Expansion de la ferme de Courcoué : la préfecture valide l’agriculture industrielle

Ça y est, l’Indre-et-Loire s’est doté d’un élevage de 550 vaches laitières, donc 1 000 vaches à terme en comptant les génisses, avec la bénédiction de la préfecture. La Confédération paysanne réitère son soutien aux maires et riverains opposés à cet augmentation de cheptel. Communiqué.

Un petit rappel : comme nous le soulignions en octobre dernier [1], la ferme de Courcoué est déjà passée de 350 vaches laitières à 550 sans autorisation et utilise un forage non déclaré. Après avoir enfreint la loi, cette ferme a fait son mea culpa et a déposé une double demande à la préfecture : à la fois une régularisation de sa situation pour pérenniser l’activité agricole et une autorisation d’une nouvelle extension de son cheptel.

Si tout le monde faisait de même sans être sanctionné et obtenant a posteriori une autorisation pour un acte fait illégalement, les réglementations mises en place en perdraient tout leur sens.

Et pourtant, la préfecture a validé fin janvier le projet d’agrandissement de la ferme, régularisant au passage la situation antérieure de la ferme. Pourquoi une telle décision ?

Pourquoi cette absence de prise en compte des inquiétudes des maires et des populations quant aux nuisances écologiques et économiques (odeur, trafic routier, entretien des routes...) ?

Quelle agriculture veut la préfecture : quelques fermes de 1 000 vaches laitières ou beaucoup d’élevages répartis sur le territoire avec des animaux qui pâturent dans les champs ?

Dans un contexte de dénigrement de l’élevage industriel, cette autorisation contribue à détériorer l’image de l’élevage, et par là l’image de tous les paysan·nes.

Et cette décision préfectorale confirme une fois de plus le soutien de l’État à l’agriculture industrielle, malgré l’opposition grandissante de la société à ce modèle productiviste. Cette autorisation est une nouvelle preuve que les cellules « Demeter », mises en place récemment par l’État pour surveiller et criminaliser les actes de dénigrement de l’agriculture [2], sont là surtout pour défendre l’agriculture industrielle.

La Confédération paysanne ne peut pas accepter cette autorisation de la préfecture. Pérenniser ce système du « grossir pour survivre » n’a aucun sens économique, social, territorial. Les attentes sociétales sont toutes autres, il faut les prendre en compte pour construire ensemble l’agriculture et l’alimentation de demain.

C’est pourquoi la Confédération paysanne de Touraine réitère son soutien aux maires et aux citoyen·nes concerné·es.

Notes

[2Lire la tribune publiée par Reporterre, signée par la Confédération paysanne : « Le gouvernement a créé une cellule militaire pour surveiller les opposants à l’agro-industrie »