L’assemblée générale des cheminots vote la poursuite de la grève
Les cheminots et cheminotes grévistes de Tours se sont réunis en assemblée générale à 11 heures 30 aujourd’hui. L’occasion de revenir sur les derniers événements de la lutte et de discuter des suites à lui donner. Pour les organisations syndicales, la réunion avec le secrétaire d’État au Transport n’a rien donné. La seule « avancée » relevée, c’était le fait qu’une réunion ait eu lieu : jusque-là, le gouvernement avait refusé le dialogue demandé par la plateforme syndicale unitaire. Mais pour ce qui est du texte proposé par le gouvernement, « il n’y a rien dedans ». Le gouvernement refuse notamment de revenir sur le projet d’une organisation en trois établissements distincts, alors que les syndicats demandent que la SNCF soit unifiée.
Les délégués se sont félicités du succès des tournées de chantiers et des piquets de grève organisés par l’assemblée générale des grévistes : ces actions ont encouragé de nouveaux cheminots à débrayer. Il a également été proposé de rédiger une motion de soutien à toutes les corporations en lutte : taxis, intermittents, etc.
« Voir que les cheminots se laissent pas faire, ça peut donner des idées à certains. »
Un participant à l’AG a critiqué le rôle de la CFDT, qui « communique à la place de la direction pour délégitimer le mouvement ». Comme le relate le site Paris-Luttes, qui fait un suivi de la grève en Ile-de-France :
« La fédération CFDT a envoyé le 6 juin un tract syndical à Pepy et le DRH national. Ceux-ci l’ont renvoyé a l’ensemble des directeurs de région et de ligne de la SNCF, puis ventilé à l’ensemble des directeurs d’établissement, directeurs d’unité opérationnels, etc. Bonjour l’indépendance syndicale. »
Néanmoins, à Bordeaux ou à Lyon, des militants de la CFDT sont entrés dans la grève. Comme l’expliquait un cheminot, « les camarades se posent des questions, voire désavouent leur syndicat. » Espérons que les sympathisants et adhérents de l’UNSA-Cheminots feront pareil : la fédération, après avoir déposé un préavis de grève pour le mardi 17 juin, a décidé de revenir dessus et de signer des « accords de modernisation » avec le gouvernement, bien qu’aucune garantie n’ait été donnée pour répondre aux revendications.
Les trois syndicats dans la lutte ont déclaré qu’ils souhaitaient reconduire le mouvement de grève au moins jusqu’à lundi, mais le vote n’a porté que jusqu’à demain, le mouvement étant reconductible par tranches de 24 heures. Comme la veille, les grévistes rassemblés ont voté à l’unanimité pour la poursuite de grève. De nouveaux votes devraient donc être organisés samedi et dimanche, en assemblée générale. Une soirée est aussi prévue dimanche soir, à la salle de l’ex-économat, au 209 avenue Stalingrad à Saint-Pierre-des-Corps. L’occasion, notamment, de regarder le match France-Honduras ensemble. L’idée : rester soudés pendant la durée du mouvement.
Certains salariés du Comité d’Établissement de la région de Tours, conscients des impacts de la réforme voulue par le gouvernement, sont aussi en grève. « On est dans la lutte, et on essayera d’aller jusqu’au bout. »
Contrairement à ce que laissent entendre les médias, ou ce que peut faire penser la haine déversée sur les réseaux sociaux, les cheminots constatent plutôt un important soutien de la population, y compris dans les gares. Pour répondre aux interrogations des voyageurs, la section SUD Rail de Paris Sud-Est a édité un tract clair qui a été repris par Paris-Luttes et peut être lu ici : Voyageurs, le saviez-vous ?
Convergence des luttes devant la CNAV
Plus tôt dans la journée, une trentaine de cheminots de la CGT, de SUD et de Force Ouvrière s’étaient rendus collectivement à Tours Nord pour rencontrer les salariés de la Caisse nationale d’assurance vieillesse. Ces derniers étaient en grève aujourd’hui pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. Ils espéraient profiter de la venue annoncée de Marisol Touraine, ministre de la santé et des affaires sociales, pour lui exposer leurs revendications. La ministre, ayant appris qu’elle serait accueillie par des travailleurs en lutte contre les politiques antisociales du gouvernement, a finalement annulé sa venue.
« Dommage, on lui avait prévu de belles surprises, a déclaré Toni Rossilli, délégué CGT de la CNAV 37. La direction est déçue, il n’y a ni ministre, ni maire ni préfet pour inaugurer ce bâtiment qui a coûté cinq millions d’euros, alors qu’ils ont fait nettoyer la cour jusqu’au dernier grain de poussière. »
Les salariés de la CNAV étaient visiblement nombreux à avoir débrayé. Avec les cheminots, ils ont repris le slogan scandé la veille devant la permanence du député PS Jean-Patrick Gille : « La droite en a rêvé, la gauche l’a fait. » Au micro, un gréviste de la CNAV déclarait aux personnes rassemblées : « Vous inquiétez pas pour votre retraite : bientôt on sera plus assez nombreux pour vous la calculer. »
Dernier signe, s’il s’en fallait encore, du démantèlement du service public : l’agent de sécurité posté dans une guérite à l’entrée du site portait un badge SERIS, groupe privé de gardiennage et de sécurité.
Illustration — Grève à Villeneuve : le cheminot Chevreau haranguant ses camarades à Vincennes