Une trentaine de personnes étaient présentes devant l’hôtel de police à 9 heures 30 pour marquer leur soutien à Jean-François, prof de philo au lycée Victor Hugo mais aussi porte-parole de l’association Droit au logement 86. Peu après l’entrée du professeur et de son avocat dans le bâtiment, il était placé en garde à vue pour apologie d’actes de terrorisme.
Jean-François Chazerans a été mis à pied pour quatre mois par sa hiérarchie au début du mois de janvier. On lui reproche « des propos inadéquats tenus en cours » suite aux attentats commis à Paris en début d’année. Cette mesure a été prise suite à une dénonciation de parents d’élève, qui se sont plaints auprès du proviseur du lycée Victor Hugo. L’affaire est remontée aux oreilles du recteur, qui a porté plainte contre l’enseignant.
Une procédure disciplinaire et une procédure pénale
L’affaire Chazerans comporte deux volets : un volet disciplinaire, et un volet pénal. Sur le plan disciplinaire, Jean-François Chazerans doit passer en commission de discipline le 13 mars. De l’avis de son avocat, « le dossier administratif est vide », mais les inspecteurs de l’académie sont allés jusqu’à critiquer la tenue vestimentaire du professeur de philosophie pour nourrir leur rapport. Deux professeurs de l’académie de Poitiers ont déjà reçu un blâme pour ne pas avoir été présents lors de la minute de silence organisée dans leurs établissements...
D’après les parents qui se sont plaints, Jean-François Chazerans aurait employé l’expression « les crapules de Charlie Hebdo » devant ses élèves. Des propos que le professeur ne se souvient pas avoir tenus, et qui sont rapportés sans aucun contexte. Il s’agit du seul élément concret que contient la dénonciation des parents d’élève. Ce qui n’a pas empêché le procureur Nicolas Jacquet d’instruire la plainte contre Jean-François, plutôt que de la classer.
Jean-François Chazerans a démenti avoir tenu tout propos pouvant être assimilé à une apologie d’actes de terrorisme. Mais les flics ont quand même eu le bon goût de lui demander s’il se réjouissait des attentats qui ont visé la rédaction de Charlie Hebdo et d’un magasin casher de la porte de Vincennes... Un certain nombre d’élèves avaient été auditionnés en amont de la garde à vue du professeur.
Jean-François Chazerans est sorti de l’hôtel de police de Poitiers aux environs de 18 heures. Il attend désormais de savoir quelle suite le procureur donnera à cette affaire délirante.
Mise à jour : le proc’ a annoncé le 27 février que la plainte visant Jean-François avait été classée sans suite. Et a balancé tout le dossier au rectorat, qui peut toujours prendre une sanction disciplinaire...