Il était accusé d’avoir « volontairement dégradé des effets vestimentaires et équipements de maintien de l’ordre de 6 fonctionnaires de police au préjudice du Ministère de l’Intérieur » et d’avoir « dissimulé son visage afin de ne pas être identifié dans des circonstances faisant craindre des atteintes à l’ordre publique ». Au cours de la manifestation, quelques œufs de peinture verte avait été projetés contre la façade du magasin de Pierre-Louis Mériguet, chefaillon du groupuscule d’extrême-droite locale Vox Populi (aujourd’hui dissous).
Devant le tribunal de police, il nie avoir lancé des projectiles et explique s’être masqué le visage pour se protéger de l’usage de gaz lacrymogène par les flics alignés devant le magasin. On a d’ailleurs appris, pendant l’audience, que le seul flic interrogé pour les besoins de l’enquête (un major de police) niait l’usage de gaz lacrymogène. Il devait donc s’agir de gaz poivre...
Le même major a déclaré avoir regardé le lanceur « suffisamment longtemps pour pouvoir le reconnaître parmi tous les manifestants », et l’avoir identifié sur les images extraites des caméras de vidéosurveillance municipales « par son regard, sa démarche, ses vêtements ». Un peu léger, vu le nombre de manifestants ce jour-là et le nombre de pulls à capuche noirs. D’autant qu’aucune caméra n’a filmé le moment où les œufs de peinture ont été lancés, et qu’aucun autre témoin n’a été entendu [2].
Comme le signale l’avocat, c’est donc « parole contre parole » : tout repose sur la déclaration du major de police [3]. Le procureur, lui, estime que le juge doit trancher entre le flic et le militant, soulignant que le second « pourrait très bien mentir » — comme si la parole d’un policier était au-dessus de tout soupçon... Et demande 800 euros d’amende, dont 600 euros avec sursis.
Finalement, le doute a bénéficié au camarade antifasciste, qui a été relaxé. Mais devra quand même verser plusieurs centaines d’euros à l’avocat auquel il a dû faire appel pour se défendre.