennes d’Emmanuel Denis appuient finalement le maintien du dispositif de vidéosurveillance municipal. Le nombre de caméras a pourtant plus que doublé au cours des dernières années.

Stupeur en écoutant l’émission Des ô et débats sur radio Béton samedi 29 septembre. Les invités s’y sont déclaré favorables au maintien des 120 caméras de vidéosurveillance qui jalonnent la ville.

Dans la perspective des élections municipales de 2020, les animateurs recevaient Catherine, Hélène et Stéphane, trois membres des « Cogitations citoyennes ». Ce collectif, lancé par le conseiller municipal d’opposition Emmanuel Denis, prétend vouloir « co-construire un projet politique alternatif pour la ville de Tours en vue des prochaines élections municipales de 2020 ».

Après les transports, c’est la sécurité qui est abordée, notamment sous l’angle de la vidéosurveillance. Le sujet est d’autant plus intéressant qu’Emmanuel Denis a été l’un des rares élus locaux à se positionner fermement, au fil des années, contre ces caméras [1]. Les cogiteurs citoyens expliquent qu’en la matière, ils ont tenu à s’éloigner des « postures attendues », à aller contre les « idées reçues », à « enlever des œillères », à travailler sans « dogme ». Pour parvenir à une conclusion époustouflante : « Finalement, [la vidéosurveillance] peut présenter un intérêt. Par exemple pour élucider un fait, pour résoudre quelque chose. »

Détruire pour détruire

L’un des animateurs annonce que les caméras existantes ne seraient pas démontées en cas de victoire de leur projet politique « alternatif », d’après la « fiche sécurité » tiré des travaux du collectif. Une invitée confirme :

« Voilà, effectivement, c’est acté. Mais y en aura pas d’autres. »

Et son camarade d’ajouter :

« Voilà, le groupe a estimé que ce serait un peu "détruire pour détruire", ou "enlever pour enlever". Ça nous paraissait un peu... un peu bête. Dans le sens où elles sont là, elles existent, y a du matériel, y a un investissement, y a des personnes qui sont en charge... »

Alors que le nombre de caméras a plus que doublé au cours du mandat municipal en cours pour dépasser la centaine, l’« alternative » proposée consisterait donc à préserver ce dispositif de flicage.

Cette prise de position est inquiétante. Elle vient confirmer un état de fait tragique : en matière de sécurité, il n’y a pas de retour en arrière possible. A tous les niveaux, les politiques (qu’ils se déclarent « citoyens » ou pas) donnent soit dans la surenchère, soit dans la continuation des politiques préexistantes. Inutile d’espérer, donc, qu’Emmanuel Denis et son équipe de gros cerveaux qui cogitent se positionnent, par exemple, pour un désarmement de la police municipale.

Notes

[1Voir par exemple cet article de La Nouvelle République ou celui-ci.