Extraits :
« Sur le papier, les conditions de vie des femmes en détention peuvent être perçues comme meilleures que celles des hommes : moins nombreuses, elles ne sont pas aussi exposées aux conséquences de la surpopulation carcérale. Avec 2450 places théoriques pour 2075 détenues femmes, elles semblent mieux loties. Pourtant, ces chiffres masquent d’importantes disparités et la surpopulation est problématique dans les quartiers pour femmes de certaines maisons d’arrêt : à Nîmes (47 détenues pour 24 places, taux d’occupation 196%), Mulhouse (36 détenues pour 22 places, taux d’occupation 164%), Nice, Marseille… »
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« Les femmes n’ont pas accès à la majorité des activités, d’abord pensées pour le plus grand nombre : les hommes.
“On me refuse le travail, faut dire qu’il n’y a que huit places à partager avec la maison d’arrêt pour femmes car la direction ne veut pas que nous allions aux vrais ateliers car nous devons passer devant les hommes. La formation de serveuse est nulle (…) l’occupation principale est ‘boire le café’. (…) Nous n’avons pas accès au terrain de sport, à l’extérieur, car ce dernier est entouré par les cellules des hommes.”
(Extrait d’un courrier d’une détenue, octobre 2014 )Les femmes détenues pâtissent de cette situation discriminante, également fondée sur des stéréotypes de genre (les femmes à la couture, les hommes à l’atelier) et des a priori sur le comportement des détenus masculins. Pourtant, les intervenants en détention et notamment les enseignants se font les avocats d’un minimum de mixité dans le but de normaliser les relations au sein de la détention et de préparer la sortie des détenus.
Une détenue qui souhaitait suivre des cours de préparation au DAEU (diplôme d’accès aux études universitaires) raconte avoir, dans un premier temps, eu accès à des cours en mixité, qui se “sont toujours très bien passés” avec des professeurs “ravis de ce progrès qui offrait un peu d’égalité hommes-femmes”. Malgré cela, cette détenue n’a pas pu continuer à suivre les cours l’année suivante. Sur huit candidates dans cette prison, seules quatre ont pu continuer les cours en mixité, sans justification, alors que plus aucun cours n’est dispensé au quartier femmes. Cette même détenue poursuit : “Nous sommes si peu nombreuses au Q.F. (environ 30 détenues) qu’il y a des choses dont on ne peut bénéficier, faute de budget, ou parce que [il y a] trop peu de demandes (…) les cours ne sont pas un loisir mais un des rares moyens dont nous disposons pour faire fonctionner notre cerveau et nous cultiver pour construire l’après détention”.
Faute d’activités, pour réduire les coûts et par peur de la mixité, la plupart des femmes incarcérées passent la majeure partie de leur temps de détention en cellule.
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L’intégralité de l’article est à lire sur le site de l’OIP.
Illustration : prison de Fresnes, 1932.