« Il y a autant de formes de squats que de manière d’habiter le monde »

De « L’habite à sociale » à la « Commune Saint Nicaise » en passant par la « Casa Nostra », la pratique de l’occupation de bâtiments abandonnés, appelée squat, s’est répandue à Rouen ces cinq dernières années. Le site A l’ouest a consacré un entretien à cette « séquence » squat. Extraits.

« Quand bien même on a occupé pas loin d’une dizaine de lieux sur Rouen ces cinq dernières années, on retrouve chaque fois la même jouissance d’arpenter les étages, découvrir chaque pièce à la recherche des petits détails qui font l’histoire de ces maisons ou en imaginant déjà leur futur usage. Un ancien garage devient une énorme salle de concert. Des bureaux sont transformés en salle de projection et salle à manger. Le salon fait office de dortoir. Les combles sont réinvesties par un atelier peinture. C’est parfois des endroits devant lesquels tu es passé des centaines de fois, sans jamais t’imaginer comment ils étaient foutus ou quels potentiels ils contenaient. »

« Le terme « squat » porte avec lui un imaginaire qui ne nous est pas toujours favorable. D’un côté, quand t’annonces aux voisins qu’il y a un « squat » dans le quartier, ça effraie et ça laisse place à tous les fantasmes possibles sur des seringues qui joncheraient le sol. De l’autre, des gens passent et pensent que c’est effectivement le cas, que le « squat » t’y fais ce que tu veux parce que « c’est à tout le monde ». Autant de caricatures qui persistent car l’histoire du mouvement « squat » est souvent mal connue. Le squat c’est avant tout une pratique. Celle d’habiter un lieu sans droit ni titre. Après, il y a autant de formes de squats qu’il y a de manière d’habiter le monde. Certains squattent parce qu’ils n’ont pas de logements, d’autres pour y faire des trucs d’artistes, et certains, pour s’acheter une conscience politique. Ça, c’est nous. Non, plus sérieusement, il y a fondamentalement quelque chose de politique dans le fait de squatter, d’une part parce que les conditions d’accès au logement sont devenues exorbitantes, et de l’autre, parce que le pouvoir passe aussi par l’aménagement de nos espaces de vies, de nos quartiers, etc. »

L’intégralité de l’entretien est à lire sur A l’ouest.