Marre des contrôles de Fil Bleu !

Réaction d’un usager à la multiplication des contrôles dans le réseau de transport de l’agglomération.

Contrôlé pour la quatrième fois en trois jours en effectuant deux trajets par jour, je commence à ne pas apprécier. J’ai ce sentiment, comme devant un policier, que même si tu n’as rien fait t’es un potentiel fraudeur. Trop de contrôles, cela devient insultant. A cela on peut ajouter le fait d’être filmé en permanence par des caméras dans les bus et le tram. Putain, on veut tuer personne ! On veut juste se déplacer !

En creusant un peu, j’apprends que « Fil Bleu lance un plan antifraude ! » dans La Tribune de Tours. Sylvie Lanchais, responsable du département contrôle voyageurs chez Fil Bleu, nous explique qu’un nouveau système d’édition de billets a été mis en place, avec l’installation de machines pas toujours bien opérationnelles. On a de ce fait un nombre accru de personnes voyageant sans tickets, qui rentrent et se rendent compte qu’il n’est pas possible d’acheter un titre de transport. Le système serait désormais opérationnel, mais les usagers auraient pris « de mauvaises habitudes » (sic).

Partant de ce constat, on aurait pu penser que la sensibilisation serait de rigueur. Eh bien non, elle viendra plus tard. En premier lieu, on embauche de nouveaux contrôleurs et on lance un vaste plan anti-fraude.

« Plus la probabilité de se faire contrôler sera forte, plus les fraudeurs y réfléchiront à deux fois. » explique Sylvie Lanchais.

Apparemment, Fil Bleu réfléchit même à faire intervenir des contrôleurs en civil, et pas en uniforme. On apprend dans La Tribune que :

« Ce type de contrôles a prouvé son efficacité dans d’autres villes, car ils créent une forme d’insécurité pour les fraudeurs qui savent que les agents peuvent être partout tout le temps ».

Le plus important, c’est le manque à gagner pour l’entreprise de transport. Qui ne se gêne pas pour harceler les usagers et créer un sentiment d’insécurité parmi les voyageurs un peu distraits, désargentés, ou qui considèrent que les transports en commun devraient être gratuits. Et cela alors que le conseil de l’agglomération vient de voter une augmentation des tarifs des transports...

Et puis, gare à ceux qui voudraient s’organiser pour voyager gratuitement. A Lille, Kéolis, qui gère le réseau Fil Bleu, a envoyé les flics cueillir des personnes soupçonnés d’appartenir à une mutuelle de fraudeurs :

« Voila comment, au petit matin du 16 avril 2014, alors qu’elle se rendait au travail, une personne suspectée d’appartenir à la mutuelle des fraudeurs a été interpellée devant son domicile par des hommes, masqués pour certains, appartenant à la Brigade de Recherche et d’Intervention et accompagnés d’agents de la Brigade Financière. Dans les minutes qui suivent, une seconde personne, qui est aussi la compagne du premier, a été interpellée à son tour et leur appartement a été perquisitionné par une dizaine de policiers en quête d’hypothétiques éléments à charge : tout a été retourné sans ménagement et des ordinateurs, de l’argent liquide et des archives sont saisies.

Se sont ensuivies 27 heures de garde-à-vue et d’auditions par la Brigade Financière, sous prétexte d’« incitation à commettre des délits ou des crimes par voie de presse ou tout autre moyen de communication » (Art. 23 ou 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse). C’est le blog de la mutuelle des fraudeurs qui est visé, en ce qu’il inciterait à frauder... » [1]

Un usager (pas client) qui en a gros.

P.-S.

Dans un article récent, La République du Centre révélait qu’à Orléans, une partie des amendes dans les transports était dressée par des agents de Kéolis qui ne sont pas assermentés. Et suggérait de « demander sa carte professionnelle au contrôleur qui vous demande votre titre de transport, afin de vérifier sa qualité. » Si tout le monde s’y met, « fraudeurs » comme « usagers en règles », ça risque de leur rendre les contrôles vachement plus pénibles...

Notes