Mots et maux d’instits’. Quand la ville n’est pas foutue de trouver un pot de peinture

Le mardi 17 février, une délégation de parents et d’enseignants tente d’alerter le conseil municipal de Saint-Pierre-des-Corps sur les dangers de la suppression de postes dans les écoles maternelles. Délégation tout simplement snobée, puis enfumée. L’occasion d’échanger avec quatre enseignantes sur leur métier et leurs conditions de travail.

Les profs : des fainéants toujours en vacances. Toujours en grève. Toujours à se plaindre. Les médias ne disent jamais que quand les profs manifestent — et perdent des journées de salaire en faisant la grève — ce n’est jamais pour gagner plus. Mais pour lutter contre la destruction systématique de l’école de la République. Destruction et abandon menés ici sous l’égide… du PCF.

Discussion avec quatre enseignantes avec 11, 13, 15 et 22 ans d’expérience : deux d’entre elles enseignent dans une école maternelle de Saint-Pierre-des-Corps, les deux autres dans une école primaire.

Mardi 17 février, une délégation de parents et de maitres des écoles maternelles s’est rendue au conseil municipal de Saint-Pierre-des-Corps avec pour revendication :« Un ATSEM par classe ». Qu’est-ce qu’un ATSEM ?

— Une ATSEM est un Agent Territorial Spécialisé des Écoles Maternelles, embauché par les mairies pour accompagner les enfants dans leur quotidien et assister les enseignants dans leur travail. Avec des classes de 25 à 30 élèves, les ATSEM sont indispensables. Elles aident à la préparation des activités manuelles, gèrent la cantine, les « pipis-culotte », les manteaux des enfants, font le ménage… A Tours, il y a un ATSEM par classe avec l’enseignant. A Saint Pierre, c’est un ATSEM pour deux classes. Du coup, on peut se retrouver seul à enseigner, avec en plus 25 à 30 pipi-culotte à gérer.

— Le crédo de la marie est de dire qu’à Saint-Pierre, les ATSEM sont "éducatives". Il y en a pourtant de pas formées du tout, alors de là à prétendre qu’elles soient "éducatives"... il y a un gouffre pour certaines d’entre elles... A commencer par de gros problèmes de vocabulaire. En tant qu’enseignante de petite section, j’ai moi même changé des gosses qui avaient fait pipi, car je savais qu’ils allaient se faire engueuler grave par les ATSEM, malgré nos conseils. Dans mon école, cela n’existe plus, heureusement !

Les ATSEM sont-ils aussi polyvalents ?

— Souvent non. C’est un contrat de merde, mal payé. La qualification nécessaire est le CAP petite enfance. Pour être titulaire de la fonction publique territoriale, elles doivent passer un concours spécifique, puis quand elles ont le concours, il reste valable deux ans pendant lesquels elle peuvent être recrutées par les mairies. Certaines sont dispensées du concours au vue de leur expérience (acquise lors de remplacements) et alors elles ne passent que l’oral du même concours. Elles font partie de la catégorie C des territoriaux. Les ATSEM en ZEP à Saint-Pierre touchent une prime ZEP comme les enseignants, d’environ 60 euros par mois. Ce sont des gens souvent peu qualifiés. L’enseignant se retrouve parfois avec un grand enfant supplémentaire à éduquer.

— C’est parfois vrai. Mais pour moi, mon ATSEM est mon deuxième cerveau... Je sais que j’ai de la chance ! L’ATSEM est soit une catastrophe, soit une aide essentielle, indispensable, avec une réelle co-construction dans la gestion des élèves.

Qu’en est-il de la suppression de postes d’enseignants ?

— Les postes supprimés sous Sarkozy n’ont pas été remplacés. Et la création des 60 000 postes par Hollande n’est restée qu’une promesse... On ne voit rien sur le terrain... Pire il y a de moins en moins de remplaçants... et des classes toujours aussi chargées... De toute façon, étant donné qu’ils manquent des enseignants, les dispositifs REP+ qui permettent de faire baisser le nombre d’élèves dans certains établissements, font, par principe de vases communicants, remonter les effectifs des écoles du même secteur... On peut ajouter au manque d’enseignants dans les établissements, le manque de remplaçants donc, et surtout le non remplacement des postes du RASED (Réseau d’Aide constitué de maîtres spécialisés et de psychologue scolaire), qui fait que peu de RASED (normalement un maitre G, un maitre E et un psy), sont complets et que ceux existant interviennent sur une dizaine d’établissements par semaine. Cela s’appelle du saupoudrage.

