Maurice Leroy s’en va-t-en guerre, avec l’argent public, contre une loi « ruralicide »

Le numéro de janvier de « Loir-et-Cher info », le magazine du Conseil Général du 41, comporte un dossier sur la « loi ruralicide » du redécoupage des cantons. La page de couverture, bleu foncé et rouge, représente une main avec des ciseaux ensanglantés.

« Ruralicide ! » Outre la laideur de ce néologisme, Maurice Leroy veut nous faire trembler dans nos chaumières ! Il ajoute une petite note de patriotisme : « Entendez-vous dans nos campagnes... ? », mais oublie la suite des paroles, pas bien jolies il est vrai, mais peut-être pense-t-il aux campagnes électorales ? Alors que la mort du monde rural et des petits paysans est en marche depuis des décennies, que le taux de suicide des agriculteurs est l’un des plus élevés dans la population globale, Maurice Leroy s’émeut à cause d’une loi qu’il qualifie de « ruralicide », parce que le redécoupage des cantons aura un impact sur les élections des conseillers généraux !

Sur le fond, cette loi est certainement contestable. Maurice Leroy évoque un « tripatouillage socialiste », et il n’a pas forcément tort. Question tripatouillage, il est connaisseur, comme beaucoup de ses confrères, de droite comme de gauche. « Momo », comme on le surnomme, est parfois affublé du nom de « Girouette », à cause de ses revirements successifs au gré du vent, j’entends des mouvements politiques, qui l’ont mené du PCF vers le centre, puis vers la droite (il a rejoint, puis lâché Bayrou quand celui-ci s’est effondré, juste à temps pour obtenir le poste de ministre dont il rêvait depuis si longtemps...) Il semble maintenant de plus en plus trébucher sur son flanc droit, jusqu’à en perdre l’équilibre.

Au-delà du fond, l’utilisation du magazine départemental pour développer une véritable propagande, en utilisant les fonds publics, est proprement scandaleuse. Leroy a depuis appelé à une manifestation à Blois dimanche 16 février, et a prévu le transport des manifestants en car, le financement étant également assuré par les cochons de contribuables que nous sommes.

Pire encore, la page de couverture, avec ses ciseaux, ses couleurs, ses slogans ambigus. Une image violente, faussement naïve, avec des relents nauséabonds des périodes troubles de l’histoire, lorsque des mouvements extrémistes utilisent la propagande avec des slogans simplistes et haineux, pour manipuler les citoyens et les empêcher de penser. Elle a été reproduite sous forme d’affiches, largement placardées, en particulier sur les abris-bus (sauf à Blois, où le maire est intervenu pour s’y opposer), et gracieusement collée sur leur porte par de nombreux commerçants, à Vendôme en particulier (chocolats de luxe, boutiques de fringues, café, boulangerie, mais aussi kebab, boutique de laine, petite épicerie, etc.)

Avec quelques amis, nous avons décidé de réagir, à titre individuel. Ma réaction sur le site de « Loir-et-Cher info », pourtant polie (ma seule grossièreté consistait à utiliser le mot "liberté") n’a pas été validée par le soi-disant modérateur. Ainsi, je crois comprendre qui tient la paire de ciseaux...

Mardi 11 février, j ’ai appelé la Fédération du Parti Socialiste, pour savoir si celle-ci, ou ses élus, avaient eux aussi réagi. La personne m’a répondu en hésitant : « Non, mais ça n’a pas d’importance. Vous savez, presque personne ne lit ce magazine ! » Je lui ai répondu qu’il était inutile de le lire, qu’il suffisait de regarder la page de garde, ainsi que les affiches collées partout. Un peu dépitée, elle m’a conseillé d’appeler l’assistante parlementaire du groupe des élus, ce que j’ai fait immédiatement. Cette dernière, beaucoup plus réactive, m’a informé qu’un article avait paru le matin-même dans la Nouvelle République, relayant une protestation des élus de gauche.

Dans l’article en question, Gilles Clément, président du groupe socialiste, s’élève contre le financement d’une campagne politique avec des fonds publics, mais accepte le débat avec Maurice Leroy. Pas un mot sur les images, les représentations ambiguës, les slogans véhiculés.

L’argent public, c’est important, je viens moi-même de l’écrire. Mais les symboles, les valeurs, les clichés, on n’en parle pas ? Eh bien si, les élus n’ont pas l’air d’entendre, mais on en parle... dans nos campagnes.

Liberto, rural acide