Deux caméras de vidéosurveillance sur la rive sud de la Loire, une caméra du côté de « Tours plage », rive droite. Ce sont deux arrêtés de la préfecture d’Indre-et-Loire qui décrivent le dispositif mis en place par la société Kwamti, qui gère la guinguette de Tours depuis de nombreuses années. Dans le premier, on peut lire :
« VU la demande présentée par Monsieur Benoît MILLION, en vue d’obtenir l’autorisation d’installer un système de vidéoprotection situé aux abords de l’établissement KWAMTI (Nom usuel : LA GUINGUETTE CHEZ DUPONT), quai du Pont Neuf 37000 TOURS ; (...) Monsieur Benoît MILLION est autorisé, pour une durée de cinq ans renouvelable, dans les conditions fixées au présent arrêté à mettre en oeuvre à l’adresse sus-indiquée, un système de vidéoprotection avec enregistrement d’images composé de 2 caméras extérieures (...) Le système considéré répond aux finalités prévues par le code de la sécurité intérieure : Sécurité des personnes, Prévention des atteintes aux biens. »
Les deux arrêtés sont datés de juillet 2017, mais n’ont été publiés que fin octobre 2017, et on ignore si ces caméras ont été installées dès l’été 2017, ou s’il s’agit simplement d’un projet pour l’avenir [1]. Alors que le dispositif de vidéosurveillance sur la rive sud de la Loire est déjà extrêmement étoffé — on compte neuf caméras municipales entre la bibliothèque et l’université —, les gérants de la guinguette ont apparemment jugé nécessaire d’obtenir leurs propres caméras. Bien sûr, en langue administrative, il est question de « vidéoprotection » plutôt que de « vidéosurveillance ».
Il n’est pas totalement surprenant d’apprendre que Kwamti a décidé d’installer son propre dispositif de flicage pour renforcer celui de la mairie : après tout, l’association Le petit monde, qui gère le volet « événementiel » de la guinguette, se vante d’avoir pour méthode « la concertation & la collaboration avec les acteurs locaux comme mode d’action ». A l’heure où la mairie de Tours a décidé de faire des bords de Loire un enjeu touristique majeur, il est normal que tous les acteurs se serrent les coudes pour contrôler les populations qui y séjournent.
Ce qui est plus étonnant, c’est l’une des dispositions des deux arrêtés :
« Les caméras extérieures devront être disposées de façon à ne pas visionner la voie publique et ne pas filmer les parties privatives de tiers. »
On imagine mal comment la Guinguette, dont les équipements sont intégralement installés sur la voie publique dans le cadre d’une convention avec la mairie, pourrait positionner ses caméras sans qu’elles filment la voie publique — et celles et ceux qui l’occupent. Il y a là une illustration parfaite du laxisme avec lequel ces autorisations sont accordées par une commission qui valide les demandes à tour de bras, sans en apprécier la pertinence in situ.
Depuis plusieurs années, la mairie de Tours se démène pour augmenter le nombre de caméras de surveillance dans les rues de Tours. Récemment, elle a obtenu l’autorisation de la préfecture d’Indre-et-Loire pour en installer dans le secteur des Deux Lions et dans le quartier Bouzignac. Avec Kwamti, elle a trouvé un partenaire de choix pour accompagner cette politique. Souriez, vous êtes filmés.