Qui a initié votre revendication ? Parents ou enseignants ?

— Les enseignants et les parents font depuis des années remonter à la mairie, lors des conseils d’école, le problème du manque d’ATSEM... Mais cette année, le temps de présences des ATSEM s’est réduit à peau de chagrin avec la réforme des rythmes scolaires, car elles sont utilisées sur le temps des TAP (Temps d’Activité Périscolaires), et la mairie est partie du principe qu’il y aurait moins d’enfants le mercredi, et donc moins de besoins en ATSEM. Ils ont donc enlevé une ATSEM le mercredi.
 Les enseignants ont signalé les problèmes, (sécurité, qualité d’accueil...) que cela engendrait à la mairie, mais on ne nous a pas écoutés. Les parents sont des électeurs... Alors ils ont pris le relais...

Comment avez-vous été reçus au conseil municipal du mardi 17 février ?

— Un grand moment démocratique... Lors des questions diverses, prévues en début de conseil, un élu devait lire une lettre écrite par une enseignante de maternelle et signée par l’ensemble des enseignants de maternelle de Saint-Pierre. Les parents, eux, voulaient prendre la parole et présenter des pétitions signées par les parents des écoles maternelles (dans notre école 146 familles sur 144 ont répondu oui pour plus d’ATSEM)... Mais Mme le Maire a repoussé les questions diverses à la fin du Conseil évoquant un « manque de voix ». (L’instit’ fait semblant de tousser). Le conseil s’est terminé à 1h du matin, tous les élus se sont levés d’un seul homme et les mamans, qui étaient avec leurs pancartes "Une ATSEM par classe", n’ont même pas eu droit à la parole... quant à la lettre des enseignants : aux oubliettes ! Si ! pardon ! La maire a pris des parents en aparté, et leur a promis des commissions qui passeraient dans les écoles après les vacances, pour envisager la prochaine rentrée scolaire… Blabla....

Outre les suppressions de poste, qu’est-ce qui vous alarme ?

— Une mairie qui n’est pas dans la collaboration... qui ne soutient pas les écoles et qui ne compte que sur la bonne volonté des enseignants et des parents... C’est usant. Tout est compliqué... Par exemple cela fait deux ans qu’on demande à la mairie de tracer des jeux au sol dans la cour pour diminuer la violence des récrés... et toujours rien... On leur demande de retourner la terre pour faire un projet jardin... rien...
 De l’autre coté l’Éducation Nationale nous soutient avec des mots... et encore...
 Bref, les deux institutions qui sont sensées soutenir l’école primaire sont défaillantes...

Comment expliquez-vous que la municipalité, qui a pourtant mis beaucoup d’argent dans le gazon synthétique du stade, ne puisse pas en consacrer un peu à l’achat d’un pot de peinture ?

— Pour la municipalité, l’école, c’est l’Éducation Nationale... un point c’est tout... Tout doit venir de l’Éducation Nationale... Elle n’a ni envie d’investir dans les écoles, ni envie de les soutenir...


— On nous dit que ce sont des histoires d’enveloppes budgétaires : il y a un budget « Stade ». Et un budget « École ». Et le pot de peinture pour la cour de l’école, c’est dans le budget « École ». Qui est vide. 
Il faut aussi dire que Saint-Pierre est la ville la plus pauvre du département. Les habitants sont de fait moins imposables que dans des communes riches. De plus, comme dans beaucoup d’autres communes, la suppression de l’impôt sur les entreprises a grevé les budgets, notamment pour Saint-Pierre, qui est une ville où l’industrie est importante. Ajouté à cela le désengagement de l’État à la suite à leur soit-disant "décentralisation"... La mairie ne peut pas porter l’école toute seule !

