Grève à la SNCF : "On appelle les cheminots et les cheminotes à se mobiliser"

Au premier jour du mouvement de grève à la SNCF contre le projet de réforme ferroviaire, une assemblée générale des grévistes était organisée à Tours.

La CGT, SUD-Rail et Force Ouvrière appelaient les cheminots à cesser le travail à partir du 10 juin à 19 heures pour protester contre le projet de loi porté par le secrétaire d’État Frédéric Cuvillier [1].

Le 11 juin, dans la gare de Tours, aux alentours de 11 heures, on pouvait entendre des cheminots en grève scander : « Cuvillier, si tu savais, ta réforme où on s’la met. » Le groupe de grévistes a ensuite pris la direction du Foyer du Cheminot, rue Blaise Pascal, pour une assemblée générale intersyndicale et inter-services. Une bonne centaine de cheminots et cheminotes de tous âges était réunie.

Plus tôt dans la matinée, des grévistes avaient installé des piquets de grèves pour informer leurs collègues et les convaincre de rejoindre le mouvement. « La grève c’est pas l’affaire des syndiqués, c’est l’affaire de tous », comme le rappelait un militant. Certains services faisaient état d’un taux de grévistes supérieur à 70 %.

L’une des principales revendications des grévistes, martelée au cours de l’AG, est le retour à une SNCF unifiée. Avant de décider de recourir à une grève reconductible, les organisations syndicales ont multiplié les tentatives de dialogue et les signes de protestation : pétitions, rassemblements, journées de grève et de mobilisation, manifestation nationale à Paris... Autant d’actions qui ont permis d’informer les usagers et les cheminots, mais qui n’ont pas fait fléchir le gouvernement.

A quelques jours des premières épreuves écrites du bac, certains cheminots présents à l’AG se sont inquiétés des perturbations que pourrait causer la grève sur le déroulement des épreuves — et de l’effet que de telles perturbations auraient sur la popularité du mouvement. Cependant, pour les syndicats, « le gouvernement avait le calendrier entre les mains et a joué le pourrissement » en refusant d’ouvrir le dialogue. La responsabilité d’un éventuel blocage ne doit donc pas peser sur les grévistes.

« Le gouvernement n’a qu’à retirer son projet de réforme, et on emmènera les écoliers au bac », assurait un syndicaliste.

Tous s’accordaient pour dire qu’il était important de parler aux usagers des enjeux de la grève, et étaient plutôt satisfaits des réactions de la population : « On n’a pas pris de tracts dans la gueule. » Certains ont fait un lien avec la situation des intermittents du spectacle, qui multiplient les actions et les grèves : « L’enjeu est le même, c’est le statut qui est attaqué. »

La CGT-Cheminots et SUD-Rail doivent être reçus au ministère des Transports le 12 juin. Force Ouvrière, qui n’est pas conviée à la séance de discussion, a appelé ses militants à manifester devant le ministère en soutien. Parmi les grévistes, on se félicitait de la cohésion syndicale qui se dégageait en ce premier jour de grève.

En fin d’AG, les grévistes ont voté massivement pour la poursuite du mouvement — comme partout en France. Des équipes ont été constituées pour tenir les piquets de grève dès 4 heures 30 du matin.

Illustration : Octobre 1910, grève des cheminots, Gare du Nord, voies ferrées désertées.

Notes

[1Au mois de décembre, un militant de SUD-Rail expliquait dans La Rotative les raisons de l’opposition au projet, cf http://larotative.info/greve-a-la-sncf-le-but-c-est-de.html