La Nouvelle République, l’armée et les femmes

Aujourd’hui la Nouvelle République, dans sa version en ligne, nous offre un florilège de tout ce qu’on aime : un grand coup de brosse à reluire sur les godillots de l’armée, quelques clichés sexistes disséminés et, pompon sur le képi, la solution au chômage des jeunes.

Aujourd’hui la Nouvelle République, dans sa version en ligne, nous offre un florilège de tout ce qu’on aime : un grand coup de brosse à reluire sur les godillots de l’armée, quelques clichés sexistes disséminés et, pompon sur le képi, la solution au chômage des jeunes. Ce cocktail détonnant s’intitule « Militaire un point c’est tout ! »

Guillemette, bonne petite soldate

L’article se veut le portrait touchant d’une bidasse de 18 ans et ravie de l’être. On a droit au marronnier de l’engagement envers et contre tous. Il parait que les parents n’étaient pas ravis de voir leur rejeton intégrer le contingent à cause de son sexe, qu’à cela ne tienne ! La Nouvelle République nous rassure : Guillemette est « [un]garçon manqué,[et] l’amour du sport, de la discipline et du combat ont été plus forts ». Grand bien lui fasse, parce qu’on est pas sûre que ça soit tous les jours épanouissant d’être une femme à l’armée [1]. Alors Guillemette, juste un conseil comme ça en passant, à la première main aux fesses, balance-leur ton poing en travers de la figure et déserte !

Plutôt chômeur que militaire !

Après ce charmant portrait, la Nouvelle République entre dans le vif du sujet : l’armée recrute ! et beaucoup, puisqu’on apprend qu’ « en France, chaque année, 24.000 emplois sont à pourvoir par l’armée, dans différents corps de métier. Ce sont autant d’opportunités pour les 18-25 ans de trouver du travail » (sic !). Tout ça pour nous annoncer l’opération « L’armée débarque aux Atlantes ! » (sic, encore !). Comprenez : en plus d’aller s’abrutir dans une galerie marchande, on pourra aussi admirer des bidasses et discuter avec leur équipement cette semaine.

Bref, la Nouvelle République m’a donné envie de réécouter une vieille chanson qui date de 1972. C’est Le Forestier qui la chantait il parait mais moi je pense à tous les copains et les copines qui l’ont entonné au coin du feu un soir ou un autre. Elle commence comme ça :

« Tu avais juste 18 ans quand on t’as mis un béret rouge, quand on t’as dit rentre dedans tout ce qui bouge... »

Une féministe anti-militariste

Image : Eric Drooker

Notes

[1Sur ce sujet, on peut lire le dossier du n°43-mars 2014 du magazine Causette intitulé « La guerre invisible. Révélations sur les violences sexuelles dans l’armée françaises », ou le bouquin de L. Miñano et J. Pascual sur le même thème.