— Ils refont les écoles une par une, années après année, mais les nôtres sont déglinguées. Les chiottes sont régulièrement bouchées. Et quand, par miracle, ils viennent remettre un peu de plâtre sur des trous, ils ne repassent pas un coup de peinture par dessus.

— Le problème, en étalant les travaux de remise aux normes ou de réfection sur les divers établissements de la ville, est qu’à peine tu as fini de faire le tour, que les premières à avoir bénéficié des travaux sont de nouveaux dans un état de décrépitude. Une école c’est un grand nombre d’usagers chaque jour, c’est aussi le lieu où l’État impose des normes et des enseignements repensés et modernisés tout les 5 ans sans donner les moyens aux mairies de suivre. Pour exemple simple, l’Éducation Nationale a imposé l’apprentissage numérique avec l’utilisation d’ordinateur, de tablettes de tableau interactif, la passation d’un brevet numérique obligatoire en fin de CM2. Qui doit fournir l’ensemble du parc informatique ? La mairie...

Alors comment ça se passe l’éducation au numérique ?

— On a tous internet à l’école, mais pas de postes dédiés dans les classes avec une connexion. Mais on a une salle équipée de postes info avec une connexion réseau en filaire au minimum, seulement, des fois tu aimerais montrer aux mômes des trucs sur internet en direct dans la classe, ou pouvoir imprimer de ta classe, sans être obligé de déplacer tes 25 élèves en même temps dans une salle où de plus t’as pas le droit pour des raisons de sécurité d’être à plus de 19… Demander plus de moyens ? Déjà que c’est compliqué de trouver un pot de peinture...

Incapables de trouver un putain de pot de peinture pour tracer des aires de jeu, ou des lignes pour que les gosses se rangent dans la cour, c’est quand même pas compliqué ! Ils ont les doigts dans leur cul ou quoi ?

— Oui.

Est-ce que Marie-France Beaufils connait l’état de délabrement de certaines écoles ? Voyez-vous parfois Madame le Maire dans vos établissements ?

— Oui. Elle vient le jour de la rentrée scolaire pour se faire photographier pour La Clarté, qui est le bulletin de la paroisse [1], et on ne la revoit plus pendant un an. Pendant ce temps là, on continue à demander un coup de peinture dans la cour.

Je tombe de la lune. J’avais une certaine estime pour les cocos et Madame Beaufils, mais elle en prend un coup. C’est plus ce que c’était le communisme.

— Il ne faut pas tout noircir. Après avoir travaillé dans d’autres communes, à Saint-Pierre, le budget alloué à l’école (même si il va sans doute baisser prochainement) est un des plus important que j’aie connus... Mais depuis peu, nous n’avons plus de bus pour les sorties, comme les années précédentes. Il faut aussi dire que la ville finance une politique d’accès pour le sport et la culture. Il y a des tas d’activités sportives et culturelles gratuites : cours de basket, d’échec, accès gratuit à la médiathèque… Mais pour l’école, on en reste avec des chiottes bouchées… et un pot de peinture manquant.

Pourtant, votre établissement dépend d’une zone d’éducation prioritaire qui attire des financements de l’État. Où sont les sous ?
 
— Les écoles maternelles ont les crédit CUCS (Contrat Urbain de Cohésion Sociale) pour monter des projets. Avec mes collègues, on a calculé que par enfant, cela représentait 9 euros... Voilà pour le financement de l’État... Sinon l’Éducation Nationale donne une prime de 100 euros pour attirer les enseignants... Mais bon, vu les conditions de travail...

Combien gagnez-vous pour ce boulot de malade où il faut être polyvalent, omniscient et toujours disponible ?

— En moyenne, un maitre d’école gagne environ 1 700 € net au bout de dix ans de boîte.

Depuis les attentats de Paris, les médias nous rabattent pourtant les oreilles avec le faits que les profs doivent soudainement se remettre à "enseigner la République et la laïcité" pour que "plus jamais ça". Vous qui êtes sensées êtres les descendantes des "hussards noirs de la République", avez-vous été sensibilisés à ces questions dans votre formation à l’IUFM ?

— Je n’ai pas souvenir... ça remonte à plus de 10 ans ... les choses ont peut être changé depuis ?

— Tu crois ça collègue ? Ce qui a changé sur la formation, c’est l’accentuation sur les droits et les devoirs des fonctionnaires. Dans la formation initiale (à l’IUFM, enfin ESPE maintenant), les étudiants ont un cours intitulé "être un bon fonctionnaire" où on te rappelle que tu ne dois pas sortir des limites qu’on t’impose... Par contre, concernant l’éveil au sens critique ou la relativité des propos et de la pensée, je crois qu’il vaut mieux avoir bien écouté ses cours de philo au Lycée... C’est pas l’IUFM qui te prépare à la liberté de penser, ou même à la gestion des débats d’ordre théologique ou philosophique. C’est une formation technicienne...

Pour accomplir votre mission républicaine, avez-vous senti un changement de traitement et de moyens depuis les événements de janvier ?

— Non. Rien.

L’actuelle ministre de l’Éducation poursuit la mise en œuvre d’une réforme des rythmes scolaires qui ressemble fort à un feu de fumée pour masquer l’incompétence ou le désintérêt du gouvernement pour les écoles de pauvres. Comment "appliquez-vous" cette réforme ?

— On n’applique pas la réforme. On la subit... La mairie nous impose ses heures de TAP, (Temps d’Activité Périscolaires), qui se font le midi. La pause méridienne a été rallongée de 3/4 d’heure... donc 3h de pause... les classes sont réquisitionnées, les ATSEM et des animateurs prennent les élèves en petits groupes...

— Écoute, les classes ne sont pas à nous mais à la mairie. Il faut juste que les différentes personnes qui passent dans ma classe l’utilise, mais la remettent en état à la fin des TAP !

— Le fait est qu’on ne sait pas ce qu’il s’y fait... Mais on constate que ça ne change rien du point de vue des apprentissages... Je pense que les TAP, c’est une aberration en maternelle... Car pour un enfant de 4 ans rien que l’acte de découper peut lui demander de la concentration ! Cela ne fait que déstructurer les journées... et d’ailleurs on récupère les enfants énervés...
 Une collègue m’a raconté que la mise en place de cette « réforme » a été très compliquée à Tours. Les trois mois qui ont suivi la rentrée, les enseignants ont été sauvés par… la météo, très clémente. Après avoir été obligés de changer l’heure de la sieste des gamins — ce qui a beaucoup perturbé les petits — les instits’ ont, pendant trois mois, dès 15h00, arrêté d’enseigner, pour lâcher les gosses en récré, pour discuter entre eux de comment ils n’arriveraient pas à appliquer cette réforme. Et de prendre du retard sur le programme, avec des gamins fatigués et excités par ces perturbations et ces défilés d’intervenants, qui viennent, ou ne viennent pas.

— Je ne cautionne pas les termes "prendre du retard sur le programme". C’est là qu’on perçoit notre formation techniciste. Le programme c’est une connerie, et ce n’est pas le changement de rythme qui te fait prendre du retard. C’est à nous de nous adapter, à mon sens, pour équilibrer la journée des mômes et rendre efficaces chaque moment passés avec eux... Bien sûr, si tu considères que tu ne fais que du français dans tes heures de français, c’est pas facile de tenir le programme. Si tu construis ton enseignement pour faire feu de tout bois, chaque moment de classe est riche et le programme comme ils disent si bien rentre dedans...
Et puis les gamins surexcités c’est certes une réalité, mais c’est aussi le résultat de notre action à tous dans leur éducation... On les presse du matin au soir, à la maison en se levant parce qu’on va être en retard au boulot, à l’école pour boucler le sacro-saint programme, après l’école parce qu’il y a les devoirs, la douche, la télé, le sport... et demain ça recommence donc faut quand même pas se coucher trop tard ! Bah ouais à leur place moi je pète un plomb aussi. Des fois, j’ai envie de rien faire, de lire, de rêver, de regarder par la fenêtre... Et bien eux aussi !

Question réforme : il y a quelques années, médias et gouvernement ont claironné que désormais, les élèves seraient bilingues en anglais dès le CM2. Qu’en est-il aujourd’hui ?

— Au départ, on nous a annoncé que les élèves apprendraient une autre langue étrangère. Puis seulement l’anglais. Les enseignants sont censés passer une habilitation à enseigner l’anglais au cour de leur formation. Concrètement, je suis nulle en anglais. J’ai raté mon habilitation à l’enseigner. C’est donc une autre collègue qui va enseigner l’anglais dans ma classe, pendant que je vais enseigner autre chose dans la sienne. Ma hiérarchie me pousse à faire des stages d’anglais de deux jours pour devenir capable de l’enseigner : je refuse, évidemment. Prof d’anglais, c’est un vrai métier. C’est pas le mien. Y en a ras le bol : on doit être omniscient et omni-polyvalents. En français, en maths, en anglais, en éducation civique, en sport… Mais on ne devient pas apte à enseigner une langue étrangère en deux coups de baguette magique ! Alors oui, il y a des profs anglophones qui viennent. Mais le fait est qu’à part une chansonnette sur l’alphabet, les profs de collège constatent que les élèves ne savent rien en arrivant, voire qu’il faut désapprendre des âneries que des gens non qualifiés ont enseigné aux gamins.

Ne pensez-vous pas que les gouvernements qui se succèdent depuis des décennies ont renoncé à éduquer la population ? Contrairement à l’époque de Napoléon, où on avait besoin de cadres (ingénieurs, clercs, officiers…), quel intérêt y a-t-il aujourd’hui à enseigner à une masse de gens qui risqueraient de se mettre à réfléchir, à s’exprimer, donc potentiellement, à contester ? La France d’aujourd’hui a, au mieux, besoin d’une élite de 5 % de sa population pour encadrer le pays. Élite encore formée dans les écoles du centre ville qui restent, elles, des écoles à peu près "normales", avec des moyens et des profs. Après tout, laisser tomber 95 % des autres élèves ne relève-t-il pas de la logique libérale et politique de l’époque ? Quel intérêt à former des gens qu’on peut remplacer par des machines ? Dans un monde où tout se vend, et tout s’achète, quel est l’intérêt de donner gratuitement ce qui est devenu un produit marchand et lucratif ?

— Bonnes questions…

Comptez-vous faire ce métier dans ces conditions encore longtemps ?

— Je ne sais pas… J’adore mon métier, mais je suis écœurée par tout ce qu’il y a autour... J’ai le sentiment que l’école est prise dans des enjeux politiques qui nous échappent... ballottée dans tous les sens... L’intérêt de l’enfant passe loin, loin, très loin derrière... 
Peut être que si la situation économique du pays était meilleure, j’aurais déjà démissionné !

— Pour ma part, je m’étais donné dix ans à faire ce métier. Comme pour tout métier, il me semble que si on ne se remet pas en question et ce quelque soit notre profession on s’encroûte et on finit par devenir un "robot"... Quand j’en ai marre de la pression de la hiérarchie, du jugement facile de la communauté éducative, du manque de moyens, ou plus concrètement du bruit et de la tension nerveuse engendrés par la présence de 25 à 30 petits êtres autonomes enfermés dans une salle avec moi pendant 6 heures, je me dis que je changerais bien de métier avant de devenir "mauvaise"... Mais ce métier est passionnant dans ce qu’il donne à voir de la construction d’un monde futur, dans la synergie qui peut exister entre des collègues avec qui on partage une certaine vision du monde, dans une ville comme Saint-Pierre-des-Corps où, si tout n’est pas rose, une grande partie des enseignants réfléchit, agit, s’engage, et crée de concert.

Quelle suite imaginez-vous à votre mobilisation ?

— Chaque jour suffit sa peine... Je crois que les associations de parents d’élèves des écoles maternelles de Saint-Pierre vont essayer de se fédérer pour faire pression sur la mairie... Et les enseignants de maternelle et de primaire mettent en place un collectif « On fait quoi ? », avec des réunions pour discuter de divers points de cristallisation : les rythmes, la laïcité, l’état de la société… et le rôle de l’éducation.

Propos recueillis par Jibédé.

P.-S.

Sur le sujet, voir l’article de la NR... qui ne dit rien

Notes

[1La Clarté est le journal municipal de Saint-Pierre-des-Corps... qui est une mairie communiste depuis des décennies.