Grève à la SNCF : les cheminots de Tours restent déterminés et votent la poursuite du mouvement

Alors que le projet de réforme ferroviaire est présenté à l’Assemblée nationale aujourd’hui, le mouvement d’opposition mené par les cheminots et cheminotes en lutte ne faiblit pas. A Tours, la poursuite de la grève pour une nouvelle tranche de 24 heures a été votée à l’unanimité.

Plus de 100 cheminots et cheminotes étaient présents à l’assemblée générale des grévistes de Tours, pendant que plusieurs milliers de leurs collègues parisiens se rassemblaient aux Invalides à Paris. Des piquets de grève sont toujours organisés sur les lieux d’embauche, et de nouveaux cheminots rejoignent l’AG.

Les trois organisations syndicales en lutte, la CGT, SUD-Rail et Force Ouvrière ont appelé les cheminots à reconduire la grève et à amplifier le rapport de force. Un délégué CGT a insisté sur le refus des grévistes d’une réforme qui prévoit une organisation de la SNCF en trois établissements distincts : « Ça marquerait la fin du service public. On ne se laissera pas enterrer comme ça. »

Une cheminote a énuméré les témoignages et initiatives de soutien venant de tout le pays. Elle a fait observer que le traitement du conflit par certains médias devenait moins virulent, et que certaines chaînes de télévision laissaient enfin la parole aux grévistes. Depuis le début du mouvement, la plupart des médias ne retiennent pourtant pas les coups vis-à-vis des cheminots, comme le relève le site d’Acrimed : Grève à la SNCF : les usagers des médias pris en otage par les éditocrates.

Une autre cheminote a témoigné :

« En 1995, j’étais jeune cheminote, j’avais tenu grâce au soutien des anciens. On a tenu trois semaines, alors qu’on était pas si nombreux. Il faut qu’on soutienne nos jeunes, et il faut être fiers d’eux. C’est dur dans les têtes, mais il faut passer le cap. »

Un cheminot ajoutait :

« Les convictions vont au-delà des conditions matérielles. Les jeunes sont en grève, malgré les enfants en bas âge et les prêts immobiliers à rembourser. »

On rappelle, pour ceux qui nourrissent encore certains fantasmes étranges, que les grévistes ne sont pas payés. Comme le dit Sylvain Bouard, cheminot, dans un article où il explique pourquoi il fait grève :

« Je n’ai que 5 ans de boîte et on m’a toujours retiré mes jours de grève jusqu’au dernier centime sans aucune étalement. Pire, on me compte mes repos pourtant déjà prévu dans les jours de grève si je ne reprends pas le boulot avant.

Exemple, je suis en grève depuis Mercredi et j’étais prévu de repos Samedi et Dimanche. Ces repos sont ceux prévus dans mon roulement de l’année, que j’ai reçu en Septembre dernier. Eh bien par un jeu réglementaire que je n’ai pas compris, vu que je ne suis pas retourné au boulot Vendredi, la SNCF me compte Samedi et Dimanche comme des jours de grève et me retire donc deux trentièmes supplémentaires alors que, de toute façon, je n’aurais pas bossé ces deux jours. »

Avant le vote, un cheminot signalait, en réponse à ceux qui reprochent aux grévistes leurs revendications liées à leur statut :

« Quand une catégorie de travailleurs est attaquée, c’est tout le monde du travail qui perd. »

Après l’assemblée générale, les grévistes sont sortis en cortège, en scandant « Cheminots, nous nous battons, pour le service public ». Ils ont occupé dans le calme plusieurs de leurs lieux de travail (notamment l’Escale, où s’organise le départ des trains, et l’agence voyageurs de la gare de Tours). Histoire de rappeler à leurs collègues non-grévistes qu’ils restaient déterminés.

Illustration de Matfanus