Depuis le 31 mars, qui marquait la fin de la trêve hivernale et du « plan Hiver » [1], de nombreuses personnes (hommes, femmes, enfants, mineurs ou majeurs) sont livrées à elles-mêmes, survivent dans la rue. L’État — comme toujours — ne remplit pas ses obligations, et c’est — encore une fois — la solidarité et les collectifs mobilisés qui, par l’ouverture d’un lieu laissé vide, démontrent la mauvaise volonté de la préfecture et apportent une solution temporaire pour des familles et des mineurs laissés pour compte.
Plus de 200 personnes sont actuellement à la rue à Tours, leurs conditions de vie sont indignes et elles se confrontent tous les jours à la difficulté d’obtenir un hébergement avec le dispositif du 115. De leur côté, la préfecture et la mairie disposent d’un pouvoir de réquisition. Avec près de 8 000 logements vides à Tours, on peut se demander pourquoi les pouvoirs publics ne prennent pas leurs responsabilités face à des situations humaines intenables.
« Le logement est un droit inconditionnel pour tous »
Le cas tourangeau ne fait que refléter une politique plus globale émanant de l’État français qui peut se résumer par la volonté de dissuader les étrangers de venir en France et même de les expulser. Le logement est un droit inconditionnel pour tous et ce n’est pas en enfermant ou en renvoyant des exilés que se trouve la solution.
Résistance 37 (Collectif Albert Thomas, Utopia 56, Chrétiens Migrants, Collectif de Saint-Pierre des Corps, Table de Jeanne-Marie et RESF) a ouvert un lieu à Tours Nord pour alerter sur cette situation. D’un point de vue humain, il est intolérable que des personnes soient à la rue et c’est pourquoi 40 d’entre elles dorment et vivent dans ce nouveau lieu. Pour Résistance 37 la démarche se veut d’abord politique : il faut que l’État prenne ses responsabilités et s’engage dans une démarche d’accueil et de logement pour tous [2].
Le Bercail a ouvert le vendredi 6 avril dans le presbytère de l’église Saint-Libert. L’archevêque de Tours, qui s’est rendu sur place le samedi 21 avril, qualifie cette action d’irresponsable, en expliquant aux médias que le lieu serait dangereux. Pourtant, les quelques fissures qui affectent le bâtiment ne semblent pas véritablement menacer sa structure ni les conditions d’accueil. C’est plutôt la survie au quotidien dans la rue qui constitue le principal danger pour toutes ces personnes.
Petit à petit, la solidarité a permis d’accueillir plus de personnes et de manière plus confortable. Les personnes logées sont des familles et des jeunes hommes (mineurs et majeurs) isolés. Le Bercail est passé de 18 à 38 habitants en deux semaines, dont 18 enfants. Le lieu étant inoccupé depuis un an et demi, les conditions de vie initiales étaient d’abord précaires. De cartons en guise de matelas, la solidarité existante a permis au Bercail de récolter du mobilier, des matelas, des oreillers et ainsi d’améliorer la vie et la nuit de tous les jours.
Les habitant-es du lieu ont besoin des denrées suivantes :-* de quoi goûter pour les enfants (sauf en compote, on est bon)-* des fruits frais et légumes, oignons et ail-* des bidons d’huile-* de la semoule à couscous-* des allumettes-* de la viande (du poulet, c’est top)-* des tomates pelées et du concentré-* du papier toilette-* de la javel en bidons de cinq litres
Tout ceci n’aurait pas été possible sans un réseau de solidarité fort : Chrétiens Migrants assure le lien avec les familles hébergées, de nombreuses personnes donnent de leur temps pour permettre le fonctionnement du Bercail, les bénévoles de la Table de Jeanne-Marie apportent du matériel et de la nourriture.