Journée de retrait de l’école à Joué-lès-Tours : Frédéric Augis dans le rôle du pompier pyromane

A quelques jours de la « journée de retrait de l’école » qui avait lieu ce lundi 12 mai, le maire de Joué-lès-Tours a adressé aux parents d’élèves un courrier qui contredit ses déclarations précédentes concernant l’enseignement de « la théorie du genre » dans sa ville.

Dans un courrier daté du 14 mars, que nous avions publié ici, Frédéric Augis, alors candidat UMP aux élections municipales, déclarait que « la théorie du genre [était] présente dans les écoles jocondiennes », et qu’il serait « toujours un soutien pour les collectifs et les associations qui se battent contre ce genre de théories et autres abominations ».

Ce courrier, ainsi qu’un tract appelant à voter pour l’UMP qui avait circulé dans certains quartiers de la ville à la veille de l’élection, avaient donné du crédit aux accusations ignobles portées par le collectif « Journée de retrait de l’école » (JRE) contre une enseignante de l’école Blotterie de Joué-lès-Tours. Dans une vidéo largement relayée par les réseaux d’extrême-droite, une représentante locale du mouvement JRE accusait l’institutrice d’avoir organisé des attouchements entre un petit garçon et une petite fille dans le cadre de l’enseignement de la supposée « théorie du genre ». Bien sûr, ces accusations étaient fausses : la mère de la petite fille a pu en témoigner lors d’une réunion organisée par une association de parents d’élèves.

Frédéric Augis a adopté une attitude plus qu’ambigüe dans cette affaire, dénonçant le contenu du tract appelant à voter pour lui, mais assumant être l’auteur du courrier qui donnait du crédit aux rumeurs concernant l’enseignement de la « théorie du genre » à l’école Blotterie. Or, dans un courrier daté du 9 mai qui aurait été adressé aux parents d’élèves des écoles du quartier de La Rabière, le nouveau maire écrit :

« Je voulais par le présent courrier réaffirmer toute ma confiance dans les équipes enseignantes des écoles jocondiennes qui réalisent un travail remarquable auprès des enfants (...). Je m’élève contre les mouvements ou organisations qui voudraient faire croire que des enseignants ne respecteraient pas les programmes scolaires (...). Je rappelle que l’obligation d’assiduité est inscrite dans la loi. »

Le courrier adressé aux parents d’élèves par le maire de Joué-lès-Tours

Le but ? Décourager les parents de la ville de participer à la nouvelle journée de retrait de l’école organisée le lundi 12 mai [1]. Pour cette journée, Farida Belghoul, qui dirige le collectif JRE, a notamment reçu le soutien de l’ancien humoriste antisémite Dieudonné. Dans une vidéo mise en ligne sur la plateforme Youtube le 9 mai, Belghoul déclare :

« Les enfants sont en danger à l’école (...). On leur propose sournoisement de changer de sexe, d’adopter (...) une orientation homosexuelle ou bisexuelle, transsexuelle. (...) J’ai proposé [aux parents] de retirer leurs enfants pour interdire la théorie du genre, parce que c’est comme ça qu’il s’appelle, le Mal. (...) Ils le déguisent sous un autre nom, ils l’appellent l’ABCD de l’Egalité. »

Évidemment, ces déclarations concernant la « théorie du genre » sont fausses. Mais des hommes et femmes politiques comme Frédéric Augis ou Christine Boutin ont donné du crédit à ces mensonges — mensonges qui, d’après le blogueur Le mammouth déchaîné, auraient notamment pour but de favoriser le développement d’écoles privées hors contrat. Aujourd’hui, Frédéric Augis semble réaliser qu’il ne peut propager des rumeurs avec la même désinvolture que quand il était candidat, et tente de circonscrire l’incendie qu’il a contribué à allumer dans sa ville.

Notes

[1Pour plus d’infos au sujet des JRE, on vous conseille l’article de Paris-Luttes.info