Trois jours avant les fêtes de Noël, le quotidien régional nous informait, dans un très court article en bas de 4ème page, d’« un coup de tonnerre dans le petit monde de l’accueil social » concernant le placement en redressement judiciaire du foyer Albert Thomas de Tours. Un accueil d’urgence de nuit pour hommes créé en 1982, dédié à l’hébergement des sans abris de droit commun, ainsi que quelques places pour les demandeurs d’asile en cours de régularisation. Le lendemain cet évènement faisait la une de la Nouvelle République. Un déficit de moins de 60 000 € serait à l’origine de la mise en liquidation judiciaire de cette structure. 36 personnes s’apprêtent à être de nouveau à la rue, alors que le 115 est déjà totalement dépassé et qu’une centaine de personnes chaque jour ne trouve pas de solution.
Nous sommes atterrés de constater que cette fermeture d’un lieu d’accueil d’urgence s’opère dans l’indifférence générale de la Mairie de Tours, de la Préfecture et des différents mouvements politiques de l’agglomération, en particulier dans cette période des fêtes de Noël et du nouvel an. Aucun élu ne semble s’indigner publiquement de cette situation, dans notre beau pays des droits de l’homme qu’ils sont censés défendre et représenter. Aucun représentant politique, de gauche, de droite et autres, ne s’exprime pour obliger les pouvoirs publics à trouver une solution face à cette dégradation du tissu social et l’augmentation mécanique de la précarité qu’elle va entraîner. Le déficit annoncé semble pourtant bien dérisoire au regard des sommes allouées au fonctionnement des grandes structures sociales associatives et institutionnelles de la ville : Emergence touche environ 1 million d’euros, L’Entraide Ouvrière 11 millions et le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) de Tours 25 millions.
Dans l’article de la Nouvelle République d’aujourd’hui, toujours aucune tribune de la part de nos chers élus et représentants politiques qui témoigneraient de leurs inquiétudes face au sort des quelques dizaines de sans abris qui vont encore gonfler les chiffres des personnes à la rue. Aucune intention de médiation de leur part pour tenter de trouver une solution financière, ou un repreneur afin de sortir ce foyer de la mauvaise passe dans laquelle il se trouve. Non, au contraire la parole est donnée à des riverains et commerçants de la rue Colbert qui parlent de problème dans le quartier dûs aux personnes s’alcoolisant, ayant des chiens, et aux nuisances sonores que cela engendre. Une fois encore un amalgame est fait entre personnes en hébergement d’urgence et personnes créant des problèmes qui ne relèvent généralement pas des foyers d’urgence.
On peut réellement s’interroger de nos jours sur la part d’humanisme qui reste parmi nos chers élus et dans la manière dont les médias relayent et traitent cette question.
Au regard des missions et des valeurs que notre petite structure portent depuis 20 ans et qui figurent sur tous les frontons des institutions de notre république, toute l’équipe de l’association Au fil de l’eau « La barque » tenait à exprimer son indignation et sa tristesse face à cette situation inacceptable dans notre ville.
Le traitement de cette information par la Nouvelle République, fabriquant une opinion publique avec seulement quelques personnes et relayant des informations erronées à notre sujet, ne peut que nous interroger également sur sa mission, normalement supérieure, de transmission de toutes les opinions et sensibilités représentatives de notre agglomération.