La Région Centre va dépenser 15 millions d’euros pour des portiques anti-fraude

La mesure a été débattue à l’occasion de l’adoption du budget 2018, au titre des « Transports et mobilité durable ». Ces portiques se généralisent dans de nombreuses gares, en complément des dispositifs répressifs déjà existants.

Hausse du montant des amendes, agents de contrôle en civil, et maintenant des portiques contrôlant les accès aux quais en gare de Tours et Chartres... L’inventivité des institutions est sans limite quand il s’agit de contrôler l’accès aux transports.

« La fraude est un fléau dont le coût retombe sur tous les usagers honnêtes » : c’est ainsi que Jacques Chevtchenko, élu Les Républicains au conseil régional, a défendu l’installation de portiques anti-fraude financés par la Région. Généralement situés en début de quai, ces dispositifs de contrôle d’accès visent à en empêcher l’accès aux voyageurs qui ne sont pas munis de billets. Dans un article de 20 minutes, on peut lire une description du fonctionnement du dispositif installé en gare de Nantes :

« Concrètement, toutes les personnes qui souhaitent accéder au train doivent désormais approcher un billet valide près du lecteur, avant qu’un bip ne retentisse et que les petites portes transparentes ne s’ouvrent. »

Le budget régional prévoit 9 millions d’euros pour l’installation de ces portiques dans les gares de la ligne TER Paris-Tours, et 6 millions d’euros pour leur installation dans les gares de la ligne TER Paris-Chartres.

Deux groupes ont présenté des amendements contre cette mesure : les élus du Front National voulaient que ces portiques soient pris en charge par la SNCF ; les écologistes suggéraient de consacrer ces moyens à l’amélioration de la qualité du service. Bien sûr, les premiers ont condamné le « laxisme » des seconds [1].

Mais ces portiques ont été vaillamment défendus par les socialistes et par le « Groupe d’Union de la Droite et du Centre », chaque élu y allant de son couplet pour déplorer le coût que représenterait la fraude pour la SNCF. L’un d’eux a repris le chiffre de 300 millions d’euros avancé par l’entreprise de transport pour 2016. Ce chiffre a abondamment été recopié dans la presse, mais sans jamais que soit présentée la méthode de calcul, et généralement sans qu’il soit précisé qu’il ne s’agit pas d’un coût, mais de l’estimation d’un manque à gagner.

Les personnes accompagnant les voyageurs n’auront plus accès aux quais. Tristes portiques.

Notes

[1Vous pouvez retrouver les échanges entre les divers groupes sur le site de la Région, à partir de 4h30 sur la timeline.