Gesticulation sécuritaire : le maire de Tours créé deux unités de surveillance de la voie publique

Depuis le 1er janvier 2016, Tours compte deux unités d’agents de surveillance de la voie publique (ASVP). Présentée comme une mesure visant à renforcer la « sécurité », la création de ces unités n’aura en fait aucun impact dans ce domaine — si ce n’est pour les agents municipaux embrigadés de force dans ces unités.

Dans le numéro 175 du magazine municipal, on peut lire, sous le titre « Sécurité : mieux occuper le terrain » :

« Cette année, la Ville de Tours déploie une trentaine d’agents de surveillance (...). Depuis le 1er janvier, deux unités de surveillance de la voie publique (ASVP) ont réuni sous le même uniforme les agents affectés à la surveillance du stationnement et ceux occupés à la sécurité des Parcs et Jardins publics. »

En fait, cette mesure a peu de choses à voir avec la sécurité, quoi que prétende la mairie. En effet, les ASVP ont des compétences assez limitées. Ils peuvent seulement constater :

  • les infractions aux règles relatives à l’arrêt et au stationnement des véhicules ;
  • les contraventions aux dispositions des règlements sanitaires relatives à la propreté des voies et espaces publics ;
  • les infractions aux règles relative à la lutte contre les bruits de voisinage ;
  • les infractions au code de l’environnement ;
  • les infractions au code de l’urbanisme.

Rien qui touche à la sécurité, donc. En plus, aucune embauche n’a été réalisée pour la constitution de ces deux unités d’ASVP : la mairie s’est contentée d’y embrigader les agents déjà affectés au stationnement, aux parcs et jardins, et au centre de supervision urbain de la Ville (où arrivent les images des caméras de vidéosurveillance [1]).

Cette décision passe mal auprès de certains agents, qui se retrouvent sous la direction du commandant de la police municipale. « On n’a jamais voulu être policiers ! », déplore un agent du stationnement qui va devoir troquer son uniforme gris contre un uniforme bleu. D’autant que si les uniformes des ASVP doivent être différents de ceux de la police municipale, la distinction n’est pas forcément perceptible pour la population. A tel point qu’en janvier 2015, les ASVP de Toulouse avaient réclamé (et obtenu) de ne pas porter leurs uniformes, de peur d’être pris pour cibles [2].

Ceci n’est pas un groupe de policiers municipaux

L’’un des avantages de ces ASVP ? Ils coûtent moins cher que les policiers municipaux, et il n’est même pas nécessaire de les former. Dans un article relatif à des actes de violences commis par des ASVP de la ville de Montreuil, un responsable du syndicat de policiers municipaux SNPM-FO déclarait : « C’est de la police à bas prix, une sous police. » C’est aussi ce que craint un agent de Tours : « On va être les grouillots des policiers municipaux ».

Une crainte d’autant plus justifiée que les mairies emploient souvent à mauvais escient les ASVP : le principal syndicat des policiers municipaux évoque d’ailleurs « une pratique déviante qui consiste à utiliser les ASVP comme supplétifs des policiers municipaux ».

Derrière l’annonce du maire, il n’est donc pas question de sécurité à proprement parler, simplement de caresser l’électorat de droite dans le sens du poil en multipliant les uniformes bleus dans les rues de la Ville. Quitte à les faire endosser de force aux agents — agents auxquels on aura conféré le pouvoir de lutter contre les déjections canines, ce qui n’a pas grand chose à voir avec la sécurité, mais semble être le nouveau cheval de bataille du maire de Tours.

Notes

[1Bien sûr, le journal municipal parle de « vidéoprotection